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Visites très difficiles pour Alain Solé : sa soeur témoigne

Mise en ligne : 17 février 2004

Texte de l'article :

Visites très difficiles pour Alain Solé : sa sœur témoigne.

L’une des sœurs du prisonnier politique breton Alain Solé vient d’alerter la Coordination Anti-Répressive de Bretagne sur les énormes difficultés pour rendre visite à son frère qui est en détention "provisoire" [1] depuis quatre ans, quatre mois et quatorze jours.

La surpopulation carcérale à La Santé (Pariz) complique énormément les visites pour l’ensemble des six prisonniers politiques bretons.
"Nous allons le voir normalement le samedi 21 février après-midi.

Mais il y a un hic. Nous avons écrit à Alain pour qu’il réserve un parloir prolongé, et nous devons le confirmer ensuite. Depuis samedi (7 février), nous ne parvenons pas à joindre le service des parloirs engorgé d’appels téléphoniques. Aujourd’hui (11 février 2004), j’ai au moins appelé une trentaine de fois et un de mes frères l’a aussi fait de son côté. J’ai essayé d’appeler le service social à mon secours, mais ils ne sont pas aussi réceptifs qu’à Villepinte, où j’avais un contact particulièrement professionnel avec une assistante sociale qui me réservait mes parloirs.

De plus à La Santé, le premier rendez-vous se prend par téléphone et ensuite il faut s’inscrire sur une borne sur place pour le rendez-vous suivant. En espérant qu’il n’y en ait pas besoin d’autres après le procès, car ça va être coton de réserver des parloirs ensuite."

Notes

Le Comité européen pour la Prévention de la Torture et des peines et traitements inhumains ou dégradants dénonce régulièrement la situation dans les prisons françaises :
"Le rapport publié en janvier 1993 indiquait - j’en parle d’autant plus à mon aise que je ne faisais pas alors partie du Comité - que "les conditions de détention observées aux maisons d’arrêt de Marseille-Baumettes et de Nice laissaient fortement à désirer. Ces deux établissements étaient sérieusement surpeuplés, dotés de programmes d’activités très insuffisants. De plus, les conditions sanitaires et d’hygiène, de l’avis du CPT..." [le Comité européen] "...ainsi que les conditions de détention déplorables dans les bâtiments A et B de la maison d’arrêt de Marseille-Baumettes équivalaient à un traitement inhumain et dégradant. Le degré élevé du surpeuplement à la maison d’arrêt de Nice a conduit le CPT à la même conclusion." La deuxième visite du CPT en France a été relatée dans le rapport de 1996, publié le 14 mai 1998 : "Il appert de ce qui précède que les conditions de détention dans plusieurs parties de la maison d’arrêt de Paris La Santé laissaient grandement à désirer.
Dans les divisions B, C et D, celles-ci pourraient être qualifiées d’inhumaines et de dégradantes."
La surpopulation pénale est donc à l’origine d’un traitement infligé aux détenus qui peut être considéré, à juste titre, comme inhumain et dégradant ; elle n’est bien évidemment pas non plus étrangère à la survenance de plus en plus fréquente d’actes d’auto-agressions (automutilations, tentatives de suicides ou suicides), d’agressions entre détenus, de phénomènes de racket ou d’actes de violence envers les surveillants.
Il faut rappeler, pour conclure, que ces conditions de détention rendues particulièrement pénibles et désocialisantes du fait de la surpopulation sont imposées à des personnes qui, soit sont prévenues et bénéficient à ce titre de la présomption d’innocence, soit condamnées à de très courtes peines et destinées à retourner très rapidement à l’extérieur.
Le paradoxe est latent et paraît à bien des égards choquant. Il est vrai que la gestion des condamnés à de longues peines relève d’une autre logique et exige, on le verra, une véritable réflexion sur le sens de la peine. Il n’en reste pas moins que ce sont les prévenus et les condamnés aux courtes peines qui subissent les conditions de détention les plus rigoureuses et les plus pénibles.

Notes:

[1] "provisoire" : ce qui est temporaire, qui n’est pas destiné à durer