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Henri Gaumé, visiteur de prison depuis 7 ans
26 avril 2002
Lorsqu’ils arrivent, les détenus sortent d’un endroit, le commissariat, où il y avait beaucoup de monde autour d’eux. Brutalement, ils se retrouvent dans un état de solitude extrême, et c’est très dur. Les envies de suicide viennent au bout de quelques jours à peine, alors que les permis de visite ne sont pas encore accordés.Il y a aussi un manque évident de travailleurs sociaux dans les établissements, ce qui fait que nous, les visiteurs de prison, jouons parfois ce rôle. La prison donne le temps (...)
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Leslie Laroche, femme de détenu
26 avril 2002
Leslie est la présidente du Collectif pour la défense des familles et proches des personnes incarcérées
Mon mari est incarcéré à St Brieuc depuis trois ans alors que j’habite dans la région de Bordeaux. Lui a 49 ans et pas d’envies de suicide. Mais la prison reste une sorte de mort lente. Et certains suicides en détention pourraient être évités. Comme celui de ce gamin de 18 ans qui venait de rentrer de l’enterrement de son père. Son père s’était suicidé et il a refusé d’aller en promenade. On l’a (...)
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Bernard Stehr, pasteur
26 avril 2002
Aumônier à la maison centrale de Poissy (Yvelines) et dans les prisons d’Ile-de-France depuis 20 ans
Je suis cité comme témoin dans une affaire de suicide. En décembre 1999, un garçon d’une trentaine d’années qui était incarcéré à Poissy est mort d’un arrêt cardiaque après avoir été transféré à l’hôpital de St Germain en Laye. En fait, il avait ingurgité tout ce qu’il pouvait, alcool, médicaments et produits cosmétiques. Il est mort à l’hôpital et son acte de décès a été notifié sur place. C’est un suicide, (...)
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On a ouvert les portes mais pas encore les mentalités
26 avril 2002
Le suicide est l’expression de la violence sur son propre corps dans un espace vital limité, comme l’est une cellule de prison. Par ailleurs, en détention, il y a un manque évident de communication. L’écriture y prend une place très importante. Or écrire, c’est difficile, voire impossible pour certains détenus. Cela contribue donc à leur renvoyer une mauvaise image d’eux-mêmes.
Il me semble qu’une partie des suicides en détention pourrait être évitée, avec plus de personnel, et moins de surpopulation. (...)
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Philippe Carrière, psychiatre en prison
26 avril 2002
D’abord il y a un fossé entre le haut, l’administration pénitentiaire, et le bas, ce qui se passe dans les établissements. J’ai l’exemple récent d’un jeune gars qui a tenté de se suicider dans sa cellule. Pour le punir, les surveillants n’ont rien trouvé de mieux que de le mettre au mitard. Cela semble fou, mais c’est pourtant assez fréquent.Un autre cas typique, il y a quelques jours, celui d’un garçon de 23 ou 24 ans d’origine brésilienne, adopté en France. Il a été condamné à 7 ans de prison pour (...)
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Pierre Satet, président de l’association Suicide Ecoute
26 avril 2002
Nous recevons un certain nombre d’appels qui proviennent de détenus qui sont incarcérés. Cela signifie qu’il faudrait donner la possibilité aux prisonniers d’appeler des numéros comme les nôtres pour déverser leur souffrance au téléphone.Sida Info Service mène une expérience, trois jours par semaine à la prison de Fresnes. Et l’on constate que la plupart des appels sont des appels de mal-être, et pas forcément de gens malades qui parlent du sida. Ce sont souvent des gens au bord du suicide, qui (...)
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Guy de Saint-Maur, président du Courrier de Bovet
26 avril 2002
Le courrier de Bovet est une association nationale de correspondances avec les détenus
Dans les lettres que nous recevons des détenus, beaucoup font allusion au suicide. Nous sommes là, avec d’autres, pour les aider à reprendre goût à la vie. Je pense que nous jouons un rôle important qui permet de contenir le phénomène des suicides en prison, et donc de sauver des vies.
On sait bien quelle est l’importance du courrier en prison : lorsqu’il y a une grève de la Poste, les surveillants paniquent tant (...)
