Publié le samedi 20 mai 2006 | http://prison.rezo.net/no141-a-i3-p3-ich-du-22-mai-2006/ Agence d’Information Indépendante et Interactive sur les Politiques Pénales et Pénitentiaires 4ème année Informations Criminologiques Hebdo / Lundi 22 mai 2006 * A LA UNE / "Prévenir l’irréparable, la difficile prévention des agressions sur les enfants" par Jean-Marie Firdion, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (INED) et Pierre V. Tournier , directeur de recherches au CNRS, ancien président de l’Association française de criminologie (AFC). Comment ne pas être bouleversé à l’annonce du viol et du meurtre du petit Mathias (1) ?
Depuis des années, notre système pénal s’est préoccupé de prendre des mesures spécifiques concernant les violences sexuelles, en particulier les violences à l’encontre des femmes et des mineurs, avec le souci légitime d’aider les individus à contenir « l’empire des pulsions » sexuelles, et de sanctionner ceux qui n’y parviennent pas. Cependant, de nombreux chercheurs et acteurs de terrain ont relevé que ce système était devenu « hyper-répressif », avec un risque de « démesure pénale » pouvant aller jusqu’à remettre en cause des valeurs de la démocratie. Si des mesures d’aide aux victimes et l’amélioration de l’écoute qui leur est due ne peuvent que nous satisfaire, plus inquiétant est l’accroissement régulier de la sévérité des peines et des mesures dérogatoires au droit commun (prescription, obligation de soins...) qui semble davantage relever de l’incantation ou de l’effet de manche à des fins électorales que résulter d’une analyse approfondie du phénomène, avec pour conséquence une grande inefficacité. Aux lendemains de l’affaire d’Outreau, la Justice est en crise, en crise par rapport à ses valeurs et ses pratiques, par rapport à la confiance que lui accordent les citoyens, mais aussi en crise par rapport aux missions de plus en plus lourdes dont on la charge sans que les moyens humains, intellectuels, techniques et financiers suivent. Le récent cri d’alarme du médecin-chef de la prison de Fresnes en est un exemple, tout comme les alertes lancées de toutes parts sur l’inquiétant surpeuplement et la vétusté des établissements pénitentiaires, ou l’« Appel des 115 » appelant à la création d’une structure multidisciplinaire d’études et de recherches sur les infractions pénales et leur prévention. Le recours à un discours « tout répressif » cache surtout de l’hypocrisie et le refus de conduire
une véritable réflexion sur les faits de société qui provoquent des désastres dans les familles.
Nous appelons les politiques et les décideurs administratifs à faire preuve de courage, et à remettre
en question leurs certitudes, leurs dispositifs et leurs outils, par le lancement d’un programme de
recherches ambitieux sur les personnes attirées sexuellement par les enfants, et sur les personnes
qui commettent des agressions sur les enfants. Il est urgent de comprendre pour prévenir. La plupart
des travaux dont nous disposons en France portent sur des populations incarcérées ou poursuivies
pour des délits ou crimes sexuels. Il convient de les approfondir, mais il faut aussi s’intéresser aux
personnes qui ne sont pas passées à l’acte. Par exemple, des personnes à orientation sexuelle
pédophile, qui n’agressent pas les enfants, vivent tous les jours avec des pulsions qu’elles doivent
maîtriser. Nous avons certainement beaucoup de choses à apprendre de ces « pédophiles responsables », comme les appellent Carine Hutsebaut et Yvonne Rousseau, sur leurs stratégies, sur les aides qui pourraient renforcer leur détermination à refuser un comportement prédateur.
