Publié le mardi 4 novembre 2003 | http://prison.rezo.net/risque-d-amputation-disparition-du/ Risque d’amputation, « disparition » du dossier médical, falsification de la vérité pour empêcher sa remise en liberté, un témoignage hallucinant du prisonnier politique Alain Solé. Suite à la visite du député Christian Ménard à la maison d’arrêt, Alain Solé à écrit à la CARB pour rendre compte de cet entretien. « Vu le peu de temps qu’il pouvait me consacrer, j’en suis arrivé à l’essentiel, mon premier souci sur les derniers arrêts de la Cour. Tout d’abord le 1er rapport d’expertise effectué par le Pr Azorin, Ledry et Gaux, le 1er de l’Hôpital Avicenne et les deux autres de l’Hôpital européen Georges Pompidou, de m’examiner et de rédiger un rapport en ce sens. Ceux ci après avoir consulté les documents médicaux « radio, dopyler, coronographie, artériographie et scintigraphie » ont déduit que mon état de santé était incompatible avec la détention normale et l’incarcération hospitalière jusqu’à complet rétablissement avec séjour dans un établissement de rééducation cardiaque et que avant tout retour normal, il sera procédé à une nouvelle expertise. Le 8 juillet, je comparaissais de nouveau devant la Cour d’Appel, non pas seulement pour demander ma remise en liberté mais pour faire procéder à l’expertise demandée, et que cette cour avait convenu avant tout retour en détention. L’avocat général, lui aussi, avait fait cette démarche à l’audience. (...) J’en reviens donc au médecin de la Maison d’Arrêt. Il a précisé que mon dossier médical avait été pillé (mot souligné dans sa lettre par Alain Solé), ceci devant le député et moi-même. Ce qui veut dire que l’on ne peut plus établir la chronologie de ma pathologie du début à ce jour de mon incarcération. Ce qui est le plus grave et criminel, lorsque le médecin urgentiste de l’Hôpital de Fresnes m’a examiné suite à mon artériopathie de l’artère iliaque, il s’est aperçu que j’avais fait un infarctus du diabète, dit silencieux en comparant le résultat d’un électrocardiogramme qui datait de mai 2000 ! Alors que depuis cette date, j’avais effectué de nombreux électrocardiogrammes. Ceux-ci ont disparu du dossier médical mais où ? Soit à Villepinte soit à Fresnes (Maison d’Arrêt). Peut-être que certain(e)s ont voulu « dégraisser » un dossier devenu trop lourd. Hors tous les médecins y compris Christian Ménard savent que chez le diabétique on dit l’infarctus silencieux car on se le sent pas arriver et peut-être létal, d’où la périodicité rapprochée des électrocardiogrammes chez le sujet à risque, ce qui est le cas. De plus, nous avons parlé de récidive d’infarctus chez le sujet diabétique, car ce n’est pas parce que la chirurgie a réparé ces artères que cela ne peut plus se produire. Le diabète étant une maladie incurable, le docteur Grinda qui m’a opéré et a effectué le double pontage coronarien s’est réservé de tout pronostic. Il l’a indiqué dans son rapport post-opératoire. Ce sont les meilleurs chirurgiens de la place de Paris qui se sont occupés de moi, et contactés avant par le chef de service de l’hôpital de Fresnes, celui-là même qui avait rédigé un rapport médical à la demande du juge Thiel suite à mon 1er accident vasculaire. Chrisitan Ménard a aussi demandé au médecin s’il était confectionné des repas de régime approprié à la Maison d’Arrêt de Nanterre. Il n’a pas su répondre. J’ai dit que ces repas ne sont pas adaptés à chaque pathologie et étaient faits à l’identique avec pas plus de 1400 calories. Ca fait maigre. J’ai aussi relaté le refus d’extraction dont m’avait informé le médecin et qu’une plainte avait suivi. J’imagine que le juge d’instruction chargé de cette enquête a déjà débuté l’information car le médecin s’est ravisé en disant qu’il avait appris que je devais être transféré dans les jours suivants et que l’administration pénitentiaire n’avait pas trouvé urgent de m’extraire. Je n’en crois pas un mot car le médecin était affolé de ne pouvoir m’envoyer aux soins d’urgence de l’hôpital de Fresnes craignant une gangrène au pied gauche devenu froid et bleu, sans pouls, avec le risque d’amputation. Aujourd’hui il dit que cela n’était pas urgent et que cela pouvait attendre encore quelques jours. Bizarre, non ? Le médecin urgentiste de Fresnes m’avait dit que si je n’étais pas venu cette journée, c’était le bloc opératoire. J’ajoute aussi que, cet après midi 4 octobre 2002, la directrice adjointe, le chef de détention et le bricard avaient été alertés par le médecin de cette urgence, alors que je lui répondais que ça pouvait attendre lundi ne voulant pas passer le week-end à l’hôpital - mais me prévenant des risques je m’étais ravisé. Alain Solé, prizoniad politikel breizhat |