Publié le mercredi 20 octobre 2004 | http://prison.rezo.net/1995-enseignement-dans-les/ Enseignement dans les établissements pénitentiaires Circulaire n° 95-101 du 27 avril 1995 B.O. n° 18 du 4 mai 1995 Texte adressé aux recteurs d’académie ; au directeur de l’académie de Paris ; aux inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’éducation nationale et aux directeurs régionaux des services pénitentiaires. Sommaire 1. Besoins en formation de la population pénale 2.1. Un objectif éducatif de soutien à la personne 3. Des réponses pédagogiques adaptées à une population d’adultes détenus 3.1. Un enseignement et une pédagogie adaptés 3.2.1. Le projet pédagogique 4. Une organisation adaptée 4.1. Organisation administrative du dispositif 4.1.1 Structures - Au niveau national 4.1.2. Organisation du service d’enseignement 4.1.3.1. Catégories d’enseignants 4.2. Efficience du dispositif
Introduction La présente circulaire précise les dispositions de la convention dans les domaines pédagogique et administratif. Elle définit ainsi : - les besoins en formation de la population pénale ; Pour ce public, le premier objectif est la maîtrise des savoirs fondamentaux : langue orale et écrite, mathématiques, connaissance du monde actuel. Ce niveau de compétences fondamentales peut être validé par le certificat de formation générale. Au-delà de ce premier niveau, d’autres détenus ne possèdent ni qualification ni diplôme, bien qu’ils aient suivi un enseignement secondaire. Enfin, une partie restreinte de la population pénale doit avoir accès à un enseignement secondaire ou universitaire allant du diplôme national de brevet jusqu’aux diplômes universitaires. 2. Finalité et objectifs généraux de l’enseignement Pour tous les jeunes et adultes en détention, l’enseignement poursuit plusieurs objectifs. 2.1. Un objectif éducatif de soutien à la personne - il contribue à fixer des objectifs à court terme et à construire des projets qui structurent le temps ; La mise en œuvre de ces objectifs relève de la responsabilité directe des enseignants. Leur action peut être complétée par des associations, des organismes relevant du secteur de la formation professionnelle : les différents personnels de l’administration pénitentiaire y contribuent en fonction de leur statut et des responsabilités qui leur sont confiées. 2.3. Un objectif d’ouverture aux différentes formes d’accès au savoir De nombreuses innovations pédagogiques ont marqué les trente ans de pratique de l’enseignement en prison : ateliers d’écriture, théâtre, code de la route, journaux de détenus, liaisons entre l’enseignement et les activités professionnelles, socio-éducatives, culturelles... Ces pratiques doivent être reconnues et soutenues, dès lors qu’elles sont un support de l’action pédagogique et s’inscrivent dans un enseignement structuré. 3. Des réponses pédagogiques adaptées à une population d’adultes détenus Les enseignants, en relation avec l’ensemble des autres partenaires intervenant dans l’établissement, s’efforcent de mener une politique d’incitation visant à permettre l’accès à l’enseignement des détenus qui, même sans être demandeurs, du fait justement de leur grande marginalisation, pourraient utilement en bénéficier. S’agissant d’adultes dont les niveaux sont très hétérogènes et pour lesquels l’enseignement peut renvoyer à des souvenirs d’échec, le retour dans un processus d’apprentissage suppose une démarche personnalisée, prenant en compte les acquisitions antérieures, l’expérience et les motivations de la personne concernée. La formation d’adultes ne consiste pas à reprendre à l’identique un cursus d’enseignement primaire ou secondaire. Les activités pédagogiques soutiennent la motivation, réactivent la mémoire et les compétences antérieures, révèlent et renforcent les capacités d’apprentissage. Une organisation de l’enseignement en modules favorise cette démarche pédagogique. Le choix des méthodes pédagogiques relève de la responsabilité des enseignants, cependant il convient de souligner l’intérêt, dans le cadre d’une formation d’adultes en difficulté : - de fonder l’action pédagogique sur leur capacité à apprendre ; - l’enseignant observe des activités et des résultats en termes d’acquis et de compétences, ainsi que des évaluations qualitatives qui peuvent être prises