Publié le dimanche 24 avril 2005 | http://prison.rezo.net/3-regards-reflexions/ III - Regards & réflexions 1. Compte rendu de visite des membres de la Commission La commission extra municipale du respect des droits de la ville de Lyon a commencé son approche de la question carcérale par une rencontre sur le thème de la détention provisoire avec Madame Bartolomei, Juge au Tribunal de Grande Instance de Lyon et Monsieur Berger, Juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Valence. Le 11 avril 2000, elle se réunissait dans le cadre d’une réflexion commune, accompagnée par les commentaires et les constats d’Albert Lévy, Substitut du Procureur chargé de l’Application des Peines, autour des conditions d’incarcération dans les prisons de Lyon. Cette dernière réunion fut précédée par une visite de deux délégations dont l’objectif était de rendre accessible aux citoyens, représentants d’associations ou élus, les prisons de Lyon et notamment celles de Saint Paul et Saint Joseph. Il était demandé, après ces visites, quelques lignes de premières impressions, quelques mots de premiers constats, quelques phrases de premières réflexions. En voici un condensé : Unanimement les premières impressions convergent toutes vers ce sentiment que “le visiteur de ces lieux ressent un malaise” dès “l’accueil où l’on se dépouille de l’extérieur” pour “la plongée dans un autre monde”, “un monde vraiment à part”. La délégation avait-elle à peine franchit le sas qu’elle fut accueillie par le directeur, “accueil très cordial” pour les uns, voire “aimable” pour les autres. “Une petite conférence” qui ne comporte “pas de documents explicatifs” ni “ de présentation simple” et une intuition que “la prison n’est pas préparée à recevoir des citoyens curieux”. La visite tant attendue peut commencer avec “une guide improvisée et nous voilà partis à la découverte de l’horreur”. “Dès l’entrée, on se sent dans un univers fermé, les grilles, les serrures, les surveillants”. Puis viennent les premiers regards, les premières visions tout en ayant intrinsèquement conscience “qu’a priori, ce sont des sujets qui se sont mal conduits envers leurs concitoyens, leurs biens et les biens publics. Il est donc normal et nécessaire qu’ils soient punis”. Mais il n’empêche, au-delà de cette évidence pénale demeure l’inadmissible “la malpropreté, la dégradation des murs, des tuyauteries apparentes en mauvais état présentant des condensations génératrices d’humidité”. Au fil des pas, au fil des rencontres avec le personnel pénitentiaire et de direction qui “semble ouvert à un réel dialogue franc et clair”, on ne peut qu’ensemble s’indigner des “odeurs, de la crasse, des bruits qui vous sautent à la figure, de l’angoisse qui vous serre la poitrine et de cette oppression qui ne vous lâchera plus”. Finalement “quel que soit l’endroit où je déposais mon regard, il ne s’agissait que d’émiettement, d’effritement, de délabrement”. Les constatations, en dehors de cette impression générale “d’insalubrité et de vétusté” suivent l’itinéraire, différent, emprunté par chacune des délégations. Pour l’une d’entre elles, l’entrée en matière carcérale s’effectue par la visite de la pièce consacrée à la fouille qui est “aussi le lieu de stockage du linge sale et des échelles (?). Une sorte de salle de garde, graffitis et affichage compris. Ce lieu est en lui-même un lieu de punition. Son caractère dégradant n’est pas lié à la vétusté des locaux - un coup de peinture n’est pas inimaginable - mais plutôt à l’image qu’il renvoie des actes qui y sont effectués. Il est aussi humiliant de fouiller que d’être fouillé”. Le détenu doit généralement, après cette fouille au corps, se diriger vers les services du greffe pour les papiers administratifs, photos, et prises d’empreintes pour attendre son affectation en cellule d’arrivant. Cette attente se situe dans “des cages qui font regretter de ne pas être un chien perdu à la SPA où c’est plus propre et plus humain”. Heureusement “on nous assure que le séjour ne dépasse pas deux heures. C’est tant mieux”. Vient ensuite la visite des parloirs où une visite de famille est “limitée à une demi-heure, maximum une heure, pour les mineurs et les majeurs”. On peut facilement se poser la question de savoir comment l’organisation du parloir en lui-même fonctionne ; “en effet 120 à 130 détenus et leurs avocats en sont les usagers quotidiens (de 8h à 11h30 et de 14h à 17h30). Ils disposent de 8 cabines (7 heures par jour) dont celles du Juge d’application des peines. Difficile d’imaginer qu’il n’y a pas de bousculade certains jours, et donc d’arbitraire dans la durée des rendez-vous. Vaut-il mieux avoir un avocat connu dans ces cas-là ?”