Quelles sont les conditions de vie des détenus
et comment fonctionne leur réinsertion en france ?
Travail sur le CD de Montmédy
par Ambre Gautier et Céline Collot
Introduction
Aujourd’hui, beaucoup de gens ont des idées préconçues sur la prison comme par exemple, la surpopulation, les mauvais traitements, alors qu’elles ne concernent qu’une partie de la population carcérale . De plus, les gens considèrent souvent que les conditions de vie en prison sont restées les mêmes qu’au temps du bagne. Ce qui n’est pas du tout le cas. Il existe différents types d’établissements pénitentiaires : les maisons d’arrêt* où sont placés les prévenus et les condamnés à moins d’un an de prison et les établissements pour peines. Parmi ces derniers, on trouve les maisons centrales* (haute sécurité), les centres pour peines aménagées* (préparation à la sortie des condamnés à moins d’un an de leur libération), les centres de semi liberté* (qui ont pour but que les détenus gardent leur travail) et enfin, les centres de détention* (condamnés entre un et vingt cinq ans de prison). La prison de Montmédy, support de notre travail, est elle-même un centre de détention depuis 1990. Elle accueille actuellement 310 détenus encadrés par 120 membres du personnel. La majorité des détenus est condamnée pour délit de mœurs* (viols, agressions sexuelles) et ceci concerne plus particulièrement les plus de quarante ans. Cependant, on constate une tendance au rajeunissement des détenus. En se démarquant des idées préconçues, on peut donc se demander quelles sont les conditions de vie des détenus et comment fonctionne leur réinsertion en France et plus particulièrement au centre de détention de Montmédy.
Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux conditions de vie des détenus puis, dans un deuxième temps, nous verrons comment fonctionne leur réinsertion. Enfin nous montrerons que ce système de réinsertion présente certaines défaillances.
I Les conditions de vie des détenus en prison
A) Les conditions de vie sont correctes dans les centres de détention tels que Montmédy
Les condamnés détenus dans les centres de détention ont généralement des conditions de vie acceptables. En effet, les cellules sont individualisées, c’est-à-dire que les détenus sont un par cellule voire deux maximum. Il y a donc généralement autant de places que de détenus et le centre de détention doit respecter cette capacité sans la dépasser. Ensuite, les cellules sont ouvertes ( à régime ouvert) toute la journée donc ils peuvent faire ce qu’ils veulent : ils se promènent dans une cour aménagée, ils font du sport, ils travaillent, suivent un enseignement...
De plus, les détenus ont la possibilité de se procurer un téléviseur (À Montmédy, la prison est équipé de Canal Satellite et les prisonniers ayant un téléviseur ont donc accès à vingt chaînes), un ordinateur sans Internet, une radio (dont le système d’enregistrement est déconnecté), etc... par l’intermédiaire de la cantine*. Ils ont donc une certaine liberté d’action et une ouverture possible sur le monde extérieur.
Dans ce même but, les condamnés ont droit à la liberté de culte : des agents de tous les cultes se déplacent plus ou moins fréquemment selon leur disponibilité. Par exemple, à Montmédy, quatre religions sont représentées (catholique, protestante, judaïque et musulmane) par quatre agents du culte (prêtre, rabbin, pasteur et imam).
Les détenus ont comme nous le droit inaliénable à la santé. D’ailleurs, ils sont affiliés au régime de la Sécurité Sociale dés leur incarcération (gratuité des soins). La loi Kouchner du 4 mars 2002 permet au détenu de suspendre sa peine si son état pathologique est incompatible avec le maintien en détention. Cette loi est donc une avancée dans le respect de la vie et pour la dignité devant la mort que la société doit à chacun, y compris aux détenus.
Dans les centres de détention, les condamnés ont aussi droit à maintenir des liens avec les personnes extérieures par l’intermédiaire des parloirs*. Ils ont droit à un parloir par semaine dont le permis de visite est accordé par le chef d’établissement. La visite se déroule sans dispositif de séparation mais avec la présence d’un surveillant pénitentiaire. Il est aussi possible pour les détenus de recevoir des visiteurs de prison hors de la présence d’un surveillant : c’est le cas par exemple pour les avocats. De plus, ils ont la possibilité de téléphoner à leurs proches une fois par mois à leur frais et à la condition que l’interlocuteur soit titulaire d’un permis de visite (à savoir que l’identité du correspondant et le contenu des conversations sont tout de même contrôlés).
B) Elles sont moins convenables dans les maisons d’arrêt.
Dans les maisons d’arrêt, les conditions de vie des détenus sont moins acceptables que celles des condamnés dans les centres de détention. Ils sont pourtant sensés avoir des droits semblables à ceux là. De même, dans les maisons d’arrêt, on doit discerner des droits différents entre prévenus* (36 %) et condamnés* (64 %).
