Publié le dimanche 8 juin 2003 | http://prison.rezo.net/projet-professionnel-carceral-de/ Avertissement Historique Prospection d’entreprises Les appels sont limités à 15mn et, durant longtemps, à deux appels par semaine, plus quelques appels exceptionnels. L’usage d’une cabine réservée aux arrivants, peu utilisée, m’est refusé. Souvent, il faudra de multiples appels pour joindre le bon interlocuteur et essuyer un refus. Le tiers de mes ressources est dépensé en cartes de téléphone. En tout, une trentaine d’entreprise se montre intéressée. Mais l’interdiction qui s’est faite d’utiliser des moyens de communications actuels ( téléphone, email, télécopie) les éloigne toutes. Fin novembre 2000, une SSII avec laquelle je suis en contact depuis quelques semaines nous rencontre, l’autre programmeur et moi-même. D’emblée je constate un changement frappant dans le ton et les salaires évoqués qui deviennent indécents. Ceci suite à une entrevue avec la direction. Nous ne donnerons pas suite. Peu, après, je permettrai à ce détenu brillant de travailler pour une SSII locale pour une rémunération certes inférieure à celle du marché ( 1700 euros ) mais exceptionnelle comparée à celle de la RIEP ( 400 euros environ ) et citée comme telle par M.le sénateur Paul Loridant. Succès Malgré tout, la société finit par répondre favorablement à mon attente. Elle accepte de me confier du développement logiciel par correspondance. La direction de la maison centrale fait pression pour signer un contrat de concession et m’affecter à un atelier dédié ( une cellule de 7m2 ) avec un poste téléphonique bridé permettant uniquement de recevoir les appels de la société, et la possibilité d’y installer deux ordinateurs reliés par un câble « réseau » local . Mon employeur et moi refusons pour plusieurs raisons : 1- L’atelier accessible 28 heures hebdomadaires, ferme à 16 heures du lundi au jeudi, et à 11h45 le vendredi. Horaires incompatibles avec ceux de la société ouverte le samedi et fermée le lundi ; 2- L’atelier jouxte un atelier de métallerie avec des machines très bruyantes ; 3- Le téléphone bridé m’interdit de joindre aussi bien la société que ses clients, quand les détenus oisifs ont accès libre aux cabines de la détention depuis septembre 2001, sans restriction de numéro appelé ; 4- Inscrit en 2001 en licence d’informatique étalée sur deux années, je dois fréquenter le centre scolaire situé dans un autre bâtiment ; travailler en atelier m’empêcherait d’y accéder et d’étudier parallèlement ; 5- L’ouverture d’une concession avec salaire mensuel est trop contraignante : la société désire m’employer à la commande et me rémunérer à la livraison, sans autres investissements immédiats ; c’est pourquoi nous demandons et obtiendrons, à grand peine, de me permettre de travailler en cellule avec mon ordinateur personnel sous le régime du bon commande de travail par main d’œuvre pénitentiaire ; la société, située à 70 kms, se déplacera six fois avant qu’on lui remette le document approprié. 6- La volumineuse bibliothèque technique qui m’est nécessaire ne peut être transportée vers l’atelier la journée puis ramenée en cellule le soir. De même pour mon ordinateur. Démarrage de l’activité Très vite, nous demandons à pouvoir communiquer par télécopie, par email, et à me doter d’un matériel minimum supplémentaire en cellule : un second ordinateur+ une liaison « réseau »locale par câble avec le premier. L’ensemble de ces demandes est refusé oralement. Aucun écrit n’est jamais produit. Le directeur adjoint en charge du travail m’autorise cependant l’usage d’un second ordinateur en cellule, ce que le directeur interdit aussitôt. On me répond à nouveau ( oralement) qu’une « solution globale » est étudiée pour permettre à « l’ensemble des détenus informaticiens » ( nous sommes deux sur deux cents) de travailler et communiquer avec des entreprises, sous contrôle de l’administration pénitentiaire. Ceci ne se concrétisera jamais. Situation actuelle Le 7 avril dernier, j’ai saisi une dernière fois la direction de la maison centrale ( courrier AR) pour la prier d’examiner nos doléances. J’y ai joint deux attestations techniques d’un expert qui certifient de l’inocuité des cartes « réseau » locales et de la nécessité du graveur ( officiellement inexistant ) pour effectuer une sauvegarde durable des données. Ceci alors qu’aucun texte ou document n’interdit à ma connaissance l’usage des cartes « réseaux ». la crainte qu’un détenu réussisse miraculeusement à se connecter sur l’internet avec une simple carte réseau est irréaliste : il faut disposer d’un abonnement, d’un téléphone. Des copies du courrier ont été adressées à la direction régionale des services pénitentiaires de Paris et à la direction centrale de l’administration pénitentiaire. En conclusion, j’évoque l’abandon de mes espoirs professionnels et le recours à la charité publique. Relations avec l’administration pénitentiaire En avril 2002, je demande confirmation écrite à la direction régionale des services pénitentiaires de Paris ( DRSP ) de l’exercice durable de mon activité en cellule. Il m’est répondu que le renouvellement des bons de travail dépend uniquement du chef d’établissement. En Août 2002, afin que tout soit clairement établi et légalement constitué, je re-contacte la DRSP pour obtenir une confirmation officielle, écrite, des conditions de travail qui me sont accordées. Leur remise en question aurait des répercussions financières très importantes sur la société qui m’emploie et signerait, c’est à craindre, la fin de notre collaboration. Je sollicite l’assurance écrite que je puis continuer à travailler en cellule dans les conditions qui sont les miennes. Cette fois, aucune réponse écrite ne me parviendra. En Octobre 2002, je rencontre un membre de la DRSP en charge du travail qui me félicité de ma persévérance à vouloir travailler. Il promet de rencontrer rapidement mon employeur pour trancher la question des cartes « réseaux » avec un informaticien de l’administration pénitentiaire. Six mois plus tard, mon employeur a du mal à le joindre et n’a toujours pas réussi à obtenir un rendez-vous. Vers mars 2003, mon employeur contacte la RIEP de Poissy et demande, sous réserve d’acceptation par l’administration pénitentiaire, à louer une fraction de leurs moyens techniques ( email, télécopie ) pour lui permettre de communiquer avec moi. Des données pourraient ainsi être échangées plus rapidement, sous contrôle total de l’administration pénitentiaire, nous permettant de devenir plus performants. A ce jour, il n’a reçu aucune réponse ; Problèmes Conclusion Gilles |