En prison, l’individu perd peu à peu ses repères. Les suicides ont lieu dans
un moment clé en lien avec la question de la famille : à l’arrivée (séparation),
avant le jugement (révélation des faits), en cellule punitive (privations
multiples, parloirs interdits) ou encore avant la sortie (reprise de
contact).
J’ai un exemple emblématique, celui d’un homme de 35 ans
incarcéré pour homicide involontaire sur la personne de son épouse. Il s’est
suicidé 8 jours avant sa comparution aux assises, car il souffrait de l’horreur
de son geste. Les permis de visite lui ont été refusés.
Sa famille
appris son décès par la radio, deux jours après. Pourtant le code de procédure
pénale oblige l’administration pénitentiaire à prévenir la famille. Les parents
n’ont pas eu accès au courrier qu’il avait laissé avant de passer à l’acte et
dans lequel il expliquait son geste.
La famille n’est jamais prise en
compte, du début à la fin de l’incarcération. Par exemple, on ne permet pas à la
famille de connaître le lieu de vie du détenu, les gens qu’il fréquente. En cas
de suicide, les familles attendent très longtemps avant de récupérer les
affaires.