Des analyses pluridisciplinaires permettraient de faire apparaître la diversité des facteurs de risque ainsi que des facteurs protecteurs, et de développer des mesures de prévention. Des conséquences pourraient en être tirées pour les formations des personnels en contact avec les personnes incriminées, avec les enfants, avec les professionnels de l’enfance, mais aussi des conséquences en termes de dispositifs et de mesures à mettre en œuvre localement ou nationalement. Dans ces phénomènes complexes de délinquance criminelle, l’intrication entre le psychologique (une faible estime de soi, par exemple) et le social (la misère sexuelle, par exemple) rendent nécessaire la coopération entre des chercheurs de disciplines complémentaires, ainsi qu’un travail en collaboration avec des acteurs de terrain qui peuvent enrichir la réflexion par leur expérience et leur connaissance des diverses contraintes qui s’exercent dans le champ de la Justice, du suivi judiciaire, du suivi policier (après la fin de la peine), notamment en ce qui concerne l’accès aux soins des détenus. Une réflexion pourrait être aussi conduite sur la protection des mineurs pendant le déroulement de la procédure judiciaire (contre les auditions répétées, les pressions de la part des avocats et procureurs). Une telle démarche est coûteuse en énergie, en mobilisation de professionnels de divers horizons,
en temps, et certainement en moyens quant aux solutions, mais l’enjeu est majeur. Il est plus que
temps de rejeter les attitudes populistes et toute tentative d’instrumentalisation des jeunes victimes.
Cette émotion que nous partageons ne doit pas nous conduire à des impasses, comme par le passé,
nous devons progresser, sans illusion car il n’y aura pas de remède miracle .
* Tribune refusée par Le Monde et Libération, mise en ligne sur « le Magazine d’Inventons L’avenir », www.jacklang.net * LES COMPTES DU LUNDI / La 166ème promotion de surveillants
37 % sont des femmes, le record avait été observé dans la 150ème promotion avec un taux de 48%.
* Source : Laurent Gras , « 166ème promotion de surveillants », Eléments de connaissance socio- démographiques, ENAP, mars 2006, 4 pages, www.enap.justice.fr * LE KIOSQUE / SCIENCES du droit, de la société, du psychisme
* INTERNATIONAL *
« Qu’a fait Al-Qaïda à notre Constitution et à nos règles nationales d’équité et de décence ? » Ronald Dworkin. Depuis les attaques du 11 septembre et la contre-offensive mondiale qui a suivi, l’actualité politique du terrorisme n’est plus à démontrer : les attentats, la crainte des attentats et les moyens d’apaiser cette crainte sont au cœur des actes et des discours publics de nos démocraties libérales. Le terrorisme et le contre-terrorisme soulèvent des questions normatives brûlantes, au niveau domestique comme au niveau international : « Faut-il autoriser la torture ? », « Faut-il assouplir les garanties juridiques ? », « Comment des démocraties libérales doivent-elles réagir aux menaces terroristes ? », « Faut-il entretenir la peur ? ». Pour certains, comme en témoigne la perplexité de Ronald Dworkin, le contre-terrorisme attise des tentations qui menacent le cœur de nos cultures publiques - i.e. l’inviolabilité des droits individuels. Les questions normatives liées à la lutte contre le terrorisme sont donc non seulement brûlantes, mais aussi d’une certaine gravité. * Lieu : Uni Mail - 40, Boulevard Pont d’Arve - 1205 Genève, Salle M3220 * PARIS, RIVE GAUCHE, RIVE DROITE
On abordera la question de l’expérience de la relégation et l’émergence de la politique comme action,
mouvement ou prise de parole dans des contextes qui - par les principes d’exclusion, de ségrégation ou
de mise à l’écart qui les constituent - en freinent ou empêchent la possibilité.
Les débats s’appuieront sur quatre ouvrages qui s’affrontent selon des approches diverses à la question de l’injustice et de la politique aux marges de la ville et de la société : Michel Agier , Aux Bords du monde, les réfugiés (Flammarion, 2002), Michel Kokoreff , La force des quartiers. De la délinquance à l’engagement politique (Payot, 2004), Jacques Rancière, La haine de la démocratie (La Fabrique, 2005), Loïc Wacquant , Parias urbains. Ghetto, banlieues, État (La Découverte, 2006). * Lieu : Amphithéâtre de l’Ehess, 105 boulevard Raspail, Paris, Vie, métro Saint-Placide ou Notre-Dame-des-Champs . * Contact : Michel Agier / agier@ehess.fr Information communiquée par la liste « Etat Pénal » * CELA SE PASSE EN FRANCE *
* 654 signataires dont 49 personnes morales : la collecte des signatures continue. Une délégation des signataires de « l’Appel des 115 » sera reçue par M. Claude d’Harcourt, préfet, directeur de l’administration pénitentiaire, le 31 mai et par M. Godefroy Michel, conseiller de M. Julien Dray , député de l’Essonne, porte parole du Parti Socialiste le 1er juin.
