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Jeannette Favre, présidente de l’Union nationale des Fédérations d’associations de familles de détenus

"La famille est toujours prise en compte de manière complètement subsidiaire"

Mise en ligne : 26 avril 2002

Jeannette Favre a été assistante sociale en prison pendant 15 ans

Texte de l'article :

En prison, l’individu perd peu à peu ses repères. Les suicides ont lieu dans un moment clé en lien avec la question de la famille : à l’arrivée (séparation), avant le jugement (révélation des faits), en cellule punitive (privations multiples, parloirs interdits) ou encore avant la sortie (reprise de contact).

J’ai un exemple emblématique, celui d’un homme de 35 ans incarcéré pour homicide involontaire sur la personne de son épouse. Il s’est suicidé 8 jours avant sa comparution aux assises, car il souffrait de l’horreur de son geste. Les permis de visite lui ont été refusés.

Sa famille appris son décès par la radio, deux jours après. Pourtant le code de procédure pénale oblige l’administration pénitentiaire à prévenir la famille. Les parents n’ont pas eu accès au courrier qu’il avait laissé avant de passer à l’acte et dans lequel il expliquait son geste.

La famille n’est jamais prise en compte, du début à la fin de l’incarcération. Par exemple, on ne permet pas à la famille de connaître le lieu de vie du détenu, les gens qu’il fréquente. En cas de suicide, les familles attendent très longtemps avant de récupérer les affaires.