. Du parloir, on passe à ces cellules d’arrivants dont on avait précédemment pu s’indigner collectivement autour de la cage qui doit mettre implicitement le détenu en condition pour accepter ces “cellules d’arrivant immondes, toilettes apparentes avec 6 lits pour 9m2”. “L’affectation à un quartier et jusqu’à la cellule dépendra de son comportement, de sa fragilité et de ses affinités culturelles et spirituelles”. Naturellement on ne peut oublier que l’une d’entre elle garde encore le souvenir d’une nuit d’effroi. “Impossible durant cette visite de ne pas penser au récit du jeune C. qui dit avoir été tabassé pendant plusieurs heures dans une de ces cellules par ses codétenus. Les détenus sont les uns sur les autres”. Arrivés à ce stade de la visite, on ne peut que s’interroger sur ce qui va suivre : ce début de visite laisse forcément présager une fin plus sympathique ou enfin on aura le sentiment de se retrouver dans un lieu qui respire l’humanité, la chaleur... Et bien non : “le reste est dans la même logique comme une volonté d’humiliation, de traiter les détenus comme des bêtes, de les dépouiller de leur humanité et du respect qu’elle implique”. Il suffit qu’on pense aux habitants de ce “mouroir” pour que la délégation les rencontre au détour d’une salle de sport, “rencontrer les détenus n’était pas au programme de la visite. L’occasion nous est offerte par le passage dans la salle de sport. Il s’agit bien sûr d’un temps très court. La discussion ne porte que sur deux points : le premier concerne les équipements collectifs “Allez voir les douches”, le second sur les magistrats répressifs : “A Lyon, il ne faut pas faire appel !”. Ce furtif entretien permit au moins pour certains d’entre nous de se rendre compte que “leurs revendications de dignité, notamment par rapport à l’hygiène générale (douches, W-C.) ainsi que l’expression d’une grande solidarité entre eux au niveau de la cohabitation en cellule m’ont étonné quant à leur acuité de conscience vis-à-vis de leur situation”. Timidement, sur les injonctions des détenus et du surveillant moniteur de sport quelque peu désabusé, qui veulent qu’on ait une vision des plus objective de cette visite, nous nous rendons aux douches “inondées et cassées” et summum de l’ignominie carcérale nous sommes tous pris d’effroi en voyant les “sanitaires débordant de matières fécales” qui “ne sont pas descriptibles” situées à quelques mètres de la salle de sport. Le surveillant nous précise que cette situation dure depuis 15 jours. Là, il semble bien que déjà le souvenir de ce qui vient d’être vu, senti, laissera forcément des traces indélébiles dans la mémoire de chacun : “à la simple évocation de la salle de musculation, au simple souvenir de la cellule d’arrivant, à la simple remémoration de l’exigu parloir des familles, on ne peut avoir qu’une impression de malaise, de mal être, d’écœurement” . Seulement ce souvenir restera incomplet sans celui du mitard, en passant par les cours de promenades “qui n’ont de cours de promenades que le nom, en fait de minuscules triangles ou carrés de bétons, protégées par des évasions possibles par hélicoptères, mais pas des jets de projectiles des autres détenus restés en cellule”. “Chaque événement du quotidien est soigneusement codifié à l’image de l’échelle des punitions” et s’il advenait qu’un détenu soit passible du prétoire, tribunal interne, sans représentation de l’avocat, “il peut être condamné de 0 à 45 jours” de quartier disciplinaire plus communément désigné par mitard. “Ici, le couloir prend plus de place que les cellules. Elles sont apparemment vides. Nous ne rencontrons donc que le béton du bas flanc et la vacuité d’un lieu où l’on met ceux qui sont punis à l’intérieur de la prison”. “Juste un poème écrit sur le mur pour nous rappeler la mort d’un détenu. Dans ce lieu que la famille ne pourra jamais voir : “Pas un homme ne remplace le joure Le mitard jouxte le secteur d’isolement composé de “23 cellules renforcées aux fenêtres, porte avec sas”. “Ce n’est pas une punition, ils ont les mêmes avantages que les autres détenus. Contrairement à ceux du mitard (une promenade par jour). Isolement pour des raisons médicales ou de bon déroulement du séjour, à la demande du Juge ou à celle du détenu, que cela soit en cellule d’isolement ou au mitard, il y a toujours moyen de se