Publié le jeudi 15 mars 2007 | http://prison.rezo.net/2006-saisines-nos-2006-43-2006-53/ Saisines nos 2006-43 / 2006-53 / 2006-60 / 2006-89 / 2006-127 INTRODUCTION AUX AVIS à la suite de sa saisine, les 23 mai, 14 juin, 22 juin, 12 septembre, par Mme Alima BOUMEDIENE-THIERY, sénatrice de Paris Introduction aux cinq saisines 2006 concernant le centre pénitentiaire de Liancourt La Commission nationale de déontologie de la sécurité a été saisie, de mai 2006 à novembre 2006, de cinq plaintes concernant le centre pénitentiaire de Liancourt pour des violences sur des détenus et pour un suicide survenu au quartier disciplinaire. Les faits se sont produits dans les « nouveaux » bâtiments ouverts en 2004, dont celui de la maison d’arrêt. Le premier dossier (2006-43) concerne des faits de mai 2005, et qui avaient suscité à l’époque une enquête de l’Inspection des services pénitentiaires, à la demande du directeur de Liancourt F.A., affecté à l’établissement en début d’année. La responsabilité d’un premier surveillant qui était intervenu avec une équipe de nuit au quartier disciplinaire la nuit du 27 au 28 mai 2005 avait été relevée, et celui-ci avait été sanctionné d’un blâme. Le 14 juin 2006, la Commission était saisie de faits concernant M. O.T. (2006-53), survenus le 23 mars 2006. Ce détenu, libérable trois semaines plus tard, avait été blessé lors d’un incident avec des surveillants et placé au quartier disciplinaire à son retour de l’hôpital le jour même ; il a été retrouvé pendu le lendemain. Le 12 septembre 2006, la Commission était saisie pour des violences à l’encontre de M. D.Z. le 24 août 2006. Enfin, elle était saisie le 27 novembre 2006 des violences à l’encontre de M. S.D. (2006-127), commises le 7 novembre par deux surveillants mis en examen, suspendus, placés sous contrôle judiciaire, et qui ont été condamnés le 14 décembre 2006 à quatre mois de prison avec sursis. Dans les dossiers qui n’étaient pas connus de l’administration pénitentiaire, elle a demandé dès réception des saisines des parlementaires une inspection des services pénitentiaires. Inquiète de la convergence et de la gravité de ces dossiers, la Commission s’est efforcée de mener des investigations approfondies, examinant les témoignages des détenus et ceux de surveillants mis en cause, ainsi que ceux de surveillants de l’établissement soucieux du respect des règles et animés de valeurs d’humanité, qui ont déclaré ne plus pouvoir supporter les agissements non professionnels, graves, de certains de leurs collègues à l’égard des détenus, et qui ont décidé de « briser la loi du silence ». Les éléments tirés de ces derniers témoignages ont mis en relief les problèmes généraux de cette prison, qui ont été vérifiés en grande partie lors des auditions de certains membres de l’encadrement. La Commission a recueilli aussi les observations de l’équipe médicale de l’UCSA, dont certains membres lui ont dit s’être efforcés de porter à la connaissance de la direction leurs doutes et leurs craintes quant à l’origine de certaines lésions (hématomes, plaies). La Commission a visité une partie de l’établissement et le quartier disciplinaire. L’analyse de ces cinq dossiers a révélé des dysfonctionnements et des Divers problèmes (périmètre de l’établissement non sécurisé, parachutage d’objets toxiques et de portables, insuffisance des escortes pour les extractions médicales des détenus, manque d’effectifs) ont mobilisé et accaparé la direction de la prison et alimenté en permanence des conflits entre les surveillants et les détenus. Enfin, il apparaît qu’une certaine « convivialité » au sein de l’équipe d’encadrement a faussé, rendu délicats puis périlleux, le positionnement professionnel, le rôle hiérarchique nécessaire, et dans certaines situations, a conduit l’ensemble de l’équipe d’encadrement à avaliser les manquements. La Commission a transmis ses avis et recommandations au procureur de la République et demande au garde des Sceaux la saisine des instances disciplinaires pour quatre dossiers. La Commission a été informée de l’existence d’un audit effectué au cours du dernier trimestre 2006. Enfin, comme elle l’a indiqué dans l’un de ses dossiers, la Commission tient à souligner qu’elle retire de toutes les auditions, des témoignages de surveillants, et principalement de ceux de tous les détenus entendus, que les agissements contraires aux règles et aux valeurs sont le fait d’une minorité, et que la majorité des surveillants de Liancourt se comportent correctement et humainement avec les détenus. Elle tient à saluer le courage et l’éthique des surveillants qui ont défendu les valeurs de leur profession. La Commission demande à son président, vu l’urgence, d’informer dans les plus brefs délais le ministre de la Justice de la gravité des faits qu’elle a La Commission demande instamment au garde des Sceaux de veiller à la sécurité des détenus qui ont été amenés, par leur témoignage tout au long de ces cinq dossiers, à mettre en cause des surveillants du centre pénitentiaire de Liancourt. Adopté le 15 janvier 2007 [1] Expression employée par des surveillants [2] Témoignages de surveillants |