14600 articles - 12260 brèves

« L’agresseur garde le silence »

Mise en ligne : 6 mars 2006

Déféré hier au parquet spinalien, Claude Gosselin, tueur présumé de Jacques Lerouge, a refusé d’expliquer son geste. Mis en examen pour assassinat, il a été placé en détention.

Texte de l'article :

EPINAL. - « Après une nuit de cavale et deux jours de garde à vue, mon client est dans un état de fatigue extrême. Il ne sait même plus quel jour nous sommes. Il n’était pas physiquement en état d’expliquer son geste », indiquait hier soir Me Valérie Krebs, à la sortie du palais de justice spinalien.

Devant la juge d’instruction Christelle Pouey-Santalou, Claude Gosselin n’a souhaité faire aucune déclaration. Mais cet ancien détenu, âgé de 50 ans et maintenu en liberté conditionnelle alors même que la durée de sa peine était écoulée, a été un peu plus loquace devant la substitut du procureur Delphine Jabeur. Il a notamment répété que les conditions de travail imposées par Jacques Lerouge l’avaient poussé à l’acte.

« Il explique qu’il travaillait sept jours sur sept, qu’il devait faire des ménages et que Jacques Lerouge le menaçait de rédiger de mauvais rapports sur lui s’il ne faisait pas ce qu’il voulait. Il ne nie pas les coups de couteau, mais la question de la préméditation reste posée », résume la magistrate.

« Nébuleuse »

Sorti du centre de détention du Val-de-Rueil au printemps 2005, après avoir purgé une peine de 14 ans pour braquage, Claude Gosselin avait travaillé deux mois pour le compte de l’Association pour l’aide aux personnes en voie de réinsertion (Aperi), fondée par Jacques Lerouge. Il avait ensuite décroché un CES comme agent d’entretien auprès de l’association spinalienne Envol 88.

Alors pourquoi, six mois après avoir coupé les ponts avec l’Aperi, Claude Gosselin est-il retourné à Charmes jeudi soir ? « Il dit que depuis quelque temps, il travaillait à nouveau pour le compte de Jacques Lerouge. Mais cette affaire est nébuleuse », prévient la substitut. « On ne sait pas très bien ce mon client faisait exactement », renchérit Me Valérie Krebs. « Mais le contexte et les raisons qui l’ont poussé à passer à l’acte seront extrêmement longs et difficiles à comprendre. »

Jeudi soir à Charmes, Claude Gosselin s’est présenté sur le chantier du Haut-du-Mont, armé d’un couteau de cuisine. Dans l’ancienne maison de retraite de la filature Boussac, que Jacques Lerouge comptait transformer en foyer pour détenus en fin de vie, une altercation a très vite éclaté, au cours de laquelle un bénévole de l’Apéri, Pierre Bouffard, a été blessé à l’abdomen. Jacques Lerouge a été tué ensuite, dans la cour, succombant à neuf coups de couteau.

Mis en examen pour l’assassinat de Jacques Lerouge et une tentative de meurtre sur Pierre Bouffard, Claude Gosselin a été placé en détention provisoire par Yves Lesepérance, juge de la liberté et de la détention. Il sera à nouveau présenté à la juge d’instruction dans un délai de cinq jours.

Maxence ALIBERT 

Source : L’est républicain du 20/02/06

Après avoir été entendu pendant deux jours par la section de recherches de Nancy et la brigade de recherches d’Epinal, Claude Gosselin a été déféré hier au parquet. Photo Philippe BRIQUELEUR