pendre” . Arrivés à la fin de la visite, comme par enchantement, nous découvrons une infirmerie “rénovée récemment,en très bon état, avec un équipement parfait et qui dépend du ministère de la Santé, lié à l’hôpital sud Jules Courmont”. “Le lieu le plus propre et le plus agréable de la prison est l’unité de soins ambulatoires. La présence des Hospices Civils en prison est visible. Les contraintes budgétaires du Ministère de la Santé ne sont manifestement pas les mêmes que celles de celui de la Justice” . Un échange avec le personnel de l’infirmerie, assez rapide somme toute, permit, au moins à un membre de la délégation, de s’interroger quant aux pratiques de ce service : “je pense qu’il aurait fallu dialoguer plus de temps car j’ai ressenti chez le personnel des “tabous”. Je ne sais pas trop lesquels, mais j’ai les ai sentis sur la réserve. Peut-être une visite de trop pour eux...”. C’est sur cette seule once d’humanité et de chaleur que la visite de la première délégation se termine laissant à chacun le soin de digérer ce qui vient d’être vu. “Ce fut une matinée très éprouvante qui sera marquée à jamais dans ma vie d’élue de la Ville de Lyon ”. La deuxième délégation eu droit dans l’ensemble au même accueil “très cordial du directeur avec une explication de la situation carcérale actuelle, de sa surpopulation et de sa vétusté”. Seulement la découverte de la prison fut particulièrement marquée par le quartier des mineurs “où le temps de visite a été plus long”. Là encore les impressions convergent toutes vers ce sentiment que c’est “un lieu misérable pour les jeunes gens en état de réinsertion” , “un état de délabrement inimaginable”. Les membres de la délégation eurent également le même sentiment quant à l’oisiveté des mineurs qui semblent être livrés à eux-mêmes dans cette jungle carcérale : “J’ai été surprise par l’oisiveté des jeunes” pour lesquels visiblement règne “beaucoup d’ennui”. “On les laisse dans l’oisiveté telle que celle qu’ils connaissent dans leur quartier (télévision tard dans la nuit, avec des programmes pas forcément adaptés à leur âge, lever à l’heure qu’ils souhaitent, cellules sans un minimum de nettoyage, pas de formation professionnelle)”. Naturellement, des activités sont proposées aux jeunes “atelier dessin, cours scolaire, sport en salle de musculation, bibliothèque, aide dans l’entretien des locaux” mais elles n’ont “ aucun caractère obligatoire”. “ Une matinée d’école est prévue par semaine”. Dès lors se pose la question de savoir comment ces jeunes “analphabètes pour la plupart d’entre eux” comprennent “le sens de leur présence entre ces murs” ? “Comment un jeune qui n’a pas d’obligation, de cadre horaire... peut-il, en sortant, supporter les contraintes sociales”. Et, plus fondamentalement, n’en ressortent-ils pas plus brisés qu’à leur entrée ? A la sortie d’une des cellules du quartier des mineurs, un membre de la délégation demanda au surveillant, à la vue de la saleté, si ce détenu n’avait pas un problème psychique. Sa réponse témoigne de l’univers carcéral et finalise le sens actuel de la peine : “Oui, comme les autres détenus et surveillants ”. Cette visite a également permis un franc dialogue avec le personnel pénitentiaire qui loin d’être de vulgaires “matons” semble au contraire se préoccuper des conditions de détention qui finalement s’avèrent être aussi leur lieu de travail. “Scellés par un destin commun, soudés, malgré eux, par une constatation commune, le personnel pénitentiaire et le détenu vivent dans la même saleté ”. Aussi comment ne pas songer à l’extrême tension des mois de pleine chaleur où, quel que soit l’endroit de la prison, l’esprit ne peut que chauffer... “Une longue discussion avec les gardiens fut édifiante sur la faillite du système carcéral : à leur niveau aucune aide psychologique, aucun soutien. Et pourtant quelle lourde charge !” “Tout cela est connu, mais c’est intolérable. Que faire pour modifier cet état ?”. “Transformer, construire ailleurs, en tous les cas : il faut agir d’urgence ”. Finalement cette visite laissa décontenancé plus d’un membre de la délégation qui n’avait peut-être pas conceptualisé l’horreur carcérale des prisons de la ville de Lyon. “Si un jour on me demande à quoi peut bien ressembler l’Enfer, je répondrai sans hésitation aux prisons de Lyon. Seulement de l’Enfer, en règle générale, nul ne peut en sortir alors que justement, à Lyon, on n’y reste jamais plus de quelques mois...”