Le 4 juillet 2012, quatre détenus du bâtiment B0 de Roanne refusent de réintégrer leurs cellules pour protester contre leurs conditions de détention et réclamer de nouveaux droits. La réponse de l’Administration pénitentiaire est immédiate : une dizaine de surveillants en tenue anti-émeute interviennent dans la cour pour mater la révolte pourtant pacifique, et ce sans aucune négociation. Ces quatre prisonniers se trouvent depuis cette date au quartier disciplinaire, le mitard.
Ce mode de protestation s’inscrit dans la tradition des luttes de prisonniers depuis que la prison existe. Bloquer une cour de promenade est l’un des seuls moyens dont ils disposent pour faire part de leur mécontentement et de leurs revendications.
Ce 4 juillet, la répression de ce mouvement a pu être filmée par d’autres détenus pour ensuite être diffusée sur Internet et reprise par de nombreux médias, associations, et collectifs.
Dans l’article du 11 juillet du quotidien le Progrès, un surveillant a le sentiment « d’avoir été piégé ». Au contraire, il s’agit d’un acte spontané de solidarité entre les détenus de Roanne face à des pratiques courantes. Cette vidéo, rendue publique, est un témoignage précieux sur les violences des personnels pénitentiaires à l’encontre des prisonniers, qu’il s’agisse du CD de Roanne, ou d’ailleurs. A propos, quatre jours auparavant, trois prisonniers basques de la Maison d’Arrêt de Villefranche-sur-Saône ne se sont-ils pas fait tabassés dans les mêmes circonstances ?
La direction du CD de Roanne, n’apporte à ce jour aucune réponse concrète aux prisonniers et se refuse à rendre des comptes publiquement. Par contre, les surveillants pénitentiaires ne sont pas en reste : par le biais des syndicats , ils agissent en lobbying et bénéficient de larges tribunes médiatiques localement. Pour parler de la prison et de ce qui s’y passe, ils sont paroles d’évangile. Les sempiternels discours sur le manque de personnel, le « caïdat », les trafics sont des prétextes servant des revendications corporatistes et méritent d’être questionnés. Depuis la diffusion de la vidéo dans les médias et l’affichage de plusieurs centaines de tracts collés dans les rues de Roanne dénonçant la répression au sein du CD de Roanne, les surveillants se vengent à leur manière et exacerbent les tensions. Ce samedi 14 juillet, les surveillants créent l’insécurité dont ils se plaignent : ils ferment la détention, suppriment les promenades pour l’ensemble des prisonniers et tentent de les confiner dans leurs cellules. Ils empêchent également le déroulement des parloirs : les familles venues rendre visite à leur proche incarcéré attendent devant la porte pendant trois heures jusqu’à 17h30. La distribution de la gamelle est repoussée à 21h30.
Le collectif Papillon apporte son soutien aux prisonniers en lutte du Centre de Détention de Roanne
- Levée de la sanction disciplinaire à l’encontre des quatre prisonniers tabassés dans la cour de promenade et leur sortie du mitard immédiate, et arrêt des éventuelles poursuites judiciaires à leur encontre.
- Arrêt immédiat des actes de vengeance à l’encontre des prisonniers depuis la diffusion de la vidéo et l’affichage des tracts dans la ville de Roanne.
- Arrêt des comportements de harcèlement et de provocation dont font preuve certains prisonniers qui sollicitent des appuis extérieurs, de collectifs ou d’associations.
- Pour le bâtiment B0 : le temps réservé aux activités ne soit pas celui de la promenade et inversement. Fin du régime différencié qui maintient les prisonniers de ce bâtiment plus longtemps en cellule, 22h sur 24.
- Examen et satisfaction des revendications présentées dans la lettre du 25 avril 2012 à l’administration pénitentiaire portant sur le sport, les activités, les parloirs, les cantines, les aménagements de peine, etc.