Fiche action 19 A : Formation continue à l’intervention de crise suicidaire
But : améliorer la compétence de l’ensemble des différents intervenants auprès des détenus pour repérer et intervenir en cas d’une crise suicidaire.
Bénéficiaires : personnels pénitentiaires, sanitaires, sociaux, bénévoles travaillant si possible ensemble. Nous considérons qu’en dehors des professionnels et bénévoles ayant déjà fait cette formation, aucun professionnel, quel que soit sa formation initiale, son ancienneté, son grade et sa fonction ne peut en être dispensé. La non participation peut bloquer totalement le processus de prévention et créer des tensions entre les différents intervenants.
Références
Textes de la conférence de consensus d’octobre 2000 : « La crise suicidaire : repérer et prendre en charge »
Manuel du formateur
Circulaires santé en 2001, 2002 et 2003
Formateurs : les 80 formateurs nationaux actuels (120 début 2004) du programme national d’action face au suicide. Leur action s’étend progressivement aux formations initiales de médecine, de psychiatrie et de psychologie. De nouveaux formateurs dont la mission sera plus spécialement en direction de la prévention en milieu pénitentiaire seront formés fin 2003 afin que la formation initiale et continue dispensée par l’ENAP comprenne cette formation.
Modalités de formation : par groupe d’une vingtaine de personnes sur 2 journées (un exemple de composition de groupe est donné en annexe).
Plusieurs pays effectuent un rappel de cette formation chaque année à tout le personnel dans un temps bref ; Ce rappel est analogue aux formations sur la conduite à tenir devant une détresse vitale et la lutte contre l’incendie. Ce rappel est à prévoir afin de ne pas perdre rapidement les effets de la formation.
Contenu de la formation : il se réfère à la conférence de consensus sur la crise suicidaire d’octobre 2000 et à la formation mise au point pour l’action 1 de la stratégie nationale d’actions face au suicide.
Il comprend des aspects théoriques et pratiques sous forme de jeux de rôles préétablis et adaptés aux crises suicidaires survenant en milieu pénitentiaire. Le contenu peut être amélioré en reprenant sur certains points des formations étrangères construites avec un apprentissage par objectifs (le plan de la formation française est en annexe ainsi que celui d’une formation étrangère)
Matériel à fournir aux personnes formées :
- guide de prévention (document à réviser pour le champ pénitentiaire)
- cube aide-mémoire (la fabrication à 5 000 exemplaires est épuisée, un nouvelle fabrication est en cours mais elle sera insuffisante pour les objectifs numériques fixés) ; l’association qui gère les ateliers où travaillent les personnes détenues pourrait étudier les possibilités d’une production ;
- d’autres supports documentaires sont à créer pour aider à construire un plan de prévention et pour indiquer les personnes ressource.
Objectifs quantitatifs
L’objectif ultime est de former l’ensemble des professionnels et bénévoles intervenants auprès des personnes détenues. De plus, si le choix en est fait, un certain nombre de détenus sont à former comme cela est réalisé dans plusieurs pays et comme cela est fait pour les détresses vitales en France.
Le premier palier quantitatif à franchir est de faire en sorte que dans chaque établissement, chaque arrivant, ait la chance de rencontrer au moins un intervenant formé dans la chaîne des arrivants et que l’établissement dispose, avec ses partenaires sanitaires, sociaux et autres d’une masse critique suffisante pour avoir une organisation d’intervenants de première, de deuxième et de troisième ligne.
Ceci constitue un premier objectif atteignable fin 2005 en se fondant sur une estimation de 2000 personnes à former par le biais de la formation continue avec le calendrier suivant :
2003 : 1 session de formation par direction régionale soit : 200 personnes
2004 : 3 sessions de formation par direction régionale soit : 600 personnes
2005 : 6 sessions de formation par direction régionale soit : 1200 personnes
Soit au total : 2000 personnes
Afin de jouer à la fois sur le volet de la formation initiale et continue, les enseignants de l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire en charge de la prévention du suicide pourront participer, dès fin 2003, à l’une des 2 sessions de formation de formateurs au niveau national. Cette participation leur permettrait d’inclure dans le programme 2003-04 des éléments de cet enseignement.
Evaluation de la formation : elle associe un pré test, un post test, un questionnaire de satisfaction.
Dans la région Nord Pas de Calais, un post test tardif a déjà été utilisé, en dehors du champ pénitentiaire, pour vérifier que les compétences acquises modifiaient les pratiques professionnelles et bénévoles. Une évaluation directement par le bénéficiaire de l’intervention de crise a aussi été mise au point et est très bien reçue. Elle se fonde essentiellement sur le sentiment d’avoir été écouté, d’avoir pu exprimer ses émotions et d’être moins tendu au point que le processus suicidaire est désamorcé pour l’instant.
Evaluation du processus général de formation : le dispositif existant de suivi est à consolider.
La DGS enregistre actuellement par l’intermédiaire des référents prévention du suicide au sein des DRASS, le nombre de formations effectuées et les catégories des participants. Les directions régionales de l’administration pénitentiaire ont joué un rôle précieux pour organiser ces formations dans plusieurs régions. Tout naturellement, ils pourront s’inscrire dans ce suivi.
Proposition d’indicateurs
Nombre de sessions organisées
Résultat de l’enquête de satisfaction.
Caractère pluridisciplinaire des sessions
Pourcentage des différentes catégories d’intervenants ayant reçu la formation au sein de chaque établissement et de chaque direction régionale.
Pourcentage des établissements pouvant assurer que chaque arrivant sera rencontré par au moins une personne formée.
Nombre de tentatives de suicide par établissement et par DR
Suivi de l’écart entre 2 tentatives de suicide par établissement et par DR
Nombre de suicides par établissement et par DR
Suivi de l’écart entre 2 suicides par établissement et par DR
La mesure de l’écart entre 2 événements est plus sensible pour mesurer l’impact sur un événement qui reste rare heureusement à l’échelle d’un établissement.
Un impact latéral sur le taux d’agression envers le personnel et les codétenus est à envisager. Ces événements pourraient bénéficier du même suivi que les indicateurs précédents.
Le suivi des indicateurs a un coût. Il vaut mieux suivre 1 indicateur pendant 3 ans que 3 indicateurs pendant 1 an.
Avertissement : des organismes, des formateurs, des experts proposent, aujourd’hui et proposeront encore demain, des formations aux personnels oeuvrant dans les établissements pénitentiaires et sanitaires. Il est important de s’assurer que les contenus pédagogiques sont conformes aux données actuelles de la science qui sont synthétisées dans la conférence de consensus d’octobre 2000. Les responsables des DRASS et des DR doivent être particulièrement vigilants à cet aspect car des informations contradictoires ne pourraient que légitiment démobiliser les acteurs de prévention.
Cette cohérence est essentielle quand il s’agit d’organiser des processus de prévention pour lesquels les intervenants doivent « être successivement ensemble » autour d’une personne en détresse en travaillant avec des représentations partagées, chacun sachant ce que sait l’autre. Cet aspect opérationnel doit être distingué d’une offre de réflexion autour du suicide et de sa prévention.