. Dès lors, comment imaginer que puisse perdurer cette prison dont la fermeture définitive reste à l’heure actuelle incertaine. “Si on devait fermer définitivement les prisons de Lyon, il faudrait en faire un musée afin de montrer au visiteur quel retard un pays comme la France, qui ose revendiquer la paternité de la Déclaration de l’Homme, pouvait avoir en matière de respect des droits à la dignité des personnes incarcérées”. Pourquoi “la France, pays des Droits de l’Homme, initiatrice de plusieurs textes internationaux, dans le domaine du respect des Droits et Libertés fondamentaux de la personne est l’un des Etats qui bafoue ces règles élémentaires ?”. Et qu’en est-il de sa dimension dite de réinsertion ? “Comment espérer une rééducation et une réinsertion dans des conditions de détention aussi archaïques ? Comment imaginer sortir de cette prison meilleur et plus armé pour le dehors ? ”. “La prison doit rester un lieu de rééducation, de réinsertion et non un centre de torture morale ou physique”. Il s’agirait peut-être de savoir comment et pourquoi la prison a pu oublier si vite la dimension nécessairement éducative de la peine ? Manque de moyen certain, manque de réflexion sur le sens de la peine, peut-être serait-il temps d’envisager de se donner les moyens de sa propre fin : “l’emprisonnement a pour but essentiel l’amendement et le reclassement social du condamné”. 2. Le point de vue des élus Deux élus ont visité les prisons avec les membres de la Commission. Nous donnons ici leurs réactions après cette visite. Mme Antonicelli, élue du 4ème arrondissement “ Accueil très cordial du Directeur avec explication de la situation carcérale actuelle, sa surpopulation et sa vétusté. Deux cellules du quartier des mineurs nous sont présentées. C’est la consternation quant à l’état des lieux : Un lieu misérable pour des jeunes gens en état de réinsertion. L’entretien de leurs vêtements est assuré par les gardiens (machine à laver et sèche linge). Une salle de sport existe. Une matinée d’école est prévue toutes les semaines. Beaucoup d’ennuis chez ces adolescents à qui nous avons parlé. Peu de sport assuré. Ils en demandent davantage. La situation d’un garçon de 17 ans au “mitard” est INADMISSIBLE : la punition dans la punition. En fait, on peut écrire qu’il peut y avoir destruction de la personnalité d’un mineur - pour autant qu’elle ait existé - et c’est ce qui peut conduire à une explosion complète tant sur le plan physique que psychique, avec toutes les déviations que cela peut sous entendre. Dans ces conditions de dégradations, il n’est pas étonnant que les taux de récidive soient aussi importants, quel que soit le châtiment, fut-il justifié. Ce fut une matinée très éprouvante qui sera marquée à jamais dans ma vie d’élue de la Ville de Lyon. ” M. Chomarat, élu du 1er arrondissement “ Je pense qu’il aurait été judicieux que notre délégation se présente systématiquement à chacun des interlocuteurs rencontrés, en donnant le motif de notre visite, y compris auprès des prisonniers qui, ne sachant pas qui nous étions, ne pouvaient que refuser, et ce légitimement, de dialoguer avec nous. Le seul contact direct que j’aie eu avec des prisonniers s’est déroulé dans la salle de sport, où leurs revendications de dignité, notamment par rapport à l’hygiène générale (douches, W-C.), ainsi que l’expression d’une grande solidarité entre eux au niveau de la cohabitation en cellule, m’ont étonné quant à leur acuité de conscience vis-à-vis de leur situation. En règle générale, je n’ai pas été surpris par ce que j’ai vu. Il est vrai que le local de la fouille au corps et les parloirs, entre autres, sont une insulte à la dignité humaine, mais comment faire avec des bâtiments conçus il y a plus de 150 ans ? La vraie question qui se pose à nous, notamment élus de la Ville de Lyon, est de savoir comment nous pouvons encore accepter une telle situation ! L’annonce par Madame le Garde des Sceaux, le lendemain même de notre visite, de la construction d’une nouvelle prison à Lyon, a sans doute perturbé notre réflexion sur ce que nous venions de voir, mais, surtout, elle nous interpelle sur la place de la prison : dans ou hors de la ville ? Là est la question fondamentale que doit se poser l’ensemble des élus de la Ville, en faisant preuve de courage et en évitant toute pollution préélectorale. Notre commission s’honorerait de proposer très prochainement dans ce sens une piste au Conseil Municipal de Lyon. Il faut qu’il y ait un véritable débat sur la gestion de l’ensemble de la cité, et que nous évitions, une fois de