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Lettre ouverte du prisonnier politique breton Kristian Georgeault

Mise en ligne : 30 mai 2003

Texte de l'article :

Lettre ouverte du prisonnier politique breton Kristian Georgeault.

Kristian Georgeault
Prizoniad Politikel Breizhat
Prisonnier Politique Breton
276 024 B — A 235
42, rue de la Santé
75014 PARIS Cedex 14
 
 
Madame, Monsieur,
 
C’est à l’occasion du début de ma quatrième année de détention dite provisoire que je viens vous entretenir, non pas à ce sujet, mais à celui de mon ami et camarade Alain Solé.
En effet, l’état de santé de celui-ci ne cesse de se dégrader ; devenu insulino-dépendant faute de soins et traitements adaptés pendant son incarcération, il va devoir subir un double, voire triple, pontage coronarien, encore une fois faute d’une prise en compte rapide de ses problèmes.
Les instructions des différents dossiers qui nous concernent sont closes, la justice a estimé qu’il avait dans l’un d’eux les garanties de représentation nécessaires puisqu’il avait été remis en liberté provisoire.
Les médecins ont estimé son état et ses problèmes incompatibles avec la détention nonobstant il ne lui est reproché que des actions n’ayant fait que des dégâts matériels qu’il conteste par ailleurs, cela fait quarante-deux mois qu’il est incarcéré sans bénéficier de la présomption d’innocence et sans qu’aucune date ne soit fixée pour les procès.
J’espère que l’acharnement dont il est victime ne vient pas du fait qu’il a refusé de me mettre en cause, je ne peux que constater que les deux seules personnes sur les huit mises en examen dans la commission d’actions attribuées à l’Armée Révolutionnaire Bretonne qui ont été relâchées au bout de six mois sont celles qui ont accepté de m’impliquer de manière que je qualifierais de légère.
Si nous, les Quatre de Quévert que le juge Thiel a choisi de renvoyer pour complicité dans ce dossier, ce dont nous nous défendons avec la plus vive énergie, n’avons sans doute pas à attendre une éventuelle libération provisoire. Je m’interroge sur le maintien en détention de Jérôme Bouthier, à qui il n’est reproché qu’une tentative d’attentat, ce dont il se défend, après dix-huit mois. Dans maints dossiers similaires, voire plus conséquents, j’ai pu voir des militants d’une autre minorité nationale, plus virulente il est vrai, sortir après une année, une année et demie, mais lui aussi s’est refusé à me mettre en cause pour obtenir une éventuelle et provisoire remise en liberté.
L’emprisonnement provisoire a pour but de permettre aux juges d’instruction de poursuivre leurs investigations, elles sont terminées, de maintenir le justiciable à la disposition du tribunal, ils ont tous les deux d’excellentes garanties de représentation, par ailleurs, la loi permet de leur appliquer un contrôle judiciaire ce qui est déjà le cas pour nombre de militants bretons, ce dont ils s’acquittent avec responsabilité.
Je vous demanderai donc de vous enquérir de leur situation respective. Cette demande n’est ni de la mendicité, ni un quelconque moyen d’échapper à des responsabilités supposées. Ils n’ont commis, comme nous tous, aucun crime contre l’Humanité. En ce qui concerne M. Solé, j’espère qu’il pourra se soigner sereinement ; par expérience je sais que la prison n’est pas un lieu adapté à ce genre de pathologie.
Je ne pense pas que quiconque souhaite un dénouement tragique qui s’avérerait d’un effet désastreux pour ceux qui ont fait le choix de fermer les yeux.
 
Kristian GEORGEAULT.
 
Texte déjà envoyé par courrier à :
 Madame BOISSEAU, secrétaire d’Etat
Monsieur NOGRIX, sénateur de Fougères
Monsieur PREVEST, Député de Fougères
Monsieur FAUCHEUX, Maire de Fougères