Publié le vendredi 20 décembre 2002 | http://prison.rezo.net/3-relations-et-communication-axe/ - TROISIEME PARTIE - RELATIONS ET COMMUNICATION : Pour fonctionner efficacement et ainsi faire aboutir leurs objectifs, les associations se doivent, elles aussi, d’être ouvertes sur l’"extérieur".
CHAPITRE 1- Les relations entretenues entre associations et administration pénitentiaire L’administration pénitentiaire s’ouvre de plus en plus sur l’extérieur, et attache notamment une grande importance au travail associatif qu’elle reconnaît comme complémentaire à sa propre mission de réinsertion. De là est née une coopération indispensable, qui laisse néanmoins une autonomie suffisante aux associations. Cette autonomie s’avère d’ailleurs essentielle dans la mesure où le milieu associatif exerce un certain contrôle sur l’administration pénitentiaire. Section 1- Entre autonomie, complémentarité et coopération Les liens existants entre les associations et l’administration pénitentiaire sont nombreux : liens financiers, humains, complémentarité dans l’action. Il faut cependant garder à l’esprit que ce sont deux milieux, au point de vue parfois différent, qui se côtoient ; une reconnaissance mutuelle est donc nécessaire.
I- Un partenariat financier souvent nécessaire Il faut, tout d’abord, différencier les associations qui agissent en vue de la réinsertion sociale des détenus (GENEPI, ANVP, Secours Catholique, Courrier de Bovet, ARAPEJ, etc.) de celles qui ont uniquement un but revendicatif. Le lien financier entre associations et pouvoirs publics est très important, puisqu’une grande majorité des associations perçoivent des subventions qui s’avèrent indispensables à la poursuite de leur activité. Ces subventions sont substantielles car elles représentent entre 20 et 40% des ressources de chaque association. D’autres associations, plus axées sur le militantisme, ne perçoivent pas de subventions publiques. L’OIP fonctionne grâce à des dons, à des financeurs privés venant de secteurs très divers (Agnès B., Carrefour, etc.), et aux ventes des produits internes (Guide du prisonnier, revue "Dedans-Dehors, etc.). L’Observatoire se veut totalement indépendant des pouvoirs publics. Il est vrai que sa vocation de dénonciation et de revendication ne pourrait souffrir du moindre contrôle de la part de l’Etat. II- Une coopération facilitée par une reconnaissance mutuelle A/ Des relations humaines parfois délicates Depuis maintenant 20 ans les associations entrent en prison, et l’administration pénitentiaire a fait d’importants efforts pour développer les moyens leur permettant d’assurer leur mission. La "pénitentiaire" s’efforce notamment de mettre à la disposition des associations tous les moyens susceptibles de les aider à former ceux de leurs membres qui le souhaitent. C’est ainsi qu’en particulier l’ENAP (Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire) et de nombreux fonctionnaires participent régulièrement aux assemblées générales, séminaires de formation ou colloques nationaux, organisés par les associations, telles que l’ANVP, le GENEPI, l’ARAPEJ, AUXILIA, le Courrier de BOVET, etc. Prenons comme exemple le GENEPI pour illustrer les relations entretenues avec l’administration pénitentiaire. Cette association a été créée sous l’égide de l’Etat, dans une logique d’ouverture des prisons sur le monde extérieur. Mr. Giscard d’Estaing s’adressa au milieu estudiantin en ces termes : "le volontariat n’est pas un moyen commode de résoudre les perpétuelles insuffisances budgétaires par le recours à la main d’oeuvre gratuite et de qualité ; c’est un moyen de montrer à tous qu’une société ne vit pas uniquement sur des relations d’argent, de contraintes et d’incitation". Il est évident que le nombre de travailleurs sociaux des établissements ne s’est pas accru en proportion de celui des intervenants extérieurs ; de fait, si beaucoup de génépistes sont parvenus à coordonner leurs prestations (formation, culture...) avec les enseignants ou les travailleurs sociaux, d’autres comme les visiteurs "classiques" demeurent souvent sans relation régulière avec le service socio-éducatif, faute de temps mais aussi bien souvent d’organisation. Les rapports avec les surveillants sont encore plus délicats. En effet, le maintien de l’ordre et de la sécurité (mission principale de l’administration pénitentiaire dans les faits) ne s’oppose-t-il pas plus ou moins à l’augmentation