Une grande partie des maisons d’arrêt ont été construites avant 1920, parfois même avant 1830. Celles-ci, en majorité, n’ont pas été normalisées depuis et ne sont donc pas conformes à la sécurité imposée. Par exemple, certaines maisons d’arrêt pratiquent encore l’hébergement en dortoirs et les détenus doivent eux-mêmes préparer leur repas sans hygiène et par manque d’équipement, les plats sont servis froids. C’est le cas à Clairvaux où sont hébergés des détenus dans des dortoirs de six à seize places. Cependant, la majorité des maisons d’arrêt ont individualisé leurs cellules selon l’article D83 du Code Pénal : « Le régime appliqué dans les maisons d’arrêt est celui de l’emprisonnement individuel de jour et de nuit dans toute la mesure où la distribution des lieux le permet et sauf contre indication médicale ». Autrement dit, chaque détenu devrait être seul par cellule. Mais ici, la loi fait encore défaut ; En effet, les cellules accueillent parfois trois à quatre détenus dans des cellules de 9m² ou légèrement plus grandes, équipées de trois lits superposés maximum. Le quatrième détenu doit donc installer un matelas sur le sol pendant la nuit et le replier le lendemain pour pouvoir se déplacer dans la journée. Les prisonniers vivent donc à quatre toute la journée dans seulement 9m² car les cellules sont fermées (contrairement aux centres de détention) :ils ne sortent que lors de leur promenade quotidienne. Ce manque d’espace entraîne souvent des tensions entre les détenus et crée parfois des conflits violents.
Ensuite, les activités au sein des prisons sont très limitées car les maisons d’arrêt sont souvent situées en centre ville et elles manquent donc d’espace (locaux, cours de promenade, équipements sportifs, terrain). De plus, les détenus en maisons d’arrêts n’ont pas le droit au téléphone. Cependant, les détenus en maison d’arrêt peuvent également travailler.
Enfin, alors que les détenus devraient être séparés selon leur statut (prévenus/condamnés) et selon leurs accusations (délit de mœurs/vols/...), ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, un jeune homme de dix huit ans en attente de jugement pour vol de voiture ne devrait pas se retrouver dans la même cellule d’un homme de soixante ans qui a été accusé de plusieurs viols. Cependant, par manque de place, on ne fait pas ou rarement de distinction.
Tous ces inconvénients et ces dysfonctionnements dans les maisons d’arrêt sont dus à la surpopulation carcérale dont parlent souvent les médias. En effet, celle-ci ne concerne que ce type d’établissement pénitentiaire car les centres de détention et autres établissements pour peines doivent obligatoirement respecter leurs effectifs. Parfois, ce taux de surpopulation est très important ; Ainsi, la maison d’arrêt de La Roche sur Yon avait un taux d’occupation de 278 % en janvier 2004.
II L’espoir d’une réinsertion
A) Dans les centres de détention, des structures sont mises en place pour faciliter la réinsertion des détenus qui ont alors un espoir de réinsertion future dans la société, dont le travail.
Pendant leur détention en centre de détention (mais aussi en maison d’arrêt), les prisonniers ont la possibilité de travailler dans des ateliers ou aux services généraux (nettoyage des locaux,...). Ils peuvent aussi suivre des formations rémunérantes. Ainsi à Montmédy, ils sont 110 sur 310 à être occupés aux ateliers, 54 aux services généraux et quatre sont formés et rémunérés. De plus, seize détenus suivent des cours scolaires à la maison familiale de Stenay.
Tous les détenus sont autorisés à travailler (sauf les plus dangereux) mais ce n’est pas obligatoire. Les travailleurs ne nécessitent pas de qualification particulière pour assurer leurs emplois car ce sont des travaux assez simples (confection de cintres, ensachages, confection de pots pourris). La prison de Montmédy a à sa disposition assez de locaux pour mettre en place ces ateliers. Les détenus travaillent six heures par jour et cinq jours par semaine : ils ont donc les mêmes droits qu’à l’extérieur. À Montmédy, ils travaillent de 7h30 à 13h30 pour pouvoir pratiquer leurs activités dans l’après midi.
Leur travail est bien entendu rémunéré, sept à onze euros par jour et ceux qui suivent des formations rémunérantes sont payés 120 euros. Ces salaires représentent 45 % du SMIC (Salaire Minimum d’Insertion Professionnelle) de l’extérieur, ce qui est un avantage pour les entreprises qui les emploient puisqu’elles les payent beaucoup moins que les travailleurs non qualifiés de l’extérieur et qui se retrouvent donc au chômage. Par contre dans les ateliers, les détenus sont payés à la tâche. Ces revenus sont placés sur des comptes nominatifs dans le service de comptabilité de la prison qui les gèrent. Ce compte est divisé en trois parties : 10 %¨du revenu est consacré aux parties libération (c’est à dire que l’argent placé ici ne sera rendu au prisonnier qu’à sa sortie de prison) et parties civiles (destiné à rembourser les dommages et intérêts aux victimes). Le reste du revenu est mis à la disposition des détenus pour qu’ils puissent s’acheter ce dont ils ont besoin à la cantine*.
