Publié le dimanche 19 novembre 2006 | http://prison.rezo.net/2006-blog-53-ma-prison-ou-la/ Ma prison... ou la prison, telle que je la voudrais... 1019 Jours de détention... en Centre de détention Ma prison... ou la prison, telle que je la voudrais... Comme je vous l’ai déjà dit, la durée de détention est souvent trop longue et de ce fait, elle est destructrice de l’individu. De plus, elle le rejette d’une façon irrémédiable, hors de la normalité et il est vain de prétendre qu’une réinsertion est possible. Les séquelles sont tels que l’ancien détenu ne sera plus jamais le citoyen qu’il était avant sa détention, sa délinquance. Pour moi, la durée maximale de détention devrait être de 6 mois, quelque soit le délit ou crime. Pendant ce laps de temps, la Justice aura tout le loisir de trouver des peines (hors prison) pour punir le délinquant. Les statistiques disent que la durée moyenne de détention est de 8 mois, ce qui veut dire qu’en fait, il y a beaucoup de petits séjours en prison... donc je devrais être satisfait. Pour moi, si on est reconnu coupable, on doit aller en prison, ne serait-ce que quelques temps. Donc ce passage obligé court (pas plus de 6 mois) permettrait aux juges de trouver des peines complémentaires en fonction de la nature du délit ou crime commis. Je leur en donnerai quelques pistes. Pourquoi pas plus de 6 mois ? Si je veux que le maximum de délinquants passe par la prison, cela implique que les juges, sur la seule accusation (procureur), sur les seuls faits concrets connus (délit caractérisé, pris sur le fait, accident, meurtre, viols, etc), sur les seules investigations de la police judiciaire, décident qu’il y a faute et que celle-ci, au nom de la société, doit être suivie d’une punition. Pour découvrir la gravité des faits, 6 mois sont largement suffisants dans la majorité des cas, si on s’occupe du dossier sans le faire traîner dans un placard... Alors, en fonction de ladite gravité, il sera possible de déterminer les peines complémentaires applicables en l’espèce. Dans l’absolu, je pense même que celles-ci pourraient être « choisies » en accord avec le délinquant. Parmi les peines les plus efficaces, pour éviter la récidive, à mes yeux, et qui, souvent, peuvent aussi soulager la ou les victimes, je mettrai en premier : le déplacement du délinquant, en l’obligeant à quitter sa région d’origine. En second, je mettrai l’obligation de travailler et pas de chômage et de RMI possible (autorisé) pendant x mois ou années. Le reste suivra sans difficulté : dédommagement des victimes, interdiction de fréquenter telle ou telle personne, en rapport avec l’origine du délit, , port du bracelet, interdiction de fréquenter certains lieux, etc... Tout cela ne se fera pas au bon gré du délinquant, mais sous la surveillance et avec l’aide d’un tuteur (éducateur) qui ne s’occupera que d’une dizaine d’individus. Pour éviter la récidive, il y a deux choses qui me semblent fondamentales : exiger l’éloignement et mettre en place le tuteur, présent à chaque instant, aussi bien pour aider et conseiller que pour surveiller et mettre en garde. Ces peines, au-delà des 6 mois, doivent être acceptées par le délinquant, s’il refuse de s’y soumettre ou s’il dérape malgré les mises en garde, c’est le retour en prison pour une durée fixée d’avance et qui ne pourra être réduite (pas de RP - RPS - Grâces). MA PRISON... Je pense qu’elle ne plaira pas à tout le monde. Nota : pour ne pas alourdir mon texte, je vous ferai des renvois pour expliquer pourquoi je pense que cela doit être comme cela. Cellule individuelle [1] de 7 à 9 m² avec un lit, une table, une armoire, une chaise, un cabinet de toilette [2] avec lavabo et eau froide, WC [3], Cet environnement, quelque peu spartiate, devrait produire un effet d’isolement, un sentiment de non - bien-être avec cependant un confort digne du XXI° siècle. Il est important que la prison ne soit pas un facteur de dé-sociabilisation. Donc, je pense qu’il faut y créer une vie sociale, et la possibilité de côtoyer d’autres individus, sans pour cela favoriser la trop bonne cohabitation - confraternité. Parmi les activités possibles : 1 h maximum le matin, et 1 h l’après-midi. Ce qui est proposé ; promenade à l’extérieur (air libre), En sus de ces activités, seraient possible l’accès à la bibliothèque (2 ou 3 fois par semaine), les activités scolaires et bien sûr, l’accès à tous les soins - suivis médicaux nécessaires, et aux activités cultuelles. J’envisage de réduire la possibilité d’échanges avec la famille : un seul parloir d’une demi-heure par semaine (pas de prolongation) [12], courrier libre et contrôlé (si vous voulez), pas d’accès au téléphone sauf nécessité et donc sous contrôle du travailleur social (et avec lui). Pas d’échange de linge, que des apports, rappel : le détenu lave son linge. Au niveau