des contacts entre la prison et la société civile ? Le Secours Catholique a rencontré quelques difficultés pour mettre en place un service de vestiaire et ce, sous la pression des surveillants. Dans "Le monde des surveillants de prison" , les auteurs montrent que la tâche des surveillants ne consiste que très peu en une mission de réinsertion ou de punition dissuasive, mais plutôt en la gestion d’un quotidien carcéral dont elle assure la pérennité. Deux valeurs sont donc nécessaires au bon déroulement des interventions par des personnes extérieures à l’administration pénitentiaire : le respect et l’humilité. Les deux notions sont reliées au fait que les surveillants, de par leur tâche, se sentent déconsidérés au sein de la prison, déconsidération d’autant plus dure à vivre lorsqu’ils se heurtent à la mission valorisante des génépistes : oeuvrer en vue de la réinsertion des détenus. B/ La nécessité d’un dialogue permanent L’administration pénitentiaire est omniprésente tout au long de la mission poursuivie par les associations. Il est donc évident que l’association tirera bénéfice de bonnes relations avec les services pénitentiaires. Plus l’administration sera coopérative et confiante, plus elle s’engagera à faciliter le travail de l’association, en faisant connaître à son personnel la présence de ces intervenants et, aux détenus la possibilité d’en bénéficier par l’intermédiaire du service socio-éducatif. Cette coopération se concrétise parfois par un engagement officiel. Le CLIP a notamment mis au point, avec le ministère de la Justice, une "convention de partenariat". De la même manière, en 1993, le directeur de l’administration pénitentiaire rédigeait, en collaboration avec l’ANVP, la "charte du visiteur de prison", à travers laquelle la "pénitentiaire" reconnaît la nécessité de la présence d’intervenants extérieurs pour participer à la réinsertion des détenus. Ainsi, de la coopération de l’administration pénitentiaire dépend la crédibilité des associations qui doivent assurer une qualité d’intervention dans les établissements. Ceci force les associations à exiger de leurs membres une certaine rigueur d’exécution (ponctualité, régularité, etc.). A cet égard, le GENEPI fait signer à ses adhérents une charte qui correspond à un contrat d’engagement. Cette coopération ne peut donc se faire que par le biais d’un dialogue permanent. Pour cela, il doit dépasser le cadre national pour s’inscrire dans un cadre régional et départemental, par l’intermédiaire des délégations associatives qui obéissent au découpage de l’administration pénitentiaire (les 9 régions pénitentiaires : Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Strasbourg, Toulouse). En multipliant ses interlocuteurs, l’association élargit son domaine d’action. Cependant, chaque directeur d’association aboutit au même constat : les relations entretenues entre les associations et les établissement pénitentiaires varient selon la personnalité du chef d’établissement. La diplomatie est donc de rigueur pour ne pas se voir fermer les portes. Section 2- Les associations carcérales : un palliatif à l’absence de contrôle sur l’administration pénitentiaire La "pénitentiaire" reste encore aujourd’hui une administration toute puissante dans le sens où aucun contrôle, extérieur et indépendant, ne s’exerce sur ses agissements. A défaut d’un contrôle institutionnel, les associations tentent de rendre transparent ce qui se déroule derrière les murs. I- Une administration incontrôlée Peu de progrès ont été faits sur la question du contrôle des prisons, en France, depuis le XIXe siècle. Un seul contrôle extérieur est apparu avec le Comité de prévention de la torture et des traitements inhumains et dégradants. Cette instance européenne effectue régulièrement des visites dans les prisons, mais ne rend publics ses rapports qu’en cas d’accord de l’Etat concerné. Autant dire qu’un Etat, qui a des agissements à se reprocher, n’acceptera jamais la publicité du rapport le concernant. En outre, le contrôle du Comité n’a pas un caractère permanent et ne porte que sur les mauvais traitements, non sur les conditions de détention en général. Afin d’améliorer cette situation, Mme Guigou a proposé d’élaborer un code de déontologie pour le personnel pénitentiaire, ainsi que l’affichage de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dans les prisons. Parallèlement à cela, un projet, allant