Les détenus ont aussi accès à des cours du niveau collège ou BEP. Ce sont des professeurs de matières générales agréés par le ministère de l’Éducation Nationale des établissements scolaires alentour qui assurent ces cours. À Montmédy, ces cours se passent dans une salle particulière assez petite et équipée modestement. Les détenus sont une dizaine au début mais l’effectif des classes régresse assez vite au cours de l’année jusque trois élèves. Certains sont obligés de suivre ces cours car ils suivent une formation qui les y invite (BEP agricole, CAP). D’après un professeur d’histoire-géographie travaillant au centre de détention de Montmédy, la plupart des détenus qui vont à l’école en prison trouve un emploi plus facilement par la suite à leur sortie.
Le travail et les formations que proposent les établissements pénitentiaires faciliteraient donc la réinsertion des détenus qui en profitent.
B) D’autres actions facilitent la réinsertion des détenus
Tout d’abord, celles-ci ont lieu durant leur détention. Des stages rémunérés sont mis en place dans le but de préparer leur sortie de prison : apprendre à rédiger un CV (Curriculum Vitae), définir un projet... les formateurs donnent aussi un maximum d’informations sur les métiers qui intéressent le plus les détenus.
Ceux-ci ont également accès aux parloirs le week-end et les jours fériés sauf les mineurs qui peuvent en bénéficier plus souvent. Ainsi, les détenus peuvent garder des liens avec l’extérieur et plus précisément avec leur famille.
Ils sont autorisés à acheter, par l’intermédiaire de la cantine, des radios, des télévisions, etc... pour s’informer sur l’extérieur. De plus, ils peuvent accéder à la bibliothèque pénitentiaire pour lire des ouvrages et se cultiver.
Enfin, les détenus peuvent consulter des psychologues et des psychiatre selon leurs besoins, ce qui peut les aider à réduire leur peine. En effet, les détenus peuvent bénéficier d’un aménagement de peine (ou liberté conditionnelle*) selon leur comportement. Ces remises vont jusqu’à cinq mois par an. Moins les détenus auront passé de temps en prison, plus leur réinsertion en sera facilitée.
En plus, des conseillers de probation et d’insertion sont là pour les guider pendant et après la détention. En effet, un CIP (conseiller d’insertion et de probation) a pour mission de favoriser la réinsertion sociale des personnes condamnées pour maintenir les liens familiaux des détenus, de prévenir les effets désocialisants de l’incarcération, et assurer l’aide aux sortants de prison. C’est ainsi que nous avons décidé de faire les démarches nécessaires pour rencontrer Flore D (CIP du centre de détention de Montmédy). Ainsi, les membres du SPIP travaillent au sein de la prison en contact direct avec les détenus, et également à l’extérieur en s’occupant des anciens détenus, des condamnés à sursis et aux travaux d’intérêts généraux.
Il existe aussi des centres pour peines aménagées qui visent à améliorer la prise en charge et la préparation à la sortie des condamnés à de courtes et moyennes peines, à moins d’un an de leur libération. Plus rarement, le Ministère de la Justice expérimente la surveillance par bracelets électriques des anciens détenus.
III Les défaillances de la réinsertion
A) Les défaillances de la réinsertion sont dues à plusieurs causes.
On parle beaucoup de réinsertion des personnes détenues : on devrait d’abord parler d’insertion car de nombreuses personnes mises en prison ne sont réellement pas bien insérées dans la société avant leur incarcération : elles sont issues pour la majorité de l’immigration et ne parlent donc pas bien le français. De plus, elles ont souffert dans leur passé (souvent dans leur enfance) de carences éducatives, affectives et de problèmes psychosociaux qui ne leur ont pas permis d’avoir une trajectoire normale de vie, d ‘où davantage de difficultés pour se réinsérer après un séjour en prison. Bien que plus d’actions soient réalisées afin de faciliter leur réinsertion, celles-ci connaissent également des défaillances, dont les causes sont multiples.
Tout d’abord, cela est du à un système pénitentiaire pas forcément efficace. Le surpeuplement en maison d’arrêt en fait partie ; Deux à cinq hommes vivent 22h/24 dans une cellule de 9m2, alors que la loi prévoit des cellules individuelles. Une réinsertion est-elle concevable dans ces conditions ? La violence du milieu carcéral détruit et n’aide pas à la reconstruction.
