Publié le lundi 24 avril 2006 | http://prison.rezo.net/proposition-d-une-famille-pour-le/ Mon fils est entré en détention provisoire à Bois d’Arcy le 12 décembre 2004. Il en est sorti après de nombreuses demandes de mise en liberté le 17 juin 2005. - Information des familles : J’ai eu un message d’une voix inconnue sur mon téléphone mobile suite à l’incarcération : "Veuillez rappeler le ...Il s’agit de M. XXX". Il s’agissait de mon fils, 19 ans, qui ne vivait plus à la maison depuis pas mal de temps. J’ai rappelé dès que possible, le n° ne répondait pas. Le lendemain, j’ai obtenu une dame au téléphone : Proposition : Je pense qu’il serait au minimum normal de permettre au détenu de téléphoner tout de suite aux personnes de son choix pour les informer. - Permis de visite : Le travailleur social m’a dit au téléphone comment obtenir un permis de visite pour voir mon fils, il ne pouvait rien me dire de plus mais je pouvais lui écrire. Il a oublié de mentionner un papier indispensable à l’obtention du permis, si bien que j’ai attendu un mois pour l’obtenir du juge d’instruction, avec plusieurs aller retours de courriers. Proposition : Le détenu devrait pouvoir envoyer dès son incarcération et à tous les gens qu’il souhaite voir en prison une liste exhaustive et toute prête des conditions d’obtention de permis et de tous les échanges possibles. - Dépôt du linge avant permis : En attendant le permis de visite, je pouvais déposer du linge le jeudi. Il fallait attendre dehors, dans le froid, que l’accueil des familles ouvre à 8h30 (il n’ouvre pas toujours à l’heure et si vous n’arrivez pas avant l’ouverture, il faut attendre longtemps votre tour). J’étais étonnée par la gentillesse des familles, par le fait que personne n’essayait jamais de passer avant et aussi par la docilité de tous devant les surveillants. Les familles présentes affectaient le calme mais tout le monde était inquiet. Nous étions tous en prison ! Proposition : C’est peu de choses mais un système de tickets d’attente numéroté, des chaises devant un guichet à hauteur de bureau permettraient de rendre les choses peut-être plus supportables. - S’organiser pour les rendez-vous : Bien sûr, je n’avais pas dit à mon travail que mon fils était en prison, il m’a fallu jongler avec les horaires, les congés... J’avais une heure et demi ou deux heures d’embouteillage pour arriver là-bas, plus le temps d’attente, je ne savais jamais à quelle heure j’en sortirais. Proposition : une loi devrait permettre à toute personne ayant un membre de sa famille incarcéré d’avoir au moins deux demi journées de congé par semaine sans perte de salaire pour aller voir le détenu, en toute confidentialité (cela pourrait passer pour un simple temps partiel), aux horaires correspondant aux possibilités de rendez-vous et avec une protection juridique très forte sur les conséquences possibles dans le cadre du travail. - Colis de Noël : Pour le colis de Noël, on m’avait dit que je ne pourrais pas en déposer puisque je n’avais pas encore de permis de visite. Et puis, un jeudi matin, je repose la question à un surveillant jovial (il y en a). Il me répond "Si si, ça vient de changer, maintenant tous les détenus peuvent recevoir un colis, il suffit de revenir tel ou tel jour". Je vais choisir 4,5 kg de mets choisis à mon fils, heureuse de pouvoir lui faire ce petit plaisir. Proposition : rien ne doit empêcher le dépôt d’un colis de Noël. - Les visites, les échanges de linge et de livres : Heureusement, le courrier circule et nous nous écrivons presque tous les jours, je sais ce dont il a besoin et je peux lui dire que je l’aime, que je ne le juge pas, quoi qu’il ait fait, que je serai là. Proposition : tout devait pouvoir se régler au même guichet, à l’appel d’un numéro, de façon humaine, en présence d’un travailleur social ou d’un autre observateur bienveillant. - Fouille avant visite pour recherche de drogue : Un jour, l’attente pour la visite a été interminable et dans la salle d’attente, des hommes sont venus, avec des chiens, nous faire renifler. La salle était bondée, les WC fermés. Les chiens nous reniflaient. J’ai demandé pourquoi. On m’a répondu : « C’est une bonne question » et on a renvoyé le chien m’inspecter une seconde fois. Une femme avec un enfant a été emmenée, elle est revenue une demi-heure après, on n’avait rien trouvé. Je n’ai pas de proposition à faire, sinon de traiter humainement les visiteurs des prisonniers (je suis encore sous le choc). - Les suppressions de visites : Et puis, un jour, j’arrive à l’heure à l’accueil et on me dit que je ne peux pas voir mon fils, qu’il est au quartier disciplinaire. Bien sûr, on ne me dit pas pourquoi et je n’ai plus qu’à repartir, désespérée. C’est si dur d’arriver jusque là, de tenir le coup, et tout ça pour rien, pour imaginer le pire. Normalement, on a droit à une visite et une seule programmée pendant la durée de la sanction mais dans la réalité, il y a toujours une raison incompréhensible pour la supprimer. Proposition : ne jamais supprimer les visites, quoi qu’il arrive. Maintenir les échanges de linge et de livres. - L’inquiétude sur les conditions de détention : Au début de son incarcération, il m’a rassurée, il était au bâtiment jeune (moins de 21 ans), dans des conditions correctes, il pouvait faire du sport, une formation, voir le psy s’il le souhaitait... Il a même eu droit un moment à des cours d’anglais avec une étudiante bénévole du Génépi. Un vrai bol d’air pur ! Mais très vite, à la première anicroche avec un détenu qui lui avait volé son bonnet, tout est devenu infernal, plus de formation, plus d’activités, plus rien. Proposition : Il devrait y avoir à l’accueil des familles un psychologue pour aider les personnes à supporter la souffrance, à l’exprimer. |