7. Le service médical de Champ-Dollon
Le service médical de la prison de Champ-Dollon, ainsi que le quartier cellulaire psychiatrique et le quartier cellulaire de l’hôpital, déjà mentionnés plus haut, dépendaient en 1997 (année de l’étude) de l’Institut universitaire de médecine légale, lui-même rattaché depuis le 1er janvier 1999 au département de médecine communautaire de l’hôpital cantonal universitaire de Genève. Il est indépendant de l’administration de la prison et des autorités judiciaires. Les médecins et les infirmières(-ers) touchent le même salaire que leurs collègues de l’hôpital cantonal et ont l’occasion de participer aux colloques de formation de l’hôpital. Le service médical est présenté dans une brochure distribuée à chaque nouveau détenu et qui existe en dix-sept langues.
En 1997, le service médical de Champ-Dollon était constitué de 10 postes plein-temps d’infirmières (-ers), de deux postes plein-temps de médecins internes fonctionnant comme internistes ou généralistes, d’un poste plein temps de chef de clinique, d’un poste plein-temps de psychiatre et d’un poste plein-temps de dentiste. Les médecins ont la possibilité de faire appel à des spécialistes en oto-rhino-laryngologie, dermatologie, ophtalmologie, gynécologie et chirurgie qui viennent consulter une fois par mois à la prison même.
L’équipe infirmière assure une permanence de trois personnes durant les journées de la semaine, de deux personnes durant les journées du week-end et d’une personne chaque nuit. Elle donne des consultations sans médecins pour des problèmes courants, des suites de traitement ou des soins de plaies. On comptait 6’000 consultations de ce genre par année en 1991. Chaque nouveau détenu est vu dans les 24 heures suivant son incarcération par un membre de l’équipe infirmière qui évalue la nécessité de la poursuite d’un traitement ou d’une consultation ultérieure. L’équipe infirmière assure également la distribution des médicaments.
Une particularité du service médical de Champ-Dollon est l’existence de consultations conjointes médecin-infirmière(-er), qui permettent souvent de mieux comprendre le patient-détenu. La répartition des rôles n’est cependant pas clairement établie, ce qui entraîne des frustrations chez les deux parties soignantes et tend à faire diminuer la fréquence de ce genre de consultation.
Les médecins internes donnent des consultations les jours ouvrables de 8h30 à 11h et de 14h à 17h. En dehors de ces heures et les week-ends, ils sont appelables à tour de rôle en cas d’urgence. Les patients qui souhaitent une consultation médicale doivent le demander par écrit et déposer leur requête dans une boîte aux lettres prévue à cet effet disponible dans chaque unité. Ce courrier, relevé chaque jour par un membre de l’équipe infirmière qui le transmet au médecin, n’est pas soumis à la censure. La consultation se passe en règle générale sans la présence d’un gardien et est soumise au secret médical.
Les détenus peuvent évidemment aussi bénéficier de consultations en urgence : ils doivent pour cela alerter les gardiens ou un membre de l’équipe infirmière par exemple lors d’une tournée de médicaments. On estime à 3’000 le nombre de consultations médicales durant l’année 1991 et à 90% la proportion de détenus qui ont consulté le service médical après deux semaines d’incarcération (12).
Les consultations médicales et infirmières se déroulent au quatrième étage du bâtiment des cellules, dans des locaux comparables en taille et en matériel disponible à ceux de la PMG. Le service médical dispose d’un appareil de radiologie, mais envoie ses analyses dans un laboratoire privé à l’extérieur. Sur le même étage que le service médical se trouve le centre psychothérapeutique dit "de la Pâquerette", qui fait également partie de l’Institut universitaire de médecine légale.