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Momo, membre de l’AFLIDD, ancien détenu
26 avril 2002
AFLIDD : Association des familles de détenus contre l’insécurité et les décès en détention.
Beaucoup de détenus mettent le feu à leur matelas. Mais les cellules ne sont ouvertes que 20 ou 30 minutes après, ce qui laisse largement le temps aux détenus de mourir asphyxiés. Dans le cas de Jawad Zaouiya il y a eu un non-lieu et la justice a répondu que les matelas étaient aux normes. Pourtant, après sa mort, tous les matelas de la prison ont été changés.Ces suicides concernent souvent des jeunes incarcérés (...)
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Aziz, permanent juridique au MIB, ancien détenu
26 avril 2002
Aziz a été incarcéré 24 mois pour une affaire de stupéfiants MIB : Mouvement de l’immigration et des banlieues
Les jeunes détenus qui se suicident n’ont aucune raison de le faire. Ils sont souvent en prison pour des délits liés à l’outrage et finissent pendus ou brûlés dans une cellule. Il y a des cas où les causes du suicide sont évidentes. J’ai connu un homme de 40 ans qui avait été condamné à 20 ans pour un braquage. Il a demandé à voir sa femme et ses enfants et le rapprochement familial lui a été (...)
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Jeannette Favre, présidente de l’Union nationale des Fédérations d’associations de familles de détenus
26 avril 2002
Jeannette Favre a été assistante sociale en prison pendant 15 ans
En prison, l’individu perd peu à peu ses repères. Les suicides ont lieu dans un moment clé en lien avec la question de la famille : à l’arrivée (séparation), avant le jugement (révélation des faits), en cellule punitive (privations multiples, parloirs interdits) ou encore avant la sortie (reprise de contact).J’ai un exemple emblématique, celui d’un homme de 35 ans incarcéré pour homicide involontaire sur la personne de son épouse. Il (...)
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"Je dis qu’on pousse les détenus à se suicider"
26 avril 2002
Le suicide ne peut pas être le fait d’une désespérance, il est le résultat des pressions subies au quotidien sans possibilités de s’en défendre. La prison, qui soustrait au regard et au contrôle démocratique, permet toutes les formes d’arbitraire. Des femmes, des hommes sont humiliés, interdits, niés. Cela a pour conséquence le taux important de suicides en prison. Justice et administration sont coupables par ordonnance. L’Etat et ses représentants sont coupables de ces négligences assassines. Il (...)
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Etienne Noël, avocat au barreau de Rouen
26 avril 2002
En décembre 1999, l’Etat a été condamné pour la première fois pour faute lourde après le suicide de mon client, M. Thomas. Mais des décisions de jurisprudence qui condamnent l’Etat, j’en ai peut-être vu 4 ou 5 en trente ans. Et l’opacité est telle qu’aucune leçon n’est tirée, sur les défauts de surveillance ou les erreurs de placement. À chaque fois on continue comme avant.On voit des choses hallucinantes. Comme ce jeune qui avait tenté de se suicider, et que, en guise de punition, on a placé au (...)
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Franck Desfontaines, surveillant en détention, représentant syndical UFAP
26 avril 2002
Lorsqu’il y a un suicide, nous sommes tout de suite au courant. Récemment, à Loos lès Lille, nous avons eu quatre suicides en une semaine, deux par pendaison et deux par absorption de médicaments. Il y a des séries. Nous, les surveillants, jouons un rôle social, mais qui reste secondaire. Notre mission principale, c’est la sécurité pour tout le monde. Nous ne sommes pas en effectifs suffisants pour intervenir à chaque fois. Il faut s’occuper des douches, des activités, des promenades, etc. Et (...)
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Torture par emprisonnement jusqu’à la mort
4 juillet 2002
Combat face au Sida
N°28 – Juin 2002
Revue trimestrielle - Abonnement possible
www.vih.org/combat/
Torture par emprisonnement jusqu’à la mort
Le 7 mai, l’incarcéré n°8956 à Clairvaux s’est " suicidé ". Des Centaines l’ont précédé et des centaines suivront. Jusqu’à quand ?
