Claude Grivel, maire de Messein et membre du conseil d’administration de l’association créée par Jacques Lerouge, revient sur ses missions.
- Vous étiez très proche de Jacques Lerouge qui avait débuté sa réinsertion à Neuves-Maisons. Il avait créé l’Aperi [1]. Quel était son objectif ?
- L’association effectue un vrai travail de suivi et d’accompagnement des personnes avant leur sortie de prison pour bien l’organiser et par la suite pour assurer leur réinsertion sociale, personnelle et professionnelle.
- A Charmes, quel type d’établissement devait voir le jour ?
- Jacques souhaitait ouvrir une sorte de maison de retraite spécialisée pour les détenus âgés ou malades. C’était son projet de vie. Voilà des années qu’il plaidait pour qu’on ouvre un foyer afin d’accueillir des condamnés à de longues peines, qui ont parfois 70 ou 80 ans, qui sont malades ou infirmes, et qui vivent en prison dans des conditions d’incarcération très dégradées. Ce dossier a été validé par le ministère de la Justice. Nous avons eu l’assurance la semaine dernière d’un financement de 17 lits médicalisés. Jacques voulait en assurer l’ouverture, puis nous étions en train de préparer la suite. Il pensait avoir accompli son oeuvre...
- Jacques Lerouge a su fédérer autour de lui des politiques de droite comme de gauche ?
- Oui, l’association a été créée en 1999 et il a réussi le tour de force de faire entrer dans son conseil d’administration des hommes et des femmes aussi différents que l’ancien ministre Jacques Floch, les députés Christine Boutin et Emile Blessig ou le président de la commission des lois du Sénat, Jean-Jacques Hyest. Ce sont des élus sensibilisés depuis longtemps aux questions pénitentiaires, notamment après les révélations du docteur Véronique Vasseur. Ils voulaient faire bouger les choses. Ils ont visité des prisons et écouté Jacques. Ils étaient autour de lui pour mener à bien des actions concrètes. J’ai moi-même décidé de l’aider en tant qu’élu local, président de la communauté de communes Moselle et Madon. Il avait une force d’entraînement. Il était capable de faire deux milles kilomètres pour assister à une réunion d’une heure. La prison était sa vie. Nous sommes évidemment tous consternés par ce qui vient d’arriver, car Jacques était le fondateur et le moteur de notre association. »
Propos recueillis par F. M.
Source : Est républicain du 18/02/06