"Les tueurs ont leur mot à dire sur Maghaberry" : Voilà l’accroche-choc du Belfast Telegraph, qui a révélé la création de "forums de prisonniers" dans la prison de haute-sécurité de Maghaberry, à une vingtaine de kilomètres de Belfast. La semaine denière, les détenus - ex-paramilitaires, personnes condamnée pour viol ou meurtre - y ont désigné un total de quarante délégués, qui ont pu siéger lors de réunions aux côtés du personnel pénitenciaire. L’objectif ? Tenir compte de leurs avis et remarques sur l’organisation de la vie en prison.
Face aux réticences des employés de la prison, qui craignent "une menace accrue pour leurs vies", le Prison Service (chargé de la gestion des prisons britanniques) s’est justifié. Dans un droit de réponse au Belfast Telegraph, Il a défendu un projet "bon et moderne", "recommandé par le Chef-inspecteur de la justice criminelle en Irlande du Nord". "De tels forums sont courants en Angleterre et dans de nombreux autres pays", rappelle-t-il.
Une étude a été réalisée en 2006 dans 26 établissements britanniques accueillant de tels comités. Elle souligne que "deux / tiers des directeurs de prison" ont constaté l’apparition, entre prisonniers et personnel pénitentiaire, de "moyens de communication réciproques claires et d’une meilleure qualité".
ignorés par la France
En 2006, le Conseil de l’Europe a pourtant inclus, dans les Règles pénitentiaires européennes (RPE), la participation des détenus à l’organisation de la vie carcérale. Mais le respect de ces régles n’est pas obligatoire par les Etats-membres. "Il faut que le texte soit contraignant, estime Ban Public. Sinon, la France ne l’appliquera jamais." Notre système carcéral, déjà confronté à la surpopulation et au manque de moyens financiers, est décidément bien malade.