ATELIER DE PROGRAMMATION VIDEO
A LA MAISON D’ARRET DE BORDEAUX GRADIGNAN
ANIMATEUR : PERIPHERIES PRODUCTIONS
Le téléspectateur s’enferme bien souvent dans un rôle passif de consommateurs d’images. Bien plus encore dans le cas de téléspectateurs incarcérés. L’objectif de l’atelier est de les aider à comprendre et à ouvrir les yeux sur le monde que l’univers télévisuel leur présente.
A travers notre action culturelle, nous invitons les participants « détenus » à développer leur propre regard en se réappropriant leur liberté de penser le monde, un droit élémentaire pour chaque être humain...Un droit naturellement difficile à conserver en détention.
Comment fonctionne l’atelier ?
Chaque semaine, une demi-journée est consacrée à l’atelier. Les thèmes émergents du film sont débattus en groupe, un support pédagogique à l’appui.
L’atelier est en place depuis plus de 5 ans. Deux intervenants Périphéries Productions encadrent un groupe d’une dizaine de personnes : une animatrice accompagnée d’un réalisateur. Ponctuellement, un réalisateur « extérieur » ou un professionnel lié au thème d’un documentaire diffusé est invité. Généralement la rencontre est filmée par les caméras de Périphéries et derushée en atelier. L’utilisation de ce petit documentaire est faible car ses chances d’être diffusé en dehors de la prison sont minces. Ceci en raison d’une utilisation limitée de l’image des détenus (leur visage doit être masqué) et d’une politique de diffusion difficile à mettre en œuvre compte tenu des différents producteurs (Périphéries, SPIP, Administration Pénitentiaire)...
Cet atelier sert également à justifier une programmation culturelle du canal vidéo interne. Ce dernier est pour le moment en cours de remise en route.
Les cassettes de Périphéries et de la chaîne Arte (partenaire) sont les principales sources audiovisuelles de l’atelier.
Quand le dehors et le dedans se mélangent...Deux partenariats sont en place entre Périphéries et des festivals de films : le Festival des Journées du Film Ethnographique en avril (Bordeaux) et le Festival International du Film d’Histoire en novembre (Pessac).
A cette occasion, des réalisateurs présents au moment des festivals sont invités à l’atelier en Maison d’Arrêt. Ils rencontrent les détenus et débattent autour d’un de leur film.
Les rencontres sont filmées par une équipe professionnelle de Périphéries. Les images filmées sont par la suite « derushées » en groupe et donne lieu à une production vidéo.
Quelques difficultés rencontrées...
Gérer les délais d’autorisations d’entrée. Les démarches pour obtenir les autorisations d’entrée peuvent être assez longues. L’organisation d’une rencontre peut poser certains problèmes. La planification en amont est très importante.
Tenir compte du turn-over. En maison d’arrêt, les « détenus » y sont souvent pour une courte période (courte détention ou transfert ou jugement) et le travail sur la durée avec un groupe « changeant » n’est pas toujours évident.
Donner la parole à chacun. Dans un groupe, les intérêts des participants sont différents et chacun a sa propre sensibilité, ses propres attentes et ses exigences ne sont pas les mêmes.
Mener un atelier dans de bonnes conditions. Ca peut paraître accessoire mais comment animer un atelier vidéo sans lecteur vidéo ? ou parfois avec un lecteur défaillant ? Les nuisances sonores sont également présentes au quotidien (contrôle des barreaux, cris des détenus, portes qui se ferment...). A chaque séance, certains détenus peuvent être amenés à quitter la salle pour se rendre au parloir, chez le médecin, en cours de sport, etc...Parfois, ils reprennent l’atelier en cours de route, parfois ils ne peuvent pas.