Publié le lundi 14 mars 2005 | http://prison.rezo.net/vih-sida-dans-les-prisons-d-europe/ Déclaration de Dublin Dublin, Irlande La Déclaration de Dublin sur le VIH/sida dans les prisons d’Europe et d’Asie centrale a été élaborée par Publié à Dublin, Irlande Avant-propos Le VIH/sida est un grave problème pour les populations carcérales de l’Europe et de l’Asie centrale. Le fait que l’on n’implante pas les programmes complets qui sont efficaces pour la réduction des risques de transmission du VIH en prison, et pour protéger la santé des détenus vivant avec le VIH/sida, est attribuable en bien des cas à un manque de volonté politique ou à des politiques qui donnent priorité à une tolérance-zéro de l’usage de drogue, au détriment de la lutte contre le VIH/sida. Dans certains cas, cela résulte d’un manque de ressources nationales ou d’une insuffisance technologique, devant des besoins ahurissants. Parfois, il s’agit d’une combinaison de ces raisons. Cette crise sanitaire nécessite de toute urgence l’attention et l’action de tous les gouvernements. En vertu des lois nationales et du droit international, les gouvernements ont une obligation morale et éthique de prévenir la propagation du VIH en prison et de fournir aux détenus séropositifs des soins, des traitements et du soutien adéquats et humains. Il n’y a pas de confusion quant à ce qui doit être fait : il existe déjà dans plusieurs pays des politiques et des programmes qui réduisent effectivement la propagation du VIH en prison, et qui assurent des soins, des traitements et du soutien adéquats aux détenus vivant avec le VIH/sida - et tous les autres pays devraient les répliquer. Les personnes incarcérées ont le même droit à la santé que tout autre individu. Par ailleurs, les vies et la santé des personnes incarcérées sont liées de plusieurs manières à celles du reste de la société. Protéger la santé des détenus, c’est protéger aussi l’ensemble de nos communautés. Protéger les détenus, c’est protéger aussi les employés carcéraux, qui ont droit à cette protection contre le VIH, l’hépatite C et la tuberculose, en prison, et dont les besoins à cet égard sont tout à fait compatibles avec ceux des détenus. Les représentants de 55 gouvernements de l’Europe et de l’Asie centrale étant réunis cette semaine à Dublin pour discuter de « Briser les barrières » dans la lutte contre le VIH/sida, nous les exhortons à commencer par briser des barrières qui sont sous leur contrôle complet : les barrières qui ont empêché jusqu’ici la mise en œuvre d’une gamme complète de services en matière de VIH/sida dans leurs prisons. But La présente Déclaration offre un cadre pour l’élaboration d’une réaction efficace au VIH/sida dans les prisons d’Europe et d’Asie centrale. Les principes et articles ci-énoncés se fondent sur des pratiques exemplaires et des données scientifiques mondialement reconnues, ainsi que sur les droits humains fondamentaux des personnes incarcérées et l’obligation des États de réaliser ces droits. Énoncé des principes fondamentaux Principe 1 : Les personnes incarcérées font partie de nos communautés. Les personnes incarcérées sont des parents, des frères et sœurs, des fils et filles, des grands-parents, des époux, des êtres chers, des partenaires et des amis. Le fait qu’elles soient incarcérées pendant un certain temps n’y change rien. Les détenus viennent de nos communautés et, en grande majorité, ils y retournent. Principe 2 : Les personnes incarcérées ont le droit à la santé. Ce droit est garanti par le droit international et enchâssé dans des règles, directives et pactes internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (article 12), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 10.1), les Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus (principes 5 et 9) des Nations Unies et la Recommandation du Comité des ministres aux États membres relative aux aspects éthiques et organisationnels des soins de santé en milieu pénitentiaire (recommandation 10) du Conseil de l’Europe. Cela inclut le droit à un traitement médical, à des mesures préventives ainsi qu’à une norme de soins équivalente à celle qui prévaut dans la communauté. Les États ont l’obligation de respecter ce principe. Tout échec à s’y conformer constitue une violation du droit international et des directives internationales sur le traitement des détenus. Principe 3 : La santé en prison, c’est la santé publique. La vaste majorité des personnes incarcérées réintègrent éventuellement la communauté. Par conséquent, toute infection contractée en prison, ou toute maladie aggravée par les conditions d’emprisonnement, devient un problème de santé publique lors de leur mise en liberté. Les gouvernements ne peuvent ignorer la santé en prison, puisqu’elle fait partie intégrante de la santé publique. La réduction de la transmission du VIH et du virus de l’hépatite C (VHC) en prison est cruciale pour freiner leur propagation parmi la population générale. De plus, la mise en œuvre de programmes efficaces de traitement de la tuberculose, en prison, préviendra la transmission de souches multirésistantes de cette