en compte dans un travail régulier avec les personnels socio-éducatifs et le juge d’application des peines ; 3.2.1. Le projet pédagogique Dans ce cadre, le responsable local de l’enseignement articule les activités d’enseignement avec celles des services socio-éducatifs (de l’accueil à la préparation de la sortie), de la formation professionnelle des bibliothèques, des activités sportives, culturelles, associatives et les activités d’enseignement assurées par des intervenants extérieurs. L’utilisation d’un dossier scolaire ou portefeuille de compétence doit être généralisée afin de permettre un suivi adapté et une continuité des études en cas de transfert d’une maison d’arrêt dans un établissement pour peines ou lors de la libération. 3.2.2. L’accueil Il appartient à l’équipe pédagogique de définir avec la direction de l’établissement, les moyens d’informer tous les détenus entrant de l’existence du dispositif d’enseignement de l’établissement et les modalités d’accès à ce service. Un bilan des acquis est proposé aux détenus qui le souhaitent. Au-delà de la simple information, les équipes pédagogiques se donnent pour priorité de repérer les détenus illettrés. Les plans locaux de formation définissent les actions nécessaires pour organiser cet accueil. 3.2.3. La période de détention Les séquences d’enseignement général se coordonnent avec une formation professionnelle et/ ou l’exercice d’un emploi en détention dans le cadre d’une pédagogie par alternance. 3.2.4 La préparation à la sortie La pertinence du dispositif d’enseignement suppose que les acquis soient validés et fassent l’objet d’une certification reconnue (certificat de formation générale, brevet, baccalauréat, diplôme universitaire...), d’une validation par unités capitalisables, d’un positionnement ou d’une attestation de cursus suivi et de niveau atteint (certificat de compétences...) qui permettent une poursuite des apprentissages après la libération. Enfin, les enseignants apportent aux autorités judiciaires, une appréciation du travail réalisé par le détenu. Ils peuvent, le cas échéant, participer à la commission d’application des peines. Ils communiquent au service socio-éducatif les informations relatives au processus de formation entamé si le détenu fait l’objet après sa sortie d’un suivi en milieu ouvert. 4. Une organisation adaptée Un fonctionnaire détaché par le ministère de l’Éducation nationale auprès de la direction de l’administration pénitentiaire est chargé d’assurer au sein du bureau du travail, de l’emploi, de l’enseignement et de la formation professionnelle, l’articulation entre les deux ministères : ses missions sont définies par une lettre conjointe des deux administrations. - Au niveau régional L’U.P.R. est placée sous l’autorité d’un responsable qui reçoit ses missions conjointement, pour l’administration pénitentiaire, du directeur régional des services pénitentiaires et, pour l’Éducation nationale, de l’autorité académique compétente. Auprès du directeur régional des services pénitentiaires, le responsable de l’U.P.R. a pour mission d’organiser l’ensemble des activités d’enseignement en recherchant leur intégration dans la politique de réinsertion de la direction régionale. Il établit et met en œuvre le projet pédagogique de l’unité régionale (organisation des formations initiales ; adaptation pédagogique spécifique ; modalités de validation des acquis ; formation des personnels enseignants...). Sous la responsabilité du directeur régional et en concertation avec le chef d’unité de formation professionnelle, qui est en charge de toutes les actions relevant de la formation continue des détenus, le responsable de l’unité pédagogique participe à l’élaboration du plan régional de formation (articulation des formations initiales avec les autres formations, les stages rémunérés et le travail dans les ateliers et services...). Sous la responsabilité des recteurs ou des inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’Éducation nationale, il a mission d’organiser et de coordonner les activités d’enseignement. Il exerce cette mission en liaison avec les corps d’inspection compétents. Il examine les modalités d’intervention des services d’information et d’orientation. Il élabore le projet pédagogique régional dans lequel doivent s’intégrer les projets d’enseignement des établissements pénitentiaires de la direction régionale. - Au niveau local L’organisation du service d’enseignement est arrêtée, sur proposition du responsable local, par le responsable de l’unité pédagogique régionale en fonction de la nature du public présent dans chaque établissement. 