dans le sens d’un contrôle, a été amorcé, mais n’a malheureusement pas abouti. D’autres types de dispositifs seraient cependant utiles aux détenus. Ils pourraient consister en un mécanisme de recours extrêmement rapides, qui puissent intervenir sur des conditions de vie quotidienne. Par exemple, la Hongrie et le Royaume-Uni ont mis en place un système d’"ombudsman", à savoir une personnalité indépendante responsable devant le Parlement, qui est saisie directement par courrier, peut donner des réponses rapides et détient un pouvoir d’intervention directe sur des cas particuliers. Bien sûr, il a également un pouvoir d’enquête générale et fait chaque année un rapport au Parlement sur l’état des prisons. II- Vers une transparence de l’administration pénitentiaire grâce aux associations Par le biais de leurs revendications, les associations attirent l’attention sur les problèmes rencontrés de manière récurrente en milieu carcéral. Ce travail de transparence va encore plus loin grâce aux rapports annuels de l’OIP, ainsi qu’à la publication "Dedans-Dehors". Tous deux font état d’actes répréhensibles qui ont lieu en prison. Un directeur et des surveillants ont été renvoyés, des comportements racistes en étaient la cause. Ces faits avaient été dénoncés par l’OIP, mais on ne sait si la réaction de l’administration pénitentiaire a été due aux dénonciations de l’Observatoire ou si elle s’en est servie pour enrayer des situations existantes déjà connues. Grâce à ces initiatives, la "pénitentiaire" sait que d’autres savent et cherchent à faire savoir. On peut également rappeler la réaction hostile de l’administration lors de la journée mondiale des droits de l’homme, le 10 décembre 1997. Durant cette journée, l’OIP avait organisé une distribution de guides du prisonnier, par des personnalités. L’administration pénitentiaire avait donné son accord afin que des personnes extérieures entrent en prison, pour remettre personnellement les guides, et ce, en présence des média. Pourtant, dans un grand nombre d’établissements, la presse n’a pas été autorisée à entrer. On peut regretter cette réaction, surtout quand on sait qu’aux Etats-Unis, où le régime pénitentiaire n’a rien d’enviable, des journalistes entrent régulièrement en détention. C’est dire que nombreux sont encore ceux qui, au sein de l’AP, refusent qu’un regard extérieur se porte sur la prison. Les associations travaillent donc pour une transparence de l’administration pénitentiaire. On peut considérer cela comme un contre-pouvoir qui s’auto-mandate afin de contrôler ce qui se passe en détention. Le GENEPI, par exemple, a intégré cette notion de contrôle dans sa Charte : "Le GENEPI, association citoyenne, attachée au respect des Droits de l’Homme, a le devoir de rendre compte de leurs violations éventuelles" Cependant, ce contrôle n’est évidemment pas assorti de sanctions, et si certaines interviennent parfois, c’est toujours de manière indirecte.
CHAPITRE 2- Sensibilisation et prise de conscience de l’opinion publique ou comment faire émerger un débat sur le phénomène carcéral La prison est encore un sujet tabou dans la société actuelle. L’intérêt porté par les politiques et les citoyens demeure limité. Des opérations de sensibilisation et d’information sont d’ores et déjà mises en oeuvre par le milieu associatif, cependant les moyens utilisés restent à développer pour toucher l’ensemble de l’opinion publique. Section 1- Evaluer l’appréhension des citoyens sur le système pénitentiaire I- Une enquête menée par le GENEPI Au-delà des actions d’enseignement et d’animation en détention, le GENEPI développe des activités visant à l’amélioration du contexte économique, social et psychologique de la réinsertion des personnes incarcérées. L’association mène notamment à ce titre des actions d’informations et de sensibilisation du public, touchant au domaine de la prison et de la justice (débats, diffusion de films, publications, etc.). Il apparaît en effet essentiel que la société soit en mesure de contribuer à l’insertion sociale des personnes qu’elle condamne, sans quoi le sens de la peine s’en trouve affecté. Cependant, pour informer les citoyens convenablement, encore faut-il déterminer dans les grandes lignes ce qu’ils savent de l’institution pénale ou plutôt quelle vision ils en ont. Si un certain nombre de travaux ont déjà été menés pour évaluer comment les français appréhendent la justice, aucun