Publié le samedi 4 octobre 2008 | http://prison.rezo.net/no41-le-sida-n-oublie-personne/ Le sida n’oublie personne, Sidaction non plus Depuis sa création, en France et à l’étranger, Sidaction a eu l’audace de travailler sur des axes qui attiraient peu les acteurs de la lutte contre le sida. « Les populations “hard to reach” [1][HTR] en font partie et Sidaction s’est donc emparée du sujet », explique son directeur général Bertrand Audoin. Il y a dix ans, dans cet esprit, elle a ouvert un appel d’offres « Outreach » afin d’inciter les associations à aller au-devant des publics délaissés. « Le contexte politique actuel nous pousse à relancer cela, affirme-t-il. En effet, partout dans le monde, on laisse de plus en plus de côté les gens qui n’apportent pas de “forte plus-value économique”... En termes d’efficacité de la prévention comme de solidarité, nous nous devons donc de renforcer nos efforts tant au plan du soutien financier, technique, que logistique. » Une façon aussi de rester fidèle à certains principes. Prévention et soins pour tous « S’il est une population difficile à atteindre en matière de lutte contre le VIH, c’est celle des détenus, estime Alix Béranger, directrice du service des programmes associatifs. Le premier obstacle est matériel. Il tient à l’existence des murs derrière lesquels se trouvent ces personnes. » Cependant, une fois ceux-ci franchis, d’autres entraves existent qui sont autant de freins à l’action : clandestinité de certaines pratiques (relations sexuelles, injections...), hétérogénéité des publics, stigmatisation, discriminations. Depuis la création de la mission « Milieu carcéral » fin 2005, un nombre croissant de programmes sont menés en prison, et les frontières reculent lentement (lire p.19). Les détenus ne sont pas le seul public nécessitant une action ciblée. Sidaction a fait du soutien aux associations allant au-devant des personnes un fil conducteur de son action. « À l’époque où les bailleurs se désintéressaient de l’accès aux traitements, nous en avons fait un angle de notre travail, explique Éric Fleutelot, directeur du service des programmes internationaux. Ensuite, dans le même esprit, nous avons voulu améliorer la prise en charge des enfants touchés par le VIH. Aujourd’hui, c’est toujours avec cette logique d’intervenir là où les manques sont les plus criants que nous développons des programmes ciblant des populations difficiles à atteindre. » Quatre populations ciblées. En France, l’action d’Aremédia [2] financée en 2006-2007 est emblématique. Celle-ci mène à Paris un travail hors les murs de « rabattage », notamment chez les coiffeurs africains, pour inciter de jeunes migrants sans papiers à se faire dépister [3]. Sidaction finance également des postes de chargés de prévention issus des communautés Pôle HTR à l’international. Au sein des programmes internationaux, d’ici à la fin 2008, le nombre de projets soutenus en la matière devrait plus que doubler, ce qui amène la création d’un pôle « HTR » et une restructuration de l’équipe. Laquelle intervient d’abord en soutien. « Ce n’est pas Sidaction qui montre la voie, mais bien ses partenaires. Notre rôle est de Nina Fontaine Source : Sidaction [1] Littéralement « difficile à atteindre » [2] Association de recherche européenne pour la médecine et l’informatique interactive [3] Lire Transversal n° 29, mars-avril 2006 [4] Men having sex with men. Litéralement Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes |