Publié le samedi 31 janvier 2009 | http://prison.rezo.net/urgent-un-temoignage-en-direct-de/
Lettre adressée à Mme DATI, Ministre de la Justice - Garde des Sceaux Je viens par cette présente lettre, vous informer de ma situation préoccupante au sein du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand. J’ai été incarcéré à la maison d’arrêt de Belfort (90) au mois de Juin 2008. Pendant la détention, j’ai été victime d’une agression à l’arme blanche par un autre détenu. J’ai déposé plainte et ce détenu a été transféré dans une autre prison. Ma concubine a reçu des menaces d’amis du détenu qui m’a agressé. J’ai demandé mon transfert à la Maison d’Arrêt de Besancon (25) pour éviter des problèmes à ma concubine qui demeurait à Belfort. On m’a donc transféré au Centre Pénitentiaire de Varennes-le-Grand. En premier lieu j’ai refusé de dormir au sol, car je ne comprenais pas pourquoi on me faisait quitter ma cellule pour aller dormir sur un matelas alors que c’était l’autre détenu qui refusait de regagner sa cellule. Mais je n’avais pas le choix, puisque si je refusais, on me menaçait de m’amener de force au quartier disciplinaire. J’ai donc accepté de dormir au sol pour éviter le quartier disciplinaire. Après la réception de ce courrier le 15/01/09, le directeur M Pompille s’est empressé de me faire part de son mécontentement, par l’intermédiaire de la chef de détention et de deux brigadiers. Le jour même, ils se sont présentés à ma cellule pour encore m’ordonner de changer de cellule. Le problème, c’est qu’ils voulaient me remettre avec un détenu avec qui j’avais eu un conflit. Pour éviter à nouveau d’avoir d’autre conflits et de retourner au quartier disciplinaire, j’ai donc refusé de quitter la cellule et j’ai préféré rester dormir au sol. J’ai posé la question au chef de détention : « Pourquoi me mettez-vous avec un détenu qui me veut des conflits et non pas avec un autre détenu ? » La seule raison de mon refus était tout simplement que je ne voulais pas retourner avec ce détenu, pour éviter d’autres problèmes. Le lendemain, à 14h30, se présente encore à ma cellule, la chef de détention, 2 brigadiers et plusieurs surveillants. Un des brigadiers m’ordonna de préparer mes affaires, pour me rendre au quartier disciplinaire car j’avais 20 jours à effectuer suite à l’introduction d’une montre au parloir pour le profit de mon ancien co-détenu. Avant l’incident du 15/01/09 avec la chef de détention, j’étais en attente pour aller au quartier disciplinaire, du fait du manque de place. J’ai beau demander mon transfert auprès du procureur Général de la cour d’appel de Besançon, afin de me rapprocher de ma famille et d’éviter toutes ces persécutions. Mais le procureur m’a renvoyé vers le directeur de Varennes-le-Grand en me prétextant que ce n’était pas a lui de s’occuper du transfert. J’ai été incarcéré pour effectuer ma peine dans des conditions normales. J’estime qu’en étant enfermé entre 4 murs, je paye mes dettes. Je sais que je ne pourrai pas prouver plusieurs paroles et agissements qui ont été dîtes et faits par les agents de l’administration. J’ai malheureusement été déjà condamné a plusieurs reprises. Je ne suis jamais arrivé à un tel stade. Je n’ai jamais porté plainte pour toutes les injustices que j’ai subi lorsque j’étais incarcéré avant. Alors si je vous écris ce courrier, croyez moi, tout ce que je vous raconte sur cette lettre est vrai. Je vous en conjure, Madame le Ministre que durant toutes mes incarcérations, pas l’ombre d’une seconde je n’ai pensé à mettre fin à mes jours. Mais j’arrive à un stade où je suis poussé à bout par les agents de l’administration de Varennes le Grand. Cela m’affaiblit psychologiquement, malgré les années que j’ai passé derrières les barreaux. J’ai peur de faire une bêtise pour mettre fin à cette situation. Car celle-ci affecte aussi ma concubine et ma famille qui se font énormément de soucis. De plus avec l’éloignement de ma famille, que je vois très rarement, mon moral s’affaiblit encore plus. Je m’en remets à vous Madame le Ministre, vu que ni le procureur de Besançon, ni le Directeur de Varennes-le-Grand veulent me transférer. Je n’ai que 21ans, et je n’ai pas envie de terminer mes jours entre 4 murs mais auprès de ma concubine et ma famille. Dans l’attente, veuillez agréer mes sincères salutations distinguées. Salim MELLAH Nota Bene : Ce texte a été expurgé de ses fautes d’orthographe et grammaticale à sa demande, et pour faciliter une bonne compréhension de son témoignage. |