Beaucoup de détenus mettent le feu à leur matelas. Mais les cellules ne sont ouvertes que 20 ou 30 minutes après, ce qui laisse largement le temps aux détenus de mourir asphyxiés. Dans le cas de Jawad Zaouiya il y a eu un non-lieu et la justice a répondu que les matelas étaient aux normes. Pourtant, après sa mort, tous les matelas de la prison ont été changés.
Ces suicides concernent souvent des jeunes incarcérés pour quelques mois, proches de la libération, qui n’ont pas de tendances suicidaires. Autre chose scandaleuse : on fait entrer des mineurs au mitard, alors que ce n’est pas légal.
Lorsque j’ai travaillé en prison, j’ai été amené à dépendre moi-même un détenu. Mais il n’y a jamais eu aucune prise en charge psychologique. Il me semble que la prison doit nous priver de liberté mais pas d’autre chose, pas de droits. Quand j’étais à Poissy, je me suis fait tabasser dans ma cellule, les surveillants avaient des bombes lacrymogènes. J’ai porté plainte, mais l’affaire a été classée. C’est là que j’ai pris conscience de ce que signifie le "mur de l’inertie".