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Lettre de revendication des taulards de la prison de Roanne

Publication originale : 25 avril 2012

Dernière modification : 18 juillet 2012

Lettre de revendications des prisonniers du Centre de Détention de Roanne

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Texte de l'article :

Le 25 avril 2012,

À la Direction et à la Juge d’Application des Peines,

En cette date, nous, déte­nus du centre de déten­tion de Roanne, entrons en lutte afin d’exiger que nos droits soient res­pec­tés et enten­dus. Vous nous obli­gez à rester en cel­lule ou dans les cour­si­ves le plus long­temps pos­si­ble, là où il n’y a aucune acti­vité pour passer le temps. Vous nous escro­quez avec les can­ti­nes et les frais de télé de plus de 8 euros, par le biais de la société Eurest. Vous ne res­pec­tez pas nos droits en matière de per­mis­sions et de réduc­tions de peine. Dans l’immé­diat, nous vous infor­mons de nos reven­di­ca­tions.

Sport

Nous exi­geons l’accès libre au gym­nase et aux salles de sport. C’est l’acti­vité la plus deman­dée par les déte­nus.

Activités

Dans chaque aile, nous avons à dis­po­si­tion une salle d’acti­vi­tés, cons­ti­tuée de quel­ques tables, chai­ses, aucune acti­vité pro­po­sée ! Nous exi­geons des jeux de société, échecs, dames, etc. Nous exi­geons aussi qu’il y ait plus d’acti­vi­tés cultu­rel­les et spor­ti­ves : tour­nois de foot, basket, volley, pêche, etc. Nous exi­geons une réu­nion socio-cultu­relle par mois avec des détenu(e)s et des inter­ve­nants, afin d’élaborer des acti­vi­tés qui ne nous soient pas impo­sées par l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire (A.P.) ou le ser­vice socio-cultu­rel.

Parloirs

Nous exi­geons, comme le pré­voit la loi euro­péenne, que la mise à nu des détenu(e)s lors des fouilles des par­loirs soit reti­rée. Le sys­tème de contrôle à l’entrée des par­loirs est lar­ge­ment suf­fi­sant pour garan­tir votre sécu­rité. Par consé­quent, cette fouille ne sert qu’à nous humi­lier et main­te­nir une pres­sion psy­cho­lo­gi­que et phy­si­que sur nous ! Les rondes au par­loir sont aussi vécues comme une humi­lia­tion par nos famil­les et nous récla­mons l’arrêt des rondes. En cas de pro­blème, nous avons un inter­phone. Ce moyen de contrôle est abusif et conduit à une humi­lia­tion de plus ! Nous exi­geons enfin les accès libres au par­loir pour nos famil­les sans demande de permis de visite, et qu’en cas de retard, des famil­les qui ont sou­vent fait des cen­tai­nes de kilo­mè­tres soient accep­tées à l’entrée des par­loirs et que la durée ne soit pas réduite.

Bâtiment

Nous exi­geons que cesse immé­dia­te­ment les mesu­res de quar­tier semi-ouvert et fermé. Tous les étages doi­vent être ouverts, matin et après-midi. Que l’on puisse cir­cu­ler d’étage en étage, et de bâti­ment en bâti­ment en jour­née, pen­dant les temps d’ouver­ture des cel­lu­les. Les sèche-linge et machi­nes à laver ne doi­vent pas être enle­vés plus d’une semaine en cas de pro­blème. Nous vous rap­pe­lons que tous n’ont pas la pos­si­bi­lité de sortir leur linge : pas de famille, pas de par­loir, pas d’argent, etc. Nous exi­geons la fer­me­ture immé­diate des quar­tiers d’iso­le­ment et dis­ci­pli­naire, et autres mesu­res spé­cia­les, la fer­me­ture du pré­toire [Sorte de tri­bu­nal (expé­di­tif) interne à la prison, mobi­lisé en cas d’inci­dent, qui condamne les déte­nus à des sanc­tions dis­ci­pli­nai­res, comme le pla­ce­ment au quar­tier dis­ci­pli­naire (« mitard »)], qui crée plus de conflits qu’il n’en règle.

Cantines

[Cantine = sys­tème par lequel les pri­son­nier-e-s achè­tent des pro­duits (nour­ri­ture, pro­duits d’hygiène, de loi­sirs…) Ils n’ont pas le choix et doi­vent ache­ter (« can­ti­ner ») auprès de socié­tés dont les prix sont exor­bi­tants.] Nous exi­geons que la société Eurest soit rem­pla­cée par une société qui pro­po­se­rait des tarifs plus bas et pas deux à trois fois le prix exté­rieur. Qu’il ne nous soit pas imposé un sur­plus de 30% sur les can­ti­nes excep­tion­nel­les, que nous ayions les prix exté­rieurs. Et que les télé­vi­sions ne dépas­sent pas le prix de 8 euros. Nous exi­geons aussi des frigos plus grands ou que le prix soit vu à la baisse.

Vie en déten­tion

Abolition des tra­vaux dégra­dants, des métiers non qua­li­fiants et dis­pa­rus à l’exté­rieur, ainsi que des rému­né­ra­tions assi­mi­lées aux tra­vaux forcés, droit aux arrêts mala­die et droit aux congés payés, droit de grève, droit à la retraite dans les mêmes condi­tions qu’à l’exté­rieur, obli­ga­tion pour l’A.P. d’assu­rer lors d’un trans­fert un emploi équivalent dans les mêmes condi­tions, dédom­ma­ge­ment par l’État (frais d’héber­ge­ment ainsi que des jour­nées non-tra­vaillées) pour les famil­les qui se ren­dent au par­loir à plus de 100 km de leur domi­cile, plus de for­ma­tions qua­li­fian­tes, télé­phone gra­tuit pour les indi­gents, l’appel aux employeurs et autres ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs.

Remises de peine

Nous exi­geons que tous les détenu(e)s n’ayant aucun rap­port et rem­plis­sant les condi­tions de suivi socio-judi­ciaire béné­fi­cient de la tota­lité de leurs remi­ses de peine et remi­ses de peine sup­plé­men­taire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Nous exi­geons que les exper­ti­ses psy­chia­tri­ques soient abo­lies.

Nous, déte­nus de Roanne, exi­geons d’être enten­dus et que nos droits soient res­pec­tés et ce dès aujourd’hui.

Lettre col­lec­tive écrite et signée par tous les déte­nus en accord avec les reven­di­ca­tions

- Suite à la dif­fu­sion de cette lettre cer­tain-e-s sont allé-e-s sou­te­nir les pri­son­nier-e-s direc­te­ment sur place Visite aux pri­son­nier-e-s de Roanne.