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Henri Gaumé, visiteur de prison depuis 7 ans

"Il manque des gens pour encadrer et soutenir les détenus"

Mise en ligne : 26 avril 2002

Texte de l'article :

Lorsqu’ils arrivent, les détenus sortent d’un endroit, le commissariat, où il y avait beaucoup de monde autour d’eux. Brutalement, ils se retrouvent dans un état de solitude extrême, et c’est très dur. Les envies de suicide viennent au bout de quelques jours à peine, alors que les permis de visite ne sont pas encore accordés.

Il y a aussi un manque évident de travailleurs sociaux dans les établissements, ce qui fait que nous, les visiteurs de prison, jouons parfois ce rôle.
La prison donne le temps de penser, de ruminer sur son sort. Et les détenus ne manquent pas d’idées. Pour mettre fin à leurs jours, ils élaborent parfois des plans pendant des jours et des jours. Ils ne sont pas pressés, ils ont tout le temps de se préparer.

Je pense qu’il y aurait peut-être deux fois ou trois fois plus de suicides sans les visiteurs de prison. Nous sommes un lien entre l’intérieur et l’extérieur. D’ailleurs, ils nous disent des choses qu’ils ne disent ni aux surveillants ni aux médecins. Nous sommes des confidents qui les prennent et leur montrons qu’ils existent, qu’ils ont un avenir. Lorsque nous décelons un problème, nous alertons les services psychiatriques. Mais parfois cela ne suffit pas, car il n’y a pas de place pour tout le monde. Un jour, un infirmier m’a confié qu’un garçon exhibitionniste relevait de la psychiatrie mais avait été placé en prison parce qu’il n’y avait plus de place à l’hôpital. En prison, les gens ne sont pas soignés, qu’ils soient toxicomanes, alcooliques ou délinquants sexuels, c’est pourquoi il y a tant de récidivistes.