des cantines : tabac [13], produits d’hygiène (de qualité, mais pas forcément de marque prestigieuse), produits alimentaires dits de confort : nescafé, sucre, gâteaux secs. Le non respect du règlement, des consignes et de la sécurité serait sanctionné par la suppression de toute activité collective (y compris douche [14], parloir, activités, courrier), les repas seraient pris en cellule [15]. Voilà ma prison idéale... Je pense qu’elle vous a bien choqué et que vous n’avez pas envie d’y goûter... Pour ma part, j’ai bien déliré (comme disent les jeunes), mais je pense qu’il y a du bon là dedans et qu’une telle prison serait efficace... Avant de conclure et pour répondre à certains qui ne jurent que par la détention préventive. A ce jour, ce qui est catastrophique, c’est que le prévenu n’a pas accès à son propre dossier, il ne lui est pas possible de rechercher par lui-même documents, témoignages, etc... Le bouquin de Paul Denis n’a pas encore trouvé d’éditeur. Vous pouvez l’acquérir en envoyant un chèque de 17 € (frais d’envoi compris) à TOP SERVICES, 31 rue des Allemands à 57000 METZ. Pour 13 €, je peux vous l’envoyer par e-mail (150 pages A4). [1] un par cellule, comme déjà expliqué dans mon bouquin (1019 jours de détention), le plus pénible pour beaucoup de détenu, c’est de se retrouver seul. S’il y a cohabitation imposée et/ou choisie, ce n’est pas pour cela que cette cohabitation ne sera pas source de conflits. De plus, beaucoup de détenus, surtout parmi les plus jeunes, recherche la compagnie 24 h/24 d’autres détenus. Pourquoi lui offrir ce plaisir... ? [2] cabinet de toilettes : au XXI° siècle et parce que tout homme a droit à un minimum de respect et d’intimité. Je pense que l’on doit au détenu, un cabinet de toilettes fermé, à l’abri des regards et de l’œilleton. En cas de besoin, une interpellation peut permettre de s’assurer que tout va bien [3] eau froide : l’eau chaude n’est pas nécessaire et peut être considérée comme superflu et un luxe. Il est très sain de se laver à l’eau froide... [4] décoration : il n’est pas bon que le détenu se sente bien « moralement » dans sa cellule. Il ne faut pas qu’il puisse se recréer un chez soi [5] la TV permet trop de s’évader. Pouvoir la regarder en permanence permet de faire passer le temps. On est en prison pour subir, ce luxe n’est pas nécessaire. Les postes de radio ou CD sont, à ce jour, plus source de bruit et de conflits que de convivialité [6] musique : les psychologues sont à même de sélectionner des musiques qui calment les esprits, tout en étant variées et distrayantes. Pour éviter un trop grand isolement avec l’extérieur, il faut qu’il soit prévu des flashs d’informations afin que l‘actualité soit connue du détenu. Autrement, à sa sortie, il va être déphasé. Celui qui ne veut pas en profiter, peut éteindre cette source sonore [7] linge : dans le respect de l’individu, il peut garder certains effets personnels de confort. En effet, il n’est pas nécessaire d’imposer le slip à celui qui préfère le caleçon et vice-versa. Il n’est pas nécessaire de faire marcher un individu dans des chaussures qu’il ne supporte pas... [8] le tabac tue... alors pourquoi en favoriser la consommation en prison. Celui qui voudrait se faire aider pour quitter la cigarette devrait y être aidé, sans réserve [9] on peut imaginer que chaque détenu aurait accès à la machine à laver - sèche-linge :1/3 journée par semaine (9h à 12h - 12h à 15h - 15h à 18h) [10] pour éviter tout débordement et respecter l’hygiène, on peut imaginer qu’à l’issue du sport, les intéressés auraient accès à des douches collectives - limitées dans le temps. Pas de possibilité de prendre une douche à l’issue du sport dans le secteur d’habitation [11] tabac en quantité limité, pour éviter tout trafic et racket... et favoriser l’arrêt de consommation [12] il me semble indispensable (surtout si faire semblant de cuisiner est interdit) qu’une alimentation suffisante et équilibrée soit donnée au détenu. Celle-ci devrait être sous le contrôle permanent et journalier de diététiciens indépendants (hors administration) - établissement des menus, contrôle des produits utilisés et préparation [13] cela limitera aussi l’introduction de substances interdites et donc leur consommation. A ce sujet, à l’issue du parloir, je serai assez favorable à un examen médical plus approfondi pour s’assurer que les anciens consommateurs ne consomment plus. Bien sûr, une aide médicale au sevrage sera mise en place. Je ne suis pas opposé à des vérifications sur les non-consommateurs avant [14] Si on est seul en cellule, on peut se laver très bien, sans avoir de douche et d’eau chaude... [15] On peut même imaginer un repas plus frugal, moins varié, ne contenant que le nécessaire et indispensable. Et même, suppression de la tolérance : nescafé + gâteaux secs cantinés |