Alain Solé Paris, le 3 juin 2004
281892 1D/202
à Monsieur Raffin
Directeur - Maison d’Arrêt- La Santé- Paris
Objet : grève d’insuline et de traitement cardio-vasculaire.
Monsieur le Directeur,
Ma demande de libération conditionnelle examinée le 26 mai a été mise en délibéré au 2 juin (...).
L’Administration Pénitentiaire a émis un avis favorable à cette libération et j’ai, à l’appui, déposé un dossier de défense bien argumenté démontrant insi ma volonté et mon aptitude à un retour à une vie sociale normale.
L’avocat général, dans ses réquisitions lors du débat contradictoire, le 26 mai, sous la présidence de Madame le Juge d’Application des Peines, a évoqué un procès en assises prévu dans quelques mois pour lequel je comparaîtrai en procédure correctionnelle (dans ce dossier, je suis " remis en liberté " depuis trois ans !). Ces informations n’avaient aucun rapport avec ce débat.
Je vois donc dans ce refus l’acharnement du Parquet Général représentant l’Etat français, mais aussi l’application de la justice d’exception à notre égard sous toutes ses formes.
Mon transfert à la maison d’arrêt de la Santé était prévu pour la durée du procès qui s’est déroulé du 1er au 26 mars.
Les conditions de détention y sont exécrables et ne sont pas réunies pour contribuer au maintien de mon état de santé général et que l’environnement carcéral préconisé par les experts médicaux et chirurgicaux , prévoit aussi une alimentation saine et équilibrée.
Pour ne pas mettre en danger le pronostic vital évalué par ces Experts et notifiés dans les arrêts de la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Or, la nourriture qui nous est distribuée est infecte, les régimes non adaptés et déconseillés par le médecin en charge du suivi médical de mes pathologies (diabète insulino-dépendant et cardiopathie) et les produits de la cantine non appropriés à la confection de mes repas. Les analyses médicales ne sont plus équilibrées depuis mon arrivée ici.
La Chancellerie, en l’occurrence Madame Marylise Lebranchu, avait déclaré en son temps aux media et aux comités de soutien bretons que notre transfert dans des établissements pénitentiaires en Bretagne sera effectué sitôt condamnés. Son successeur, Monsieur Dominique Perben, doit avaliser concrètement ces déclarations faites au nom du Ministère de la Justice qu’il représente aujourd’hui suite à la parole donnée.
C’est aussi ce que prévoit la loi dans le cadre du rapprochement familial, et c’est aussi une des revendications principales des prisonniers politiques bretons, basques.
En conséquence, comme il m’est impossible de bénéficier d’une quelconque libération même, avant la fin de ma peine, je vous avise que je me vois contraint de débuter ce jeudi 3 juin 2004, une grève d’insuline et de traitement médical cardio-vasculaire (...).
Alain Solé