n’a encore permis de dresser un tableau des connaissances et des représentations qu’ils ont de la prison. Partant de ce constat, il a semblé intéressant au GENEPI d’établir une première base de données sur les connaissances qu’ont les français de la prison. Par ailleurs, deux cents étudiants du GENEPI ont participé à l’enquête en interrogeant, entre mars et avril 1995, plus de deux mille français sur l’ensemble du territoire métropolitain. La phase d’enquête sur le terrain fut donc en elle-même une opération d’information et de sensibilisation du public de grande envergure, marquée par de nombreuses et longues conversations entre les enquêtés et les étudiants. Le questionnaire tente d’aborder les différents aspects de la prison en mélangeant des questions appelant une réponse quantitative ou juridique précise ("Combien de personnes sont aujourd’hui incarcérées en France ?", "A partir de quel âge un mineur peut-il être incarcéré ?") à quelques questions faisant appel à l’opinion des enquêtés ("Le travail en prison est-il souhaitable ?"). Les thèmes principaux ressortant du questionnaire sont relatifs au cadre de détention, aux droits des détenus, à la population incarcérée, au personnel de surveillance et à la sécurité, ainsi qu’à la prison et la justice de manière générale. Un certain nombre de variables à propos des enquêtés (par exemple : âge, sexe, professions, niveau de diplôme, etc.) ont également été pris en compte. II- Le constat découlant de l’enquête Un premier regard sur les réponses des enquêtés permet d’affirmer que les connaissances sur la prison sont globalement faible quelque soit le domaine et ce, même en se satisfaisant de réponses approximatives. Pourtant, la prison est une institution connue de tous dans le sens où chacun sait qu’elle existe, qu’elle est un lieu d’enfermement, de privation de liberté. Elle fait partie du vocabulaire simple : le terme "prison" est acquis rapidement par l’enfant entre trois et quatre ans, notamment parce qu’il est présent dans les jeux (jeu de l’oie, monopoly, marelle, etc.) et surtout dans le vocabulaire imagé et symbolique. Le poids du symbole influe sur les représentations et les connaissances de la prison. En effet, habituellement, une opinion sur un fait sociologique se construit à partir des connaissances d’un individu qu’il apprécie au regard de ses propres valeurs. Or, pour ce qui concerne la prison, l’équation s’inverse : les connaissances n’existant pas, elles sont construites à partir d’une idée préconçue. Cette opinion dépend elle-même des valeurs symboliques contenues dans le terme "prison". Il faut en quelque sorte que la description de la prison corresponde au mieux avec sa représentation imagée et symbolique, sinon c’est le sens même du symbole qui est affecté. C’est ainsi que l’enquêté cherche dans ses réponses à ne pas trop s’éloigner des valeurs caractéristiques qu’il se construit de la prison. Comparée à d’autres institutions toutes aussi importantes pour leur rôle social (le Parlement, les tribunaux, l’Ecole, etc.), la prison peut-être, a priori, beaucoup plus facilement décrite en termes simples : on sait ce qu’est une prison, on est même souvent capable de dire où elle se situe dans sa ville (84,4% de bonnes réponses). Seulement, les connaissances semblent le plus souvent ne pas dépasser "l’image d’Epinal". Malgré cela, les enquêtés ont incontestablement une approche critique de la prison. Une majorité importante se dégage pour considérer que : les conditions de détention sont plutôt mauvaises ; les droits de l’homme ne sont pas suffisamment respectés ; une détention provisoire de 6 mois est trop longue, voire inacceptable. Corrélativement à cette opinion critique, 64,4% des enquêtés estiment que certains délits ne justifient pas l’incarcération pourtant prévue par la loi et 66,6% que la prison doit évoluer. Ces résultats confirment l’absolue nécessité de communiquer sur la prison, mais aussi sur les phénomènes de déviance, de délinquance et d’exclusion. L’adage "Nul n’est censé ignorer la loi" n’est pas uniquement une question de procédure mais c’est aussi une question de légitimité de la loi. Or, les pratiques judiciaires sont mal connues, c’est pourquoi il nous paraît fort important que les personnes (professionnels, associations) qui travaillent en prison, expliquent ce que sont les phénomènes de détention, et rappellent la réalité de la délinquance.
