Publié le jeudi 30 juin 2005 | http://prison.rezo.net/badinter-robert-l-abolition,6892/ L’abolition de Robert Badinter, Fayard, 2000, 326 p., 134F. L’ABOLITION DE ROBERT BADINTER L’abolition de la peine de mort en 1981 grâce à Robert Badinter alors Garde des Sceaux fut l’une sinon la plus importante loi de notre XX° siècle. Pour une fois le législateur était en avance sur la société car encore aujourd’hui il reste beaucoup de monde à convaincre que la peine de mort n’est pas une solution. Je ne suis pas sûr qu’un référendum sur la question soit favorable à l’abolition. Dans son livre, Robert Badinter nous raconte toutes les épreuves par lesquelles il est passé pour réussir enfin à faire accepter le principe de l’abolition aux députés et aux sénateurs. Tout commence après l’exécution d’un de ses clients ; les avocats doivent y assister. M. Badinter décrit alors l’horreur de voir un être humain coupé en deux. Il décide alors de faire de l’abolition de la peine de mort son combat premier. Puis, il va prendre part à la défense de Patrick Henry. Mais comment le faire échapper à l’échafaud dans un climat social de haine envers les tueurs d’enfant ? La société n’a aucune pitié et pour elle la seule sanction possible pour « ce monstre », c’est la mort. C’est grâce à une brillante plaidoirie mais aussi aux excuses de Patrick Henry qui devint tout à coup humain que ce dernier évitera de justesse la peine capitale. Par la suite, M. Badinter grâce à son talent permettra à d’autres prévenus d’échapper à l’échafaud. Puis il faut se battre avec les politiques. Certains sont abolitionnistes mais n’osent pas le dire pour ne pas déplaire à l’opinion publique qui n’est pas prête. Les ambitions passent en premier et il ne fait pas bon dans les années 1970 se prononcer contre l’abolition. Malgré plusieurs propositions de loi du courant abolitionniste, le gouvernement de l’époque a toujours trouvé une parade pour éviter d’avoir à discuter cette épineuse question. Ainsi, il est certain qu’il faudra attendre les élections de 1981. Comment la France, pays des Droits de l’Homme peut-elle être le seul pays européen à encore appliquer la peine capitale en 1980 ? Ce livre est un formidable témoignage de cette lutte acharnée contre l’un des plus grands fléaux du XX° siècle. J’encourage tous ceux qui ne sont pas encore convaincus que l’abolition est une bonne chose à lire cet ouvrage. Il faut tout de même se rappeler qu’encore aujourd’hui des hommes sont tués dans les prisons chinoises et américaines. Les chinois vont même plus loin en revendant les organes des condamnés à mort. La société a commis et commet encore beaucoup de meurtres dans les prisons de tous les pays du monde. On le voit en France avec les suicides toujours plus nombreux et les prisonniers malades que l’on ne veut pas laisser sortir. Il paraît que l’on voit l’état de démocratie d’un pays à la façon dont il traite ses prisonniers. La France a par consequent beaucoup de travail à faire sur ce plan là. Non, la lutte de Robert Badinter n’est pas terminée, il reste encore des choses à changer : que la peine de mort soit abolie dans tous les pays du monde et que les prisonniers français soient traités comme des humains. Coralie |