plus, de voir rejeter en périphérie “ tout ce qui dérange ”. ” 80 élus (soit 36 % des 220 que compte la Ville) et responsables municipaux ont manifesté le désir de se rendre compte sur place de la situation des prisons de Lyon. Quelques uns parmi eux ont accepté de faire part de leurs impressions. Dr Baridon, élu du 3ème arrondissement “ Alors qu’une campagne de presse s’acharnait sur le sujet, il était en effet important que les élus puissent se rendre compte par eux-mêmes des problèmes rencontrés dans le milieu carcéral. En premier lieu, je dois dire que le contact avec les fonctionnaires a été très bon et les différents exposés qui nous ont été faits très bien argumentés. Quant à la visite par elle même, effectivement, en dehors des cuisines qui ont fait l’objet d’une rénovation complète, l’ensemble des bâtiments apparaît bien vétuste. Que ce soit les douches (qui avaient été vandalisées quelques temps avant notre visite), le quartier d’isolement, le quartier des mineurs, les cours intérieures, tout paraît en très mauvais état et il semble souhaitable d’envisager la construction de nouveaux bâtiments, même si, d’après les gardiens et certains détenus, les conditions d’incarcération dans cet établissement ne sont pas les plus mauvaises que l’on puisse rencontrer dans notre pays. ” M. Buna, maire du 1er arrondissement “ La visite des établissements pénitentiaires de Lyon confirme la réalité des dysfonctionnements qui ont été souvent soulignés par l’O.I.P. : vétusté, surpopulation, conditions d’hygiène difficiles, non application du Code de Procédure Pénale, compte tenu de l’exiguïté des locaux, qui stipule qu’un mineur détenu à titre exceptionnel doit être placé dans une cellule individuelle (ce qui explique sans doute de trop nombreux suicides de jeunes en prison). Quelles que soient les opinions des uns et des autres sur la valeur de l’incarcération, nous savons que la prison aujourd’hui casse autant qu’elle protège et qu’elle est souvent un facteur de dégradation de la personne et d’isolement des familles. Souhaitons que la commission parlementaire créée à la suite du rapport du médecin-chef de la prison de la Santé et du travail opiniâtre de l’O.I.P. aboutisse à des mesures qui transforment les prisons en une véritable institution républicaine. Félicitons-nous également que le Ministère de la Justice ait dégagé des lignes budgétaires qui permettront de fermer nos prisons lyonnaises obsolètes. Souhaitons pour conclure, que la nouvelle implantation se fasse dans l’agglomération parce que la centralité de l’implantation est une des conditions du maintien du lien entre le prisonniers et sa famille. L’étude récente du CREDOC a souligné qu’il est coûteux, en terme financier et en terme de disponibilité, de maintenir ce lien, mais, en même temps, qu’il est un facteur fondamental dans une politique de réinsertion. ” M. Cotta, directeur de la Division Enfance “ Réflexions sur : L’organisation de la visite elle-même : • durée un peu courte : 1 h de plus aurait été nécessaire, compte tenu des temps de fermeture des différentes portes. Mme Thomasset, élue du 7ème arrondissement “ Il est bien certain qu’une telle visite suscite une perplexité profonde. L’on se trouve décontenancé par l’aspect de vétusté et par l’inadéquation à des normes d’hygiène. “ La vertu a besoin de confort ” a dit St Thomas. Et quand bien même on a affaire ici à une population délinquante, la dignité même des dirigeants et des décideurs est en cause. La décence oblige à demander une révision de cet environnement carcéral. Cela ne fait pas oublier la base du problème, c’est à dire le délit ou le crime. Cela ne fait pas oublier non plus les victimes, cela ne fait pas oublier leurs familles et le préjudice irréparable de certaines situations. Mais la punition par privation de liberté est peut-être suffisante et n’implique pas forcément, en supplément, l’humiliation. ” M. Vianay, élu du 8ème arrondissement “ Il est difficile au cours d’un passage rapide comme “ visiteur ” de se faire une idée précise sur ces deux prisons. Je pense que la peine de prison doit être un moyen de sortir provisoirement un individu de notre société. Le malheur est, qu’aujourd’hui, l’emprisonnement dans des établissements comme ceux de Lyon correspond, tacitement, à l’entrée dans une autre société inacceptable de par ses règles et ses abus. J’ai été impressionné par le cachot... et par le fait que des personnes en préventive, donc présumées innocentes, subissaient le sort des condamnées. ” |