Section 2- Des difficultés à toucher un large public Un des enjeux du décloisonnement de la prison est l’information et la sensibilisation du public. Les actions entreprises par tous vont dans le sens d’une meilleure connaissance de la prison et de la justice par les citoyens. Cependant, les efforts doivent se développer afin de toucher un public bien plus large encore. I- Des initiatives tendant à sensibiliser l’opinion publique La prison est un endroit clos, alors pourquoi s’y intéresser ? Pour dissiper le réflexe de peur vis-à-vis des sortants de prison, amener une information objective pour mieux comprendre les enjeux de la prison et du développement des alternatives, sensibiliser chaque citoyen à une institution au coeur de sa ville. L’action publique dans ce sens existe, qu’elle émane du ministère de la justice ou de l’administration pénitentiaire. En premier lieu, cela passe par des manifestations d’envergure telles que les Journées de la Justice dont deux éditions ont déjà eu lieu. On peut en critiquer la mise en oeuvre, la vision qui en ressort de la justice, toujours est-il qu’il s’agit là d’une initiative de taille à laquelle bon nombre de visiteurs sont venus, par curiosité, pour trouver une réponse précise ou pour apprendre. La manifestation n’a pas été maintenue par l’actuel Garde des Sceaux et on peut le regretter. C’était là l’occasion pour l’administration pénitentiaire de tenir pignon sur rue et de répondre à de multiples questions. C’était aussi l’opportunité pour les personnels pénitentiaires de trouver une oreille intéressée par leur travail, de "casser" quelques images d’Epinal. Mais c’est dans sa pratique quotidienne de la communication que l’administration pénitentiaire peut le plus. Certes, les média s’intéresseront plus particulièrement aux situations de crise sans aller plus loin. On l’a vu lors de la mutinerie de Dijon où les chaînes de télévision ont essayé de comprendre en invoquant le "malaise carcéral" sans prolonger sereinement la discussion parce que la mutinerie passée, il n’y avait plus d’images d’une prison en flammes. Parce que les citoyens connaissent mal la prison et que l’administration pénitentiaire ne peut combler seule les lacunes, les associations doivent mener des actions d’information du public. Ces actions prennent diverses formes. Toutes ces actions existent pour faire en sorte que la prison entre dans le domaine public, mais ce n’est pas chose facile que de toucher un large public. II- La relative efficacité des moyens d’information mis en oeuvre ou comment susciter une véritable sensibilisation L’aspect rébarbatif de beaucoup de nos prisons (leur haut mur, leur tour de garde, leur lourde porte et leur cadre sinistre) crée une impasse dans la mesure où la société ne sait guère ce qui s’y passe et n’en connaît que ce qui va mal. Sur le principe, le public touché lors d’interventions dans les lycées ou dans les lieux côtoyés un peu partout dans les villes est bien plus large que dans les forums où quelques "égarés" ont eu la curiosité de se présenter. A cet égard, le GENEPI mène une action d’information auprès d’écoliers. Des étudiants, qui rendent compte de la prison, qui expliquent le système judiciaire, avec des mots compréhensibles pour les plus jeunes, développent ainsi une véritable connaissance et peuvent susciter un intérêt auprès de personnes qui peut-être n’auraient jamais réfléchi sur le phénomène carcéral. Cette initiative permet en outre de démystifier la prison, d’en faire comprendre le sens et les problèmes. Aller dans la cité pour parler de la prison, cela signifie aller dans les cinémas commenter un film où les réalités carcérales sont présentes (et pas uniquement les documentaires qui touchent encore ces publics restreints), inscrire les associations carcérales dans le cadre plus large des associations de quartiers, et finalement ne pas hésiter à investir les plateaux de télévision même si l’on a des réticences sur la nature de l’émission que l’on peut trouver un peu trop "populaire". Le problème est en fait de savoir qui l’on veut toucher. Si le public visé est bien la population française dans son ensemble, le message des associations intervenant en prison ne doit pas être élitiste, dans le sens qu’il ne touche que les personnes impliquées dans le domaine. |