Laurent JACQUA
Maison Centrale de Poissy
17 Rue Abbaye
78300 POISSY
"Papon ou la Légion d’horreur"
Samedi 17 février 2007, 15h20, Papon vient de claquer de sa belle mort dans un hôpital de la banlieue parisienne à l’age canonique de 96 ans et déjà se déclenche dans les médias et le monde politique une polémique : doit-on l’inhumer avec sa légion d’honneur ?
Mais la véritable question ne devrait-elle pas être ; pourquoi la lui a-t-on décerné ?
Désormais cela n’a plus vraiment importance puisque la grande faucheuse est passée par là pour arracher le cœur de ce petit être gris et sec. Au fond ce n’était qu’un rond de cuir, un gratte papier, un fonctionnaire dans toute sa splendeur, un commis de l’état sans âme, sans scrupule, sans mémoire et sans remord. Un de ces êtres déshumanisés qui appliquent les règlements à la lettre et comme chacun sait, ce sont souvent les règlements insensés qui ont exterminé des millions de personnes...
Papon est mort alors maintenant ils peuvent bien le balancer dans une fosse à purin en arborant sa légion d’honneur, lui enfiler un string rose et même le maquiller en travelo, tout le monde s’en tape, ça le regarde lui et sa médiocre éternité.
De toute façon ne l’a-t-il pas bien mérité sa « légion d’horreur » avec toutes les saloperies qu’il a commises au service de la patrie. Il fallait bien trouver un fonctionnaire zélé pour se salir les mains et pour exécuter les plus basses besognes. Papon avait sans aucun doute un talent incontestable pour cela puisqu‘il fut utilisé à la fois par PETAIN, DE GAULLE et GISCARD, traversant sans aucun soucis tous les régimes, en évitant tous les pièges et en passant aisément entre les mailles du filet durant des décennies. Il a même réussi, une fois jugé et condamné, à mettre la justice à l’amende en exécutant pas totalement sa peine.
S’il y avait quelque chose à contester, c’était de son vivant qu’il fallait le faire ! Alors aujourd’hui venir tergiverser sur la question de l’enterrer avec ou non sa rosette rouge me paraît un peut dérisoire comparé à tous ses crimes et à toutes ces intolérables protections et impunités dont il a bénéficier tout au long de sa vie.
En effet, personne n’a rien dit lorsqu’il devint secrétaire général de la préfecture de gironde en charge des questions juives en 1942.
Personne n’a rien dit lorsqu’ il signa les ordres de déportations de 1700 juifs, dont 240 enfants.
Personne n’a rien dit lorsque pour entrer au service de DE GAULLE il se fit passer pour un vrai faux résistant, comme bien d’autres.
Personne n’a rien dit lorsque préfet de Constantine il exerça une répression féroce contre les indépendantistes algériens.
Personne n’a rien dit lorsque préfet de police de Paris il fut responsable, dans la nuit du 17 octobre 1961, de la mort de 300 algériens pacifiques balancés dans la Seine par les forces de l’ordre.
Personne n’a rien dit lorsque, toujours préfet de police de Paris, le 8 février 1962 au métro Charonne, huit militants communistes furent massacré lors d’une manifestation anti O.A.S.
Personne n’a rien dit sur son passé sanglant lorsqu‘il fut nommé en 1978 ministre du budget par GISCARD.
Personne n’a rien dit sur les 40 ans de silence avant qu’en 1981 le « canard enchaîné » ne révèle l’affaire.
Personne n’a rien dit face aux lenteurs d’une procédure qui mettra plus de 18 ans avant d’aboutir à une condamnation.
Personne n’a rien dit lorsque il fut placé en liberté provisoire et qu’il en profita pour fuir ses responsabilités.
Personne n’a rien dit lorsque, après avoir été condamné, il n’effectua que 3 ans sur 10.
Personne n’a rien dit lorsqu’on utilisa la loi KOUCHNER pour le libérer, alors que d’autres détenus bien plus malades que lui continus de crever en cellule.
Personne n’a rien dit face à son manque absolu de remord pour ses victimes...
Personne n’a jamais rien dit et aujourd’hui certains viennent protester et polémiquer sur cette décoration que la République française et Charles DE GAULLE en personne lui ont octroyé pour service rendu et totale obéissance à l’autorité de l’état.
Allons, allons un peu de décence c’est l’un de vos ami que l’on enterre !
Et puisque vous avez su garder le silence si longtemps, continuer de le faire en assumant ce passé peu glorieux et cette histoire nauséabonde, car c’est aussi celle de la France et de ces institutions.
Papon n’était que l’un des vôtres, un rouage de l’état, un pure produit de l’administration, un fonctionnaire doué, un préfet, un ministre, bref un collègue à vous !
Il est un peu tard pour les indignations de circonstances Messieurs, Dames. En plus, franchement, attendre qu’il soit mort pour lui arracher sa misérable médaille ce n’est pas très élégant de votre part. Donné c’est donné, reprendre c’est volé !...
À bientôt sur le BLOG pour la suite...
Laurent JACQUA "Le blogueur de l’ombre"