Publié le dimanche 28 décembre 2003 | http://prison.rezo.net/5-discussions/ D’après les différents résultats, nous pouvons conclure, au vu du nombre de personnes stressés et du nombre de personnes pratiquant du sport, que les activités physiques en prison sont très mal adaptées à la population ou bien alors, elles ne sont pas assez régulières. Mais, en parallèle à leur niveau général bas, on peut constater que 64,29% ont un niveau de calme normal voire bon et super. Si les APS n’ont pas d’effet sur les items, on peut se demander pourquoi ce calme. Grâce au questionnaire individuel, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’il y aurait une relation entre « fumer du cannabis » et « être calme ». En effet, ils sont une grande majorité à fumer cette substance additive. Elle peut modifier la perception de leur stress et de leur santé. Ils arrivent souvent dans les murs sans en avoir jamais touché. Et à l’intérieur, pour échapper à la monotonie de l’espace et du temps, pour oublier les difficultés et leur environnement, ils fument. Certains nous ont dit « je fume pour oublier, pour pouvoir dormir et me détendre ». Ce n’est pas avec une séance d’1h30 de football ou musculation, trois fois par semaine qu’on arrivera à faire baisser le nombre de stressés ou leur consommation de cannabis. Il ne suffit pas de les mettre devant un ballon pour qu’ils puissent retrouver une certaine jouissance et une restructuration de leur schéma corporel. Pour remédier à ce problème, il serait intéressant de mettre en place des vrais projets, des cycles d’éducation physique adaptée. Il faut leur proposer des activités qui leur permettent vraiment de penser à autre chose, de développer les différents items et leur inculquer une certaine culture sportive. En effet, dans ce milieu, les populations sont souvent issues de milieu défavorisé et qui n’ont pas de références sportives autre que le football. Il serait judicieux de parvenir à stimuler chez les détenus une certaine envie. Il faudrait les amener à les faire participer activement aux cours d’activités physiques, qu’ils deviennent créatifs, responsables, respectueux. Et surtout qu’ils puissent rompre avec la léthargie du milieu carcéral. Pour cela, il faudrait peut être revoir notre façon d’appréhender les activités physiques et de les adapter à cette population. Et pourquoi ne pas profiter de cette ouverture sur l’extérieur et de l’aide d’intervenant pour faire passer des techniques et des valeurs sportives ? Il faudrait peut être mettre à contribution les détenus et écouter leurs désirs pour qu’ils puissent s’investir dans ce projet. En effet, lors des entretiens, quelques idées sont ressorties quand à leur désir d’activités. Les sports de combat (lutte, boxe, art martial…) peuvent être une grande aide à la maîtrise de soi, au respect de l’autre, à la discipline. Ce groupe de sport développerait chez les détenus, la confiance, la compétence, la stabilité. En effet, l’apprentissage des techniques corporelles de ces sports passe par un apprentissage de son propre schéma corporel et de sa personnalité. Par contre, un double phénomène risque de se produire, une montée de violence envers eux même et envers les autres. Toutes les activités proposées ci-dessus, peuvent permettre de développer le corps et l’esprit du détenu mais cette liste n’exclut pas les autres activités, dites classiques. Des activités physiques bien adaptées peuvent réellement permettre une réduction du stress et de l’anxiété. Et de retrouver un corps sain dans un esprit sain même dans un lieu aussi anxiogène et controversé qu’est la prison. Les détenus ont droit à toutes les activités qui ne vont pas à l’encontre de la privation de liberté de l’individu. Nous oublions trop facilement, que les individus derrière ces grands murs et fils barbelés sont aussi et surtout des êtres humains. Et que le contrôle des corps ne passe pas forcément par l’absence de la pratique des activités physiques. Malgré toutes les lois, les activités physiques en prison ne sont pas les priorités du ministère de la justice. Alors pourquoi parler de réinsertion par le sport, si rien n’est proposé ? Suivons nous le modèle américain ? Allons nous « américaniser » nos pratiques et nous aligner sur les codes pénaux européens ? Ne risquons nous pas de mettre en place un système « tolérance zéro » et d’exporter dans les institutions carcérales la pauvreté de l’extérieur ? Le gouvernement va-t-il s’intéresser un peu plus à ce qu’il se passe à l’intérieur de ces murs et proposer de véritable projet de réinsertion pour ces individus « dénudés » ? Qui envoyer en prison et quelle forme d’incarcération ? Autant de question qui nous ferons avancer sur les conditions de vie des détenus. Il nous faut changer les prisons, il nous faut changer « la prison ». [1] Définition de l’OMS [2] François RABELAIS Gargantua |