Répondant à l’appel des détenus du centre de détention de Salon, nous, prisonniers de la centrale d’Arles, organiserons une journée de protestation le 13 octobre. Nous ne prendrons pas nos plateaux repas et nous refuserons de réintégrer nos cellules à l’appel de la mi-journée.
"Il semble que certains naissent plus égaux que d’autres". Cette sentence de l’écrivain britannique G. Orwell, extraite de son récit d’anticipation "La description du monde totalitaire", exprime parfaitement la vive émotion qui atteint aujourd’hui la population carcérale de ce pays. La libération controversée de Maurice Papon n’a fait qu’accentuer ce sentiment, tellement elle met en relief la cruelle réalité, celle de l’inégalité dans le traitement des dossiers des détenus âgés et malades. Mais au de-là d’une légitime revendication qui apparaît par contre coup chez toutes les personnes âgées en prison et atteintes de pathologies lourdes, voire en phase terminale, il faut évoquer plus globalement les problèmes touchant toutes les couches de la population pénale et notamment :
les possibilités de réinsertion par rapport à la longueur des peines,
la transgression permanente de la législation générale du travail (absence de contrat de travail, de syndicats, d’instances paritaires, sans parler des faibles rémunérations),
l’absence de parloir intime et d’un droit garanti inviolable de visite,
le chantage permanent aux remises supplémentaires de peine, aux permissions de sortie, à la libération conditionnelle, trop souvent refusées au détenu s’il ne donne pas plus d’argent qu’il ne le fait où s’il n’accepte pas, par exemple, de rejeter ses idéologies, etc.,
le rapprochement familial.
L’ensemble de la population de la maison centrale d’Arles souhaite également rappeler que les inégalités qui se développent face à la peine sont une remise en cause des principes de la révolution de 1789 et plus particulièrement du régime égalitaire en droit voté le 4 août 1789, mais surtout à la Déclaration des Droits de l’Homme, votée le 26 août 1789 qui consacrèrent l’homme comme fondement de la société.
Or la prison ne peut être considérée en droit, dans un système qui se qualifie de démocratique, comme une privation des droits inaliénables de l’homme. Tout au plus peut-elle être considérée comme une limitation de certains droits appliqués, à la limitation de circuler, mais en aucun cas elle ne saurait être assimilée à sa suppression, puisque la peine de prison est supposée temporaire.
Nous revendiquons :
La libération des prisonniers malades et en fin de vie,
La remise en pratique sans discrimination des différentes mesures de l’application des peines.
Les prisonniers de la maison centrale d’Arles