infection, tant en prison qu’à l’extérieur. Principe 4 : Protéger la santé des détenus et réduire la transmission d’infections en prison, c’est protéger aussi la santé des employés carcéraux. L’amélioration de l’état de santé des détenus et la réduction de l’incidence des infections en prison comportent des bienfaits pour les employés carcéraux. Par conséquent, l’amélioration des soins de santé et des programmes de prévention pour les détenus est fondamentale pour rehausser la santé et la sécurité des employés carcéraux. Principe 5 : Les rapports sexuels et l’injection de drogue sont présents, voire répandus, dans plusieurs prisons. L’expérience de plusieurs pays d’Europe et d’Asie centrale (et d’autres régions du monde) démontre que l’activité sexuelle et l’injection de drogue sont présentes, voire répandues, dans leurs prisons. Les gouvernements doivent le reconnaître publiquement et mettre en œuvre des mesures de santé adéquates. Le déni gouvernemental de cette réalité entrave la lutte contre le VIH/sida en prison. Principe 6 : La réduction des méfaits, plutôt que la tolérance-zéro, doit servir d’approche pragmatique aux politiques de lutte contre le VIH/sida et de soins en prison. Des données internationales montrent que le VIH peut se propager en prison, parfois à un rythme alarmant. Les politiques axées sur une tolérance-zéro de l’usage de drogue peuvent faire obstacle à la lutte contre le VIH/sida en prison. La criminalisation de l’usage de drogue cause une présence disproportionnée d’utilisateurs de drogue parmi la population carcérale. Or, plusieurs ne cessent pas nécessairement l’usage de drogue, en prison : ils sont nombreux à continuer de s’en injecter sur une base régulière ou occasionnelle, pendant leur incarcération. Les approches de tolérance-zéro de l’usage de drogue nient cette réalité et sous-tendent des politiques carcérales qui accroissent le risque de pratiques d’injection non sécuritaires et de transmission du VIH. Par conséquent, pour lutter efficacement contre le VIH/sida en prison, les politiques carcérales et sanitaires doivent se fonder sur la philosophie de la réduction des méfaits.* Principe 7 : Le VIH/sida est un grave problème dans les prisons de nombreux pays ; les États doivent agir ensemble et collaborer à la lutte contre cette épidémie. Le VIH/sida est un problème mondial qui nécessite des solutions mondiales. La prévention du VIH en prison et la provision de traitements aux détenus vivant avec le VIH/sida peuvent être coûteuses. Les pays les plus riches ont une obligation morale d’aider les plus pauvres dans cette lutte. Principe 8 : La lutte au VHC dans les prisons est aussi cruciale que celle au VIH/sida ; elle doit être intégrée dans toutes les initiatives de prévention et de traitement en matière de VIH/sida. La transmission du VHC [virus de l’hépatite C] résulte en grande partie de pratiques d’injection non sécuritaires. Dans plusieurs pays, les taux d’infection à VHC parmi les détenus sont largement plus élevés que ceux observés dans la communauté générale ; et de nombreux détenus vivent avec une co-infection à VIH/VHC. Par conséquent, la lutte contre le VHC en prison est étroitement liée à celle contre le VIH/sida. Les droits et principes énoncés dans cette Déclaration s’appliquent également au VHC ; et les stratégies gouvernementales de prévention du VIH et de soins aux détenus séropositifs doivent intégrer celles qui touchent le VHC. Cadre pour l’action Article 1 : Les détenus ont le droit de se protéger contre l’infection à VIH. Les détenus vivant avec le VIH/sida ont le droit de se protéger contre la réinfection et/ou la co-infection à VHC et/ou à la tuberculose. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 2 : Les détenus vivant avec le VIH/sida ont le droit de maintenir et de favoriser leur santé. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 3 : Les détenus ont le droit à la confidentialité de leur état sérologique. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 4 : Les détenus ont le droit au consentement éclairé dans l’accès aux traitements et thérapies anti-VIH, y compris le droit de refus. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 5 : Les détenus ont le droit d’accéder à un test du VIH volontaire et confidentiel, assorti de counselling pré- et post-test. Ils ont le droit au consentement éclairé au test du VIH, y compris le droit de refus. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 6 : Les personnes vivant avec le VIH/sida ont le droit à une vie exempte de stigmate, de discrimination et de violence. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Par conséquent, les États ont la responsabilité de Par conséquent, les États ont la responsabilité de Article 9 : Les détenus, employés carcéraux et organismes non gouvernementaux devraient être consultés pour la conception et la mise en œuvre des programmes de lutte contre le VIH/sida en prison. Par conséquent, les États ont la responsabilité de Par conséquent, les États ont la responsabilité de Par conséquent, les États ont la responsabilité de Source : Integrations projects |