Publié le jeudi 9 décembre 2004 | http://prison.rezo.net/jacques-engel-la-loi-perben-ii/ la loi Perben II, vue par Jacques Engel, détenu de la Farlède (83) Philosophie générale de la loi du 10 mars 2004 : • aggravation des dispositions concernant les prévenus (tolérance zéro = plus de détention), Pour les prévenus, on assiste à un net recul des droits de la défense. • Le jugement par le principe du plaider-coupable ne permet aucune défense par l’avocat du prévenu, fut-il commis d’office. Pour les mineurs. • Fin de la compétence exclusive du juge des enfants. Pour les majeurs. • La durée de détention provisoire en matière correctionnelle passe de deux années à trois années. Pour les condamnés. • Sécurité dans les prisons, par un classement des détenus selon des critères laissés à l’appréciation discrétionnaire de l’administration pénitentiaire, et non plus selon des règles opposables à celle-ci. • Théoriquement, aucun condamné ne devrait terminer sa peine le jour de sa sortie du système. Six mois avant sa sortie, le SPIP doit prendre contact avec lui et lui proposer des aménagements lui permettant de chercher du travail à l’extérieur, de suivre une formation, ou de bénéficier d’une libération conditionnelle. Dans tous les cas, il devrait être suivi par le service d’insertion et de probation pendant au moins six mois après sa sortie d’un centre pénitentiaire. • Mais, s’il "replonge" pendant ce temps de ce qui ressemble à un sursis, il exécutera la totalité de sa peine restante, en détention, augmentée le cas échéant, d’une nouvelle condamnation. En conclusion, nos députés ont voté cette loi en mars 2004, juste deux mois avant que nos ministres ne viennent nous expliquer que le cas d’Outreau ne se renouvellera plus, alors que cette loi diminue grandement les droits de la défense et les interventions des avocats, et rend beaucoup plus difficile les mises en liberté provisoire. Bref, cette loi consacre une justice productiviste d’abattage, chargée de juger "sans formalisme" les plus modestes. Jacques Engel, détenu [1] Parmi les motivations les plus fréquentes de la détention provisoire : trouble à l’ordre public, possibilité de renouvellement de l’infraction, concertation ou subornation de témoins, non représentation (c’est le cas de tous les SDF) |