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Date : 25-03-2003

L’individu au centre des préoccupations

Edito de "Décideurs en Gérontologie" n°52

Mise en ligne : 25 March 2003

Dernière modification : 25 March 2003

Texte de l'article :

Dans ce numéro, Décideurs en Gérontologie a décidé de s’attacher à un sujet qui fait la « une » de l’actualité : les personnes âgées en prison. Au-delà du fait divers, au-delà, bien entendu, de tout jugement de valeur, les cas qui ont émaillé ces derniers temps les colonnes des journaux traduisent une réalité préoccupante, qui va croissante, statistiques à l’appui. Quelle place pour les personnes âgées, et parfois très âgées en prison ? Les prisons sont-elles adaptées pour l’accueil de personnes aussi dépendantes ? Le personnel dispose-t-il aujourd’hui des moyens et des compétences pour prendre en charge cette « population » particulière et fragilisée ? Autant de questions qui nous préoccupaient et auxquelles nous avons cherché à répondre, ou du moins à tracer des pistes de réflexion.

Cette enquête a également permis de révéler un parallèle entre tous les travailleurs sociaux, qu’ils exercent en milieu carcéral ou en Ehpa. « Ils ont, dans les deux cas, affaire à une population qui a perdu son statut social, explique Annie Dupart, directrice d’un institut de formation, le personnel peut avoir une image dévalorisée de cette population. De plus, quoi qu’il arrive, le prisonnier est libéré ou la population pénale se renouvelle, tout comme en maison de retraite où les résidents décèdent. Le personnel, lui, reste toujours en place (même s’il change d’établissement). Il vit un phénomène d’usure, de fatalité et de miroir, puisqu’il se demande pourquoi il doit travailler avec une population "dégradée" ou jugée dégradée par le reste de la société. Trop souvent, le retour d’image n’est pas valorisant. »

Comment échapper à ce phénomène ? « En professionnalisant les fonctions, en respectant toutes les procédures. Et surtout en établissant une relation avec les résidents et en réalisant qu’on a affaire à un individu à qui, quel que soit son état physique et mental, l’on doit rendre une prestation », poursuit-elle.

Les propos de Jean-Paul Bunicourt, responsable de formation à la maison d’arrêt de Fresnes, font écho à cette analyse : « Travailler en prison, c’est faire preuve à la fois d’autorité et d’humanisme. Le métier de surveillant consiste à savoir gérer les conflits, à observer et à établir des relations. Tout est dans l’équilibre : il faut savoir être bienveillant mais distancié et rester dans le champ institutionnel. » Ces conseils ne s’appliqueraient-ils pas aussi bien au personnel d’une maison de retraite ?
Si l’établissement, pénitentiaire ou social, est un lieu de vie collective pour les résidents et pour les détenus, c’en est également un pour le personnel. Un surveillant de prison résume expressément sa situation : « On est enfermé volontairement. » Qui d’entre vous n’a pas déjà entendu l’un de ses collaborateurs aboutir à cette même conclusion ?

Eléonore Varini

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