4.1.2. Organisation du service d’enseignement Cependant, dans le cadre des quartiers accueillant des mineurs ou des femmes, peuvent être constitués des groupes inférieurs à 5 si le nombre de détenus le requiert. L’horaire hebdomadaire effectif moyen d’enseignement des instituteurs, instituteurs spécialisés et professeurs des écoles est réparti, au minimum, sur 7 demi-journées. L’organisation du service prend en compte la nécessité d’articuler étroitement l’enseignement général et les formations professionnelles, d’aménager les horaires hebdomadaire et journalier d’enseignement en concertation avec les autorités académiques compétentes, de façon à permettre la scolarisation des détenus qui travaillent. Afin de permettre une permanence des activités d’enseignement pendant les périodes de vacances scolaires, un calendrier annuel de la formation est organisé en concertation avec l’ensemble des partenaires concernés, il est soumis à l’approbation des autorités académiques. Dans les établissements pénitentiaires où un seul enseignant est affecté, le responsable de l’U.P.R. lui confie, de fait, la fonction de responsable local ; toute autre fonction qui pourrait lui être demandée (par exemple, conseiller technique de lutte contre l’illettrisme) ne devrait pas entraîner une réduction totale de son horaire d’enseignement supérieure à un quart de temps. 4.1.3. Les personnels enseignants La présence d’enseignants à temps plein facilite la connaissance des contraintes de la détention, la collaboration avec les services, la participation aux responsabilités locales... Partout où les besoins d’enseignement secondaire ou universitaire sont recensés, l’unité pédagogique régionale apporte des réponses soit par le recours à des enseignants du second degré, à temps partiel ou à titre de vacataires, soit par de l’enseignement à distance ou l’appui de bénévoles, soit par une mesure d’orientation vers un autre établissement mieux adapté pour la formation demandée. 4.1.3.2. Affectation Les postes du premier degré, publiés avec mention « à sujétions spéciales », sont proposés en priorité aux instituteurs et professeurs des écoles spécialisés ; des enseignants ayant une expérience antérieure en formation d’adultes, notamment en milieu pénitentiaire, peuvent également être affectés sur ces emplois. Des enseignants appartenant à des corps des premier et second degrés peuvent intervenir en qualité de vacataires rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale en heures supplémentaires ou, le cas échéant, sous la forme d’un temps partiel en complément de service. 4.1.3.3. Missions Le responsable local de l’enseignement peut faire fonction de responsable local de la formation professionnelle dans les petites maisons d’arrêt, sur proposition du chef d’établissement pénitentiaire et après accord du directeur régional des services pénitentiaires. 4.1.3.4. Formation Tous les formateurs, quel que soit leur statut, ont vocation à bénéficier des actions d’adaptation à l’emploi et des stages de formation continue organisés conjointement par le ministère de l’Éducation nationale et de la Justice. Ils peuvent avoir également accès aux actions du plan national de formation de l’Éducation nationale, aux actions des M.A.F.P.E.N. et des C.A.F.O.C. 4.2. Efficience du dispositif Elle est composée, notamment, des responsables régionaux et locaux de l’Éducation nationale et de l’administration pénitentiaire et des partenaires concernés (organismes liés à la formation et à l’emploi, collectivités territoriales, associations...). Cette commission évaluera la qualité du service en fonction des éléments suivants : - l’adéquation des réponses apportées aux besoins de formation de l’ensemble de la population pénale, sachant que l’enseignement doit s’adresser en priorité aux détenus les plus en difficulté ; Pour le ministre de l’éducation nationale et par délégation : Pour le ministre d’État, Garde des Sceaux, ministre de la justice et par délégation : |