En décembre 1999, l’Etat a été condamné pour la première fois pour faute lourde
après le suicide de mon client, M. Thomas. Mais des décisions de jurisprudence
qui condamnent l’Etat, j’en ai peut-être vu 4 ou 5 en trente ans. Et l’opacité
est telle qu’aucune leçon n’est tirée, sur les défauts de surveillance ou les
erreurs de placement. À chaque fois on continue comme avant.
On voit des
choses hallucinantes. Comme ce jeune qui avait tenté de se suicider, et que, en
guise de punition, on a placé au quartier disciplinaire. Il n’y a aucune
concertation entre les services de santé et l’administration, et une non-prise
en compte absolue de l’état psychologique des détenus. À cet égard, l’exemple de
mon client Thierry Sbaiz est emblématique.
Lorsqu’un drame survient en
prison, l’administration cherche à étouffer. Il n’y a pas la moindre
communication. Par exemple, Me Thomas, n’a été prévenue que tard dans la soirée
du 30 août que son mari était mort, alors qu’il a été découvert le
matin.
C’est la loi du silence. L’administration ne répond jamais aux recours
hiérarchiques que nous lui envoyons. Silence qui équivaut à un refus implicite
de reconnaître la moindre responsabilité. Après nous attaquons devant le
tribunal administratif.
Les députés se sont " refaits une virginité " en
s’intéressant aux prisons il y a quelques années, après la sortie du livre de
Véronique Vasseur. Mais ça s’est arrêté là.