De la blanche à l’ombre
Ca se passe au Pays basque mais coté espagnol : le ministre régional des Affaires sociales a annoncé, début février, que 60 détenus toxicomanes de la prison basque de Nanclares pourront, d’ici à la fin de l’année, se faire prescrire de l’héroïne. Son objectif est double : d’une part, "réduire le trafic", et d’autre part "faire cesser la consommation d’une héroïne de mauvaise qualité qui affecte sérieusement la santé".
Les détenus retenus pour ce test recevront deux doses d’héroïne durant la journée et une de méthadone le soir. C’est LurGizen, une organisation non gouvernementale spécialisée dans le traitement des toxicomanes, qui les leur administrera.
Sur les 52 000 prisonniers espagnols, près de 30 000 suivent actuellement des traitements pour tenter de réduire ou de renoncer à leur dépendance à l’égard des stupéfiants, explique un porte-parole de la direction générale des Institutions pénitentiaires. D’après les autorités basques, il n’existe en Europe qu’une seule expérience du même genre qui serait menée dans un centre suisse. Nous n’avons pas d’information sur le suivi prévu de ces personnes lorsqu’elles quitterons l’univers carcéral, tant un suivi médical semble indispensable.
D’aucun serait tenté de penser que, proposer de l’héroïne de qualité aux détenus, c’est un peu "donner du lard au ... taulards". Il n’empêche, c’est une décision politique courageuse à l’attention d’une population fragile et marginalisée. Les prisons françaises sont également pleines de détenus sous traitement de substitution mais on risque d’attendre un bon moment avant que la prévention des risques soit abordée sous cet angle...
EB