Jean-Luc Guilhem
Gérard Gateau avait collaboré au n°27 de Combat : deux dessins de lui accompagnent l’entretien réalisé avec Loïc Wacquant. Il ne fera jamais plus de dessins. Il est mort le 7 mai 2002, prisonnier du centre pénitentiaire (...)
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"Les suicides, une résponsabilité collective", résumé d’un colloque (Québec, 1997)
12 juillet 2002
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Une visite pour la presse et les élus
6 novembre 2003
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Communiqué de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme : décès d’un détenu
23 février 2004
LTDH/Bulletin d’information
jeudi 19 février 2004
http://www.reveiltunisien.org/breve...
[TUNISIA -The Observer]
Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme
Infos Express 19évrier 2004
e-Bulletin d’information
LTDH - fondée en 1977 - Adresse : 21, rue Baudelaire - El Omrane - 1005 Tunis / tél. 71.894145 / fax : 71.892866 /site : www.ltdh.org
Adresse E.mail : ltdh.tunisie@laposte.net
Ltdh.tunisie@ibelgique.com
La LTDH a été informée que M Badreddine Ben Hassen Ben Mokhtar (...)
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Bruxelles : Suicide d’un jeune nigérien sans papiers à la prison de Forest
23 août 2004
COMMUNIQUE N°1
Bruxelles : Suicide d’un jeune nigérien sans papiers à la prison de Forest
Extrait d’une lettre d’un co-détenu :
Le 10 août 2004
Je viens de rentrer du "préau" et j’apprends qu’un jeune nigérien entré il y a 4 jours, s’est pendu le lendemain de son incarcération à la prison de Forest (le 6-8 ?). Il était isolé en cellule, sans livres, radio ou télé.
A son arrivée, il n’aurait vu ni médecin, ni assistant social.
C’est la deuxième fois, depuis que je suis ici, qu’il y a un suicide "réussi" (...)
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Suicide en prison : double langage, grille d’évaluation et guerre des chiffres
2 novembre 2008
Accuser les mineurs détenus de "jouer" à se pendre ou de "chantage" au suicide est un renversement trompeur de l’action et de la réaction, de la réponse et de la question.
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Suicide en prison : la folie est déjà une prison sans murs
3 novembre 2008
La prison ne vise pas à prévenir, ni à soigner. Elle est une institution disciplinaire de contrôle et de surveillance. La folie y échappe, car sous un certain angle, c’est déjà une surveillance et un contrôle du sujet.
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"Témoignage de Danielle, maman de Thierry Jurado"
14 novembre 2009
Thierry est décédé le 8 octobre 2005 alors qu’il était incarcéré à la prison de Bayonne. Il était diagnostiqué maniaco dépressif, il souffrait de troubles bipolaires. Malgré cela, il a été incarcéré et a subi sa détention dans des conditions inhumaines qui l’ont conduit au suicide. Sa maman témoigne pour qu’on cesse de confondre maladie et délinquance.
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Alerte de Robert Badinter le 17 mai 2010 après suicide Jean-Luc Dupre à Liancourt le 8 mars 2010
5 juillet 2010
RAHMANI Nicolas
Psychologue clinicien (DESS&DEA)
Objet : signalement des conditions du suicide de M. Jean-Luc Dupré le 8 mars 2010
au centre pénitentiaire de Liancourt
Paris, le 17 mai 2010
Monsieur Robert Badinter Sénateur
Palais du Luxembourg
15, rue de Vaugirard
75291 Paris Cedex 06
Courrier également adressé à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Santé et des Sports ; à Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des (...)
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Du retour de la guillotine en France
24 novembre 2010
C’est un fait tristement récurrent : les suicides en prison font chaque année en France à peu près cinq fois plus de morts que n’en a fait l’usage de la guillotine du temps de la Vème République. Et, en cette fin du mois de novembre, force est de constater que l’année 2010 ne fera pas exception. Si le « rasoir national » a fait coulé autant d’encre que de sang en son temps, le chapitre de la peine de mort, touchant à sa fin sous l’action de Robert Badinter, alors garde des Sceaux, semble (...)