Nouveaux signataires :
* Contact : pierre-victor.tournier@wanadoo.fr
11h - 11h15, présentation de la journée par Jacques Bourquin et Eric Pierre
14h-15h45 « Institutions et pratiques », séance présidée par Jacques-Guy Petit , Université d’Angers.
16h - 17h30 « Savoirs et pratiques professionnelles », séance présidée par Jacques Bourquin (AHES-PJM)
* Lieu : Maison des Sciences Humaines , 2 rue Fleming, Angers. * Contacts :
Information communiquée par « CRIMINOCORPUS » * DÉBAT PUBLIC * DÉBAT PUBLIC * DÉBAT PUBLIC *
* Lieu : Hôtel de Ville de Paris. * Contact : Malvina Roussin,
* Lieu : La librairie du Québec, 30, rue Gay-Lussac, Paris, Ve. * Contact : libraires@libraireduquebec.fr * PUBLICATIONS MILITANTES *
* LE MESSAGER / On n’arrête pas le progrès !
* DANS LA CITÉ
Les magistrats égyptiens ont engagé le combat pour l’indépendance de la justice et la transparence du processus électoral. Deux vice- présidents de la Cour de Cassation, Hicham Bastawissi et Mahmoud Mekki, sont traduits devant une commission disciplinaire. Il leur est reproché d’avoir dénoncé certains juges ayant fait preuve de complaisance au regard d’irrégularités observées à l’occasion des élections présidentielle et législatives et d’un référendum constitutionnel organisé en mai 2005. Hicham Bastawissi et Mahmoud Mekki ont reçu le soutien du Club des juges. A l’appel de cette organisation qui regroupe l’ensemble des juges égyptiens, de nombreux citoyens ont manifesté leur solidarité envers les magistrats. Les forces de l’ordre ont réprimé ce mouvement en procédant à l’arrestation de manifestants pacifiques qui ont ensuite souvent été emprisonnés. Ces arrestations se sont accompagnées de violences. Ainsi, par exemple le juge Mahmoud Hamza s’est fait rouer de coups alors qu’il tentait de s’interposer entre la police et les citoyens solidaires (24 avril). De même, des femmes journalistes ont été molestées et déshabillées par les officiers de la Sûreté d’Etat (11 mai). Ce jeudi 25 mai 2006, les juges égyptiens appellent à une nouvelle journée de mobilisation, en mémoire de la répression s’était abattue sur les manifestations du 25 mai 2005 en faveur du boycott du référendum sur la constitution. Nous déclarons notre entière solidarité avec la lutte des magistrats égyptiens. Nous soutenons leur engagement pour une réforme du système judiciaire garantissant son indépendance par rapport au pouvoir exécutif. Nous appelons à un rassemblement devant l’Ambassade d’Égypte le mercredi 24 mai à 14h, et invitons l’ensemble des associations, syndicats et organisations concernées par la situation en Égypte à nous rejoindre. Syndicat de la magistrature ( SM ), Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Amnesty International Section Française (AISF), Réseau Euroméditerranéen pour les droits de l’homme. * POUR EN SAVOIR DAVANTAGE* * Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1. / CNRS) : http://histoire-sociale.univ-paris1.fr
* Revue « Champ Pénal / Penal Field » : http://champpenal.revues.org * Bulletins « Questions Pénales » et « Penal Issues » : http://www.cesdip.com * European Society of Criminology (ESC) : www.esc-eurocrim.org * Association « Pénombre » : http://www.penombre.org * Association française de criminologie (AFC) : http://www.afc-assoc.org * Collectif « Octobre 2001 » : http://www.collectif2001.org * Ban Public : www.prison.eu.org [ce site met en ligne ICH]. ICH - Responsable de la publication : Pierre V. Tournier , directeur de recherches au CNRS, Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1. Panthéon Sorbonne) pierre-victor.tournier@wanadoo.fr |