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(2002) Rapport annuel sur le phénomène de la drogue dans l’UE et la Norvège

3 Disponibilité et offre de drogues en prison

Mise en ligne : 20 avril 2005

Texte de l'article :

Disponibilité des drogues
L’accès aux drogues illicites est bien plus difficile dans l’enceinte de la prison que dans la communauté. Toutefois, on observe que les drogues illicites sont facilement disponibles en prison pour ceux qui en souhaitent - principalement du cannabis, de l’héroïne et des substances médicamenteuses (benzodiazépines), et tout peut être obtenu en échange d’un paiement.

Les prisonniers font état de disparités importantes en termes de qualité, de continuité et de prix des drogues illicites au sein des prisons. On estime que le prix des drogues est deux à quatre fois supérieur qu’à l’extérieur, ce qui rend les drogues 10 à 20 fois plus coûteuses en termes de pouvoir d’achat. Les formes de paiement autres que l’argent sont très utilisées : échange de services (prostitution, nettoyage de la cellule) ou de biens (cartes téléphoniques, tabac) et/ou participation au trafic de drogues.

Contrebande et trafic
Différents moyens permettent de se procurer de la drogue en prison. Tous les contacts avec le monde extérieur sont autant d’occasions pour faire entrer de la drogue en prison : au cours des visites (dans les vêtements des visiteurs ou dans leurs cavités corporelles, dans de la nourriture), des transferts ou trajets au tribunal pour le procès, à la suite d’une permission, par courrier (colis). Les drogues cachées dans des balles peuvent être lancées au-delà des murs de la prison. Elles font également l’objet de contrebande par le personnel pénitentiaire.

La distribution et le trafic de drogues varient d’une prison à l’autre et entre les pays. La Belgique fait état (RN, 2001) d’un trafic au niveau individuel et au niveau de réseaux pyramidaux au sein desquels (comme dans la communauté) les dealers de haut niveau organisent le commerce de la drogue mais n’en consomment pas eux-mêmes. L’Allemagne rapporte (RN, 2001) un trafic à petite échelle impliquant beaucoup de prisonniers par le biais de différentes filières et sans organisation centrale. Une étude récemment menée dans la prison de Mountjoy en Irlande (RN, 2001) révèle un système basé sur des arrangements personnels : ceux qui ont accès aux drogues dans la communauté les font rentrer dans la prison et les distribuent à leur réseau personnel. La vente de drogues en prison est beaucoup plus pénible que dans la communauté, avec des cas d’intimidation, de chantage et de criminalité.

Différentes mesures de prévention ont été mises en place pour faire face au trafic de drogues - de façon systématique ou en cas de suspicion. Il s’agit de fouilles des cellules, de fouilles au corps après les permissions, d’interdiction des colis, de surveillance des visites et d’installation d’un filet au-dessus de la cour de la prison. Le Royaume-Uni a récemment pris des mesures pour réduire l’offre en ayant davantage recours à des chiens pour dissuader et repérer les passeurs et interdire l’accès aux visiteurs qui ont été pris pour avoir introduit de la drogue dans l’enceinte de la prison.

Les saisies de drogues illicites en prison ou à l’entrée sont relevées dans beaucoup de pays, généralement en petites quantités. Du matériel d’injection, des chillums et autres accessoires ont également été trouvés au cours des inspections.

Source : http://ar2002.emcdda.eu.int/fr/page72-fr.html