Le suicide est l’expression de la violence sur son propre corps dans un espace vital limité, comme l’est une cellule de prison. Par ailleurs, en détention, il y a un manque évident de communication. L’écriture y prend une place très importante. Or écrire, c’est difficile, voire impossible pour certains détenus. Cela contribue donc à leur renvoyer une mauvaise image d’eux-mêmes.
Il me semble qu’une partie des suicides en détention pourrait être évitée, avec plus de personnel, et moins de surpopulation. Car Il y a une corrélation évidente entre le taux d’encadrement (travailleurs socio-éducatifs), le sur-encombrement et le nombre de suicides. Mais cela coûte de l’argent : les Français sont-ils prêts à payer cela avec leurs impôts ?
Il faut plus de moyens, tant en qualité qu’en quantité. Il faut informer davantage les soignants, faire des efforts sur l’accueil. Mais souvent des dirigeants pleins de bonne volonté se heurtent à la culture pénitentiaire elle-même. C’est pourquoi je dis que l’on a ouvert les portes mais pas encore les mentalités. La prison reste une zone à part, où la mort n’est pas admise.
Il faut humaniser la prison, vaincre la méfiance de la société envers le milieu pénitentiaire. Il y a une certaine image de la prison qui nuit à ceux qui y sont enfermés. Par exemple, quand on améliore la condition des détenus, les surveillants sont jaloux et veulent eux aussi quelque chose en plus.
On en revient aux questions primordiales posées par Michel Foucault : qu’est-ce que punir ? Qu’est-ce que le châtiment corporel ?