Bonjour,
Je suis Tim, un petit écureuil.
Je vis dans la forêt de Boizibar avec mon papa, ma maman, et ma petite sœur Galipette.
Ma maison est perchée tout en haut d’un grand chêne, le plus beau de tous les grands chênes de la forêt.
Notre famille mène une vie tranquille dans ce joli coin de verdure.
Ce soir, j’ai beaucoup de mal à m’endormir. Mon papa n’est pas rentré de son travail et c’est vraiment bizarre. D’habitude, c’est lui qui vient me chercher à la sortie de l’école.
Pourquoi n’est-il pas là ?
Ce matin, papa n’est toujours pas rentré et il m’arrive une chose étrange : une de mes pattes est devenue toute bleue.
Il faut que j’en parle à maman.
Au petit déjeuner, je demande à maman :
« Maman, où est papa ?
Pourquoi n’est-il plus là ?
Quand va-t-il rentrer ? »
Mais maman ne dit rien.
Elle parait si triste et elle n’a même pas remarqué ma patte bleue !
J’aimerais que papa soit là. Pourquoi est-il parti ? Est-il malade ? ou peut-être mort ?
Peut-être qu’il ne nous aime plus ? Et ma patte est de plus en plus bleue ! Avec qui vais-je pouvoir parler maintenant ?
Qui va m’aider ?
A l’école aujourd’hui :
« Hé, regardez Tim ! Il a une patte bleue !
Tu as trempé ta patte dans la peinture ?
Patte bleue - gros peureux ! »
Ils sont vraiment trop méchants avec moi. A la récré, je préfère rester tout seul dans un coin.
Heureusement, l’après-midi, le maître parle de la fête de l’école. Alors, je pense à mon papa. J’espère qu’il pourra être là.
Quand je rentre pour le goûter, je vois tout de suite que papa n’est toujours pas à la maison.
« Maman, est-ce que papa sera là pour le fête de l’école ? Et puis d’abord, où est-il en ce moment ? »
Maman tourne la tête et raconte qu’elle a un moucheron dans l’œil.
Moi, je vois bien qu’elle pleure. Je me demande bien pourquoi.
Le lendemain, à l’école, le maître nous fait une leçon sur la ville. Il nous montre sur un plan : le marché, le cinéma, la mairie, l’hôpital, la prison... J’ai une super bonne idée ! Je vais montrer le plan à maman et elle pourra me faire voir où se trouve mon papa.
Maman garde le silence et j’aperçois une grosse larme couler le long de sa joue.
Je suis certain maintenant qu’il est arrivé quelque chose de très, très, très grave à papa.
Je me sens si seul et j’ai envie de pleurer. Pourquoi personne ne me dit rien ? Je suis grand pourtant !
En rentrant de l’école, je n’en peux plus et j’éclate en sanglots. Maman me prend sur ses genoux. Ouf, enfin !
« Ne pleure pas, mon petit Tim, je vais t’expliquer où est papa. Je ne voulais pas te faire de la peine et je ne t’ai rien dit jusqu’à maintenant. »
Papa est en prison parce qu’il a volé la réserve de noisettes de Madame Mésange.
Ce soir, je pense à mon papa et je me demande pourquoi il a fait ça à Madame Mésange. Je me demande aussi comme c’est la prison et si papa pense à nous.
Parler à maman m’a rassuré. Même si c’est grave ce qui arrive, je sais maintenant où est papa. Et du coup, ma patte est moins bleue !
Bientôt, on va aller voir papa, mais il faut encore attendre la permission.
Je décide de lui faire un grand dessin avec toute la forêt en couleur.
Ca y est. Aujourd’hui nous allons voir papa et nous partis vers la ville. Nous arrivons à la maison d’arrêt. C’est comme ça que s’appelle la prison ici. En attendant l’heure de la visite, nous allons à la maison d’accueil des familles. Je rencontre Titou le hérisson. Il est comme moi un peu timide. Mais avec Madame La Taupe qui s’occupe de la maison d’accueil, nous faisons un jeu et le temps passe plus vite.
Madame La Taupe m’explique ce qui va se passer.
« L’endroit où tu vas rencontrer ton papa s’appelle le parloir. Tu pourras l’embrasser, monter sur ses genoux si tu en as envie. A chaque fois que tu reviendras, tu pourras venir me voir pour jouer ou tout simplement parler. »
C’est enfin l’heure de la visite. La prison, c’est une grande maison, très haute, plus haute encore que le plus gros chêne de la forêt de Boizibar, avec une énorme porte en fer et une grosse serrure. Mon cœur bat de plus en plus fort !
La grande porte s’ouvre et tout le monde entre l’un après l’autre.
Dans l’entrée, nous devons mettre toutes nos affaires dans des casiers :
- le sac de maman,
- son téléphone portable
- et même le doudou de Galipette
Un grand hibou, habillé un peu comme un policier, nous dit ce que l’on doit faire. On l’appelle Le Hibou Surveillant. Il est plutôt gentil. Il me demande mon dessin. C’est lui qui le remettra à Papa.
Il faut aussi passer sous un portique, une drôle de grande porte qui se met à faire du bruit si on a des clefs dans la poche. On doit enlever tout ce qui fait sonner pour pouvoir aller plus loin.
Après, nous avançons dans de grands couloirs. Nous passons plusieurs grilles qui s’ouvrent et se referment en faisant beaucoup de bruit. Nous arrivons enfin au parloir où je vais voir mon papa. J’espère qu’il remarquera ma patte bleue et qu’il m’expliquera ce qui se passe.
Nous entrons dans le parloir et papa arrive par une autre porte.
Très vite papa me tend les bras et me prend sur ses genoux. Il remarque tout de suite ma patte.
« Ne t’inquiète pas pour ta patte. Maintenant que tu sais où je suis et que tu es rassuré, ta patte va redevenir toute rousse comme avant.
- Mais papa, quand vas-tu rentrer à la maison ?
- Ce n’est pas mois qui décide quand je vais sortir d’ici. J’ai fait une bêtise et je suis puni. En attendant, il faut que tu patientes. Je sais que c’est difficile mais je compte sur toi mon grand ! »
Le Hibou Surveillant revient et nous dit que le parloir est fini. Je dois quitter papa. C’est vraiment dur ! Je fais des efforts pour ne pas pleurer ?
Depuis, je vais voir souvent mon papa au parloir.
Et puis vous savez qui ? Ma patte est redevenue toute rousse ! Papa avait raison. En fait, les poils de ma patte étaient devenus bleus de peur tellement je me posais des questions. Aujourd’hui, il n’y a plus de mystère de la patte bleue.
Je sais maintenant où est mon papa.
Je sais aussi que lorsqu’on est inquiet : PARLER A QUELQU’UN FAIT BEAUCOUP DE BIEN.
Et puis, j’ai retrouvé aussi mes copains et ma petite sœur coquine qui adore me chatouiller !
UFRAMA
Union nationale des fédérations régionales des associations des maisons d’accueil de famille et proches de personnes incarcérées
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