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KAMO Société Caraïbéenne de Psychiatrie et de Psychologie Légales

2007 N°3 KAMO : Serge Portelli "Rupture"

Mise en ligne : 11 août 2007

Dernière modification : 6 avril 2008

Texte de l'article :

NOTES DE LECTURE ET DOCUMENTATION

RUPTURES
Serge PORTELLI

Dans un précédent Kamo, nous avons fait état d’un ouvrage récent (Traité de démagogie appliquée) de Serge PORTELLI, magistrat, vice-président de la 12e Chambre correctionnelle au TGI de Paris. Il vient de commettre pour notre plus grand bonheur un autre petit ouvrage, intitulé « Ruptures » mais qu’on ne peut se procurer que sur internet sur le site suivant : www.betapolitique.fr/spip.php ?rubrique0043. Nous ne pouvons nous priver de vous rendre compte du chapitre VII intitulé « Le nouvel asile pénitentiaire » qui trouve dans ce numéro une place toute indiquée en relation avec le thème des UHSA. Il est agréable de trouver des convergences entre magistrats et (certains) psychiatres.

Ce chapitre s’ouvre sur une déclaration de Nicolas Sarkozy qui constatant le nombre important de malades mentaux dans les prisons souhaite voir s’ouvrir des « hôpitaux-prisons ». Après avoir rappelé l’état des lieux des soins psychiatriques en prison, et leur insuffisance en moyens, Serge Portelli cite les récentes études épidémiologiques concernant le nombre de malades mentaux incarcérés.

Pour expliquer ce phénomène, notre auteur fait justement remarquer que les magistrats sont à l’origine de l’incarcération des délinquants souffrant de troubles mentaux, à la fois du fait d’une justice trop expéditive, à qui l’on demande de juger en temps réel pour faire la preuve de son efficacité, au cours de comparutions immédiates, qui ne permettent pas de cerner la personnalité éventuellement perturbée des justiciables. Ensuite, lorsqu’elles ont lieu les expertises psychiatriques sont souvent « frileuses » parfois pour de bonnes raisons : « le souhait de ne pas remplir les quelques places restantes en hôpital psychiatrique » ou de moins bonnes raisons : « une certaine soumission des experts à la pression des magistrats, des victimes et de la société dans son ensemble ».

Constatant ce phénomène, le pouvoir politique s’est intéressé aux rapports de la maladie mentale et des prisons uniquement sous l’angle restreint de la dangerosité. Or tous les malades mentaux ne sont pas dangereux. Mais ce que l’on retient des visions politiques, ce sont des propositions comme les centres fermés de protection sociale (Commission Burgelin ou rapport Garraud).

Serge Portelli considère, plutôt que de créer des hôpitaux prisons, qu’il vaudrait mieux baisser le nombre des détenus car les soins en prison même en augmentant les moyens ne peut se faire que dans des limites raisonnables « compte tenu que le cadre carcéral rend d’emblée toute thérapie extrêmement difficile ».

Enfin, selon le magistrat, il faudrait donner davantage de moyens au secteur psychiatrique et mettre fin à « la dérive psychiatrique et judiciaire ». La meilleure solution, selon lui, serait de créer des hôpitaux et non des hôpitaux-prisons.

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