Publié le lundi 26 juin 2006 | http://prison.rezo.net/2006-blog-12-prison-mise-en-danger/ Laurent JACQUA Prison, mise en danger de la santé d’autrui... Suite à mon placement au mitard du 28 avril 2005 et du non respect des certificats médicaux établit par le médecin, j’ai écris aux Députés et Sénateurs pour signaler comment Mr WILLEMOT directeur de la centrale de Moulins Yzeure traitait les détenus gravement malades dans son établissement. Le 28 avril 2005 je passe au prétoire pour deux rapports d’incidents survenus au parloir quelques semaines auparavant, je prends 15 jours de sursis pour l’un et 15 jours dont sept ferme pour l’autre, les deux peines sont confondus et j’écope de sept jours de quartier disciplinaire. Le 29 avril elle repasse et le certificat demandant ma sorti du quartier est remis à la direction. Lors de la remise de ce certificat par les infirmières à Mr DELON, un surveillant chef, celui-ci excédé, exigera d’en avoir un toute les heures visiblement pas content que je puisse sortir du Q.D aussi facilement. Le samedi 30 avril je fais venir le médecin de garde qui établira un nouveau certificat contre ma présence au mitard. Le 3 mai je dois passer au prétoire, mais mon avocat n’étant pas présent, je refuse de comparaître. Je prends huit jours de mitard supplémentaire. D’ailleurs on peut se demander pourquoi j’ai une nouvelle peine de mitard alors que j’ai déjà deux certificats contre indiquant ma présence au quartier disciplinaire. Le mercredi 4 mai le Dr THEVENET me rend visite et établira deux nouveaux certificats médicaux, un pour le quartier disciplinaire et un autre pour le quartier d’isolement, disant clairement que mon état de santé est incompatible avec ces deux régimes de détention. Voici le témoignage Du Dr THEVENET entendu par la CNDS : Le Dr Nadine Thevenet a exposé à la commission que ni au quartier disciplinaire, ni au quartier d’isolement, monsieur JACQUA ne pouvait recevoir l’alimentation dont il avait besoin car le « cantinage » y est interdit et les détenus qui y sont placés ne peuvent compléter une alimentation insuffisante et inadaptée, par manque de laitages et de fruits frais. La direction est avisée de ces deux certificats. Dans l’après midi un premier surveillant viendra me proposer deux solutions, le placement au quartier d’isolement ou un retour en détention mais dans un autre étage. Je refuse bien entendu le placement au Q.I ainsi que le retour en détention car je n’ai pas à subir un changement de cellule sorte de nouvelle punition déguisée, j’ai deux certificats qui annulent la sanction disciplinaire au Q.D et mon placement au Q.I, (même si pour l’isolement il ne s’agit que d’un avis du médecin), je demande donc à retourner dans ma cellule d’origine, cela m’est refusé et je prend deux nouveaux rapports d’incidents distincts pour ces refus. Le mercredi 11 mai ma peine de mitard se termine et je suis immédiatement placé au quartier d’isolement, je finis par accepter le Q.I car je dois absolument téléphoner à mon épouse qui doit subir une intervention chirurgicale. Le jeudi 12 mai je suis affecté dans une autre cellule à un nouvel étage et je reçois mon paquetage. A ce propos la CNDS signale des anomalies concernant les procès-verbaux des commission de disciplines présidé par Mr WILLEMOT qui visiblement a tenté de tout faire pour m’empêcher d’avoir une défense, la CNDS relève aussi des anomalies au sujet de la décision de me placer à l’isolement : En ce qui concerne les procédures disciplinaires dont a fait l’objet Mr JACQUA, la Commission a constaté certaines anomalies dans les procès-verbaux, notamment dans celui du 12 mai 2005, où il est précisé que Mr JACQUA aurait été représenté par Maître PETTILLAULT, alors que celui-ci était absent et avait sollicité le report. De plus, il apparaît que ce procès-verbal a été rédigé avant la comparution, car on peut y lire que « Maître PETILLAULT