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5 Conclusion générale de l’étude

Mise en ligne : 16 novembre 2004

Texte de l'article :

La présente étude n’a pas permis de répondre à la question de l’efficacité des UPS en termes d’impact sur la mortalité des sortants. Une des raisons majeures est le faible passage par le QIS de l’établissement pourtant sélectionné comme établissement pilote dans la mise en place des UPS.
Elle contribue, en revanche, à mieux informer sur la mortalité des sortants de prison :
une surmortalité très significative des ex-détenus a été observée dans la première année suivant leur libération par rapport à la population générale. Cette surmortalité, observée pour les sortants de moins de 55 ans, était particulièrement élevée et significative pour les overdoses. Aucune overdose n’a néanmoins été observée dans les 2 semaines suivant la sortie, période au cours de laquelle il a été montré que le risque de décès par overdose est le plus élevé.
Cette étude, la première analyse effectuée sur cette population en France, présentait un certain nombre de limites : elle a été conduite sur une population de petite taille probablement non représentative de l’ensemble de la population des sortants en France en 1997. Il serait nécessaire de consolider les résultats et pour ce faire d’élargir l’étude à d’autres établissements en France et sur plusieurs années consécutives. Il s’agirait de constituer un échantillon plus représentatif dont la taille permettrait des analyses dans des conditions de puissance statistique suffisante.
Les résultats de cette étude, vont dans le même sens que les données recueillies auparavant sur la santé des détenus en prison et notamment sur la prévalence, parmi eux, de la toxicomanie et de l’alcoolisme. Ces résultats tout à fait alarmants fournissent une évaluation globale de la performance de la prise en charge sanitaire en prison tant au plan curatif que préventif auprès d’un public fragilisé comme la population carcérale. Ils appellent à un renforcement des mesures de prévention et de suivi des détenus. Le moment de l’incarcération offre, en effet, une opportunité de conduire des actions d’information, d’éducation, de prévention et de traitements adaptés à cette population.
Ces résultats reflètent aussi, au travers des décès par mort violente, les plus nombreux, la brutalité de la rupture que constitue la période de sortie et soulignent par conséquent la nécessité d’une meilleure préparation des prisonniers à cette sortie. Le faible effectif de prisonniers ayant participé aux UPS dans la prison de Fresnes et les difficultés évoquées lors du premier volet de l’évaluation des UPS, alors que ces programmes ont été mis en place depuis 1992, donnent une indication du chemin qui reste à parcourir. En dépit de l’aide précieuse de nos interlocuteurs et de leur bonne volonté, cette étude s’est heurtée à des difficultés qui ont empêché d’en tirer l’ensemble des résultats attendus. Le problème des causes de décès inconnues n’a pu être résolu que de façon ponctuelle. De plus, les données nécessaires pour constituer la cohorte des sortants n’étaient pas informatisées. Enfin, faute de l’existence d’un recueil standardisé d’informations sur les facteurs de risque, l’analyse cas-témoins dans la cohorte n’a pu être réalisée de façon approfondie. Ces points soulignent la complexité de la réalisation d’études en milieu carcéral et seront critiques dans la définition des objectifs et des méthodes pour la réalisation d’une étude épidémiologique à plus grande échelle. La recherche d’informations plus spécifiques concernant les exdétenus, notamment sur la consommation de drogues, a montré les limites des dossiers disponibles. Ceci souligne le besoin d’instaurer dans les prisons des systèmes d’information pour permettre d’évaluer de façon rigoureuse, fiable et comparable dans le temps et d’une région à l’autre, l’état de santé des prisonniers et fournir ainsi un outil de surveillance de l’état sanitaire de la population carcérale et d’évaluation des interventions. La mise en place d’un tel système devrait bien entendu être faite dans le respect des lois protégeant les droits individus et assurant la confidentialité et l’anonymat des données. Mais elle devrait aussi permettre d’assurer une plus grande transparence sur l’état sanitaire de cette population.