a pu s’entretenir avec son client dans le respect des règles de confidentialité trois heures avant la commission », « qu’il a été entendu en ses observations », et « qu’il a remis un mémoire annexé à la présente procédure ». Certes, ces mentions ont été rayées, du fait de l’absence de Maître PETTILLAULT, mais il n’en reste pas moins vrai que le procès- verbal avait été pré rédigé. Finalement j’écoperai de 15 jours de confinement ceci pour un seul rapport, celui du refus d’aller au premier étage. Evidement on ne me parle plus du rapport concernant mon refus du placement au quartier d’isolement, histoire de ne pas laisser de trace. En plus dans les conclusions de la commission de discipline je trouverai cette phrase vraiment faite pour se couvrir d’éventuelles poursuites judiciaires et qui ne manque pas de culot après la lutte que j’ai mené pour ne pas accepter le Q.D et le Q.I et les divers certificats médicaux établis par le service médical : « Il est coutumier de refus d’obtempérer. Son acte semble s’inscrire dans une volonté de démontrer son maintien dans des conditions d’incarcération préjudiciables à son état de santé... » Non mais franchement c’est quand même une façon invraisemblable d’inverser la situation et de me rendre responsable des décisions prises par Mr WILLEMOT et les diverses commissions de discipline où j’ai été sanctionné par des jours de mitard, contre avis médical, pour des refus de placement à l’isolement. C’est justement cela « la volonté de me maintenir dans des conditions d’incarcération préjudiciables à mon état de santé ». On doit reconnaître que depuis le début il y a eut une volonté délibérée de me voir au quartier disciplinaire puis au quartier d’isolement et que c’est contraint et forcé qu’ils ont fini par me faire descendre en détention, mais toujours avec cette volonté de me punir puisque j’ai dû changer d’étage, de cellule et qu’en plus j’ai pris 15 jours de confinement. Voilà ce que recommande la CNDS à propos des certificats médicaux pour le quartier disciplinaire et l’isolement : Tout manquement à la discipline peut conduire l’administration pénitentiaire à engager des poursuites disciplinaires, s’agissant notamment d’une injure ou d’un refus d’obtempérer aux injonctions ; mais la Commission rappelle qu’un certificat médical d’incompatibilité avec le placement en quartier disciplinaire doit être exécuté. A l’extérieur on imagine même pas que l’on puisse agir ainsi avec un malade, il faut croire que les prisons ont leurs propres règles, leurs propres lois, ainsi un directeur peut, en toute impunité, jouer avec l’état de santé d’un détenu, donc avec sa vie. C’est pourquoi il est important de saisir des instances comme la CNDS ou autres afin d’exercer un contrôle indépendant dans les prisons. La Commission demande à Mr le Garde des Sceaux de rappeler au directeur de la centrale de Moulins d’une part le strict respect de la procédure disciplinaire en ce qui concerne notamment la rédaction des procès-verbaux de la commission de discipline, et d’autre part le respect du droit d’assistance des détenus comparaissant, sauf les exceptions prévues par l’alinéa 2 de l’article de la loi du 12 avril 2000, qui n’étaient pas réunies en l’espèce. La Commission demande également à Mr le Garde des Sceaux de rappeler qu’un certificat médical d’incompatibilité avec le placement en quartier disciplinaire ne laisse aucun pouvoir à l’administration pénitentiaire et doit être exécuté ; qu’il en va de même pour une décision de mise à l’isolement. Enfin la commission demande à Mr le Garde des Sceaux de rappeler les pouvoirs d’appréciation de la sanction à prononcer disciplinairement contre les détenus dont il est acquis d’avance qu’ils ne seront pas maintenus en quartier disciplinaire par décision médicale. Lire l’avis complet de la CNDS. A bientôt sur le BLOG pour la suite... Laurent JACQUA, "Le blogueur de l’ombre" |