Ensuite, la mentalité des personnes extérieures joue également en leur défaveur. Le regard porté sur un détenu et les préjugés affaiblissent moralement et mentalement les ex-détenus.
Cependant, il faut le reconnaître, les défaillances de la réinsertion ont également pour cause les détenus eux-mêmes. La réinsertion passe par la prise de conscience de son acte, en prison, ce qui est difficile pour certains : en effet, beaucoup s’exilent et refusent toutes les activités proposées comme travailler, étudier... Or, ces “ occupations ” constituent un bon moyen de réinsertion car le travail fait partie de la vie. Par exemple, au centre de détention de Montmédy, 40% des détenus n’occupent aucune sorte d’ “ emploi ”, or le chômage frappe aujourd’hui près de 10% de la population active. Alors s’ils ne profitent pas de cette possibilité de travailler en prison, comment se débrouilleront-ils pour trouver un emploi à l’extérieur. De plus, certains détenus ne souhaitent garder aucun contact avec des proches de l’extérieur. Cela ne joue également pas en leur faveur. Si certains détenus n’y mettent pas du leur et n’essayent pas de garder un lien avec la réalité extérieure, leur réinsertion sera d’autant plus difficile.
B) Ces défaillances ont de nombreuses conséquences.
Plusieurs études montrent que les détenus sortent de prison sans aucune ressource. En effet, 30 % d’entre eux se retrouvent sans argent, sans emploi et sans abri. Un cinquième ont moins de huit euros en poche à la fin de leur incarcération et un tiers se retrouvent seuls. Ainsi, les anciens détenus deviennent souvent SDF (Sans Domicile Fixe) et chômeurs. L’ANPE, qui intervenait au sein de l’établissement pénitentiaire pour préparer la sortie et le retour des détenus sur le marché du travail, ne dispose d’aucun outil pour suivre les détenus à la sortie. D’ailleurs, l’agence ne rencontre qu’un sortant sur cinq.
De plus, on a remarqué que les personnes détenues étaient souvent issues de la pauvreté. Or, le système pénal est incapable généralement de les en sortir ; D’après le sociologue Serge Paugam, un tiers des personnes en grande difficulté économique ont déjà séjourné en prison sans que leur situation ne s’améliore pour autant à leur sortie.
Dés leur incarcération, les détenus sont déjà exclus : certains sont dans l’impossibilité d’acheter ce que l’administration pénitentiaire ne fournit pas : cigarettes, télévision, nourriture de leur choix. Cette situation produit une grande détresse chez les détenus et une humiliation par rapport aux autres. Cette pauvreté produit en détention la violence, le racket, la révolte contre l’institution qui se reproduiront à la sortie dans la société.
Ainsi, le nombre de récidivistes augmentent constamment et leur propagation est importante parmi les sortants. En effet, 60 % des sortants de prison auront de nouveau affaire à la justice dont 40 % retourneront en prison dans les cinq ans après leur libération. De plus, les récidivistes commettent souvent des fautes bien plus graves que lors de leur incarcération précédente.
Les sortants de prison n’ont plus aucun droit civil après leur libération : ils n’ont plus le droit de voter, d’ouvrir un commerce, d’occuper un poste à responsabilités et cela normalement pendant six ans mais souvent, les patrons n’acceptent pas d’employer un ancien détenu même s’il a purgé sa peine depuis longtemps. De plus, si un ancien détenu tente d’ouvrir un commerce, les gens seront trop méfiants pour y aller.
En outre, on remarque une augmentation importante des suicides dans les prisons mais aussi parmi les anciens détenus. En effet, ceux-ci étant mal réinsérés (plus de famille, plus de travail, plus de logement), ils sombrent vite dans le désespoir, alcoolisme, drogues,...qui les conduisent à la récidive.
Ainsi, les sortants de prison se sentent définitivement exclus de la société et ne peuvent retrouver une situation assez stable que des années après leur libération. Peu d’anciens détenus retrouvent une vie normale à leur sortie de prison.
Conclusion
Dans un premier temps, nous avons vu que les conditions de vie des détenus différaient selon les établissements pénitentiaires, notamment entre les centres de détention et les maisons d’arrêt, comme par exemple au niveau de l’hygiène, des activités,.... Les centres de détention ont en effet des conditions de vie plus tolérables que dans les maisons d’arrêt qui, parfois, ne respectent pas certaines normes d’hygiène. Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressées aux efforts faits pour faciliter la réinsertion des détenus essentiellement avec le Travail proposé en prison, la formation scolaire et professionnelle , et surtout les conseillers d’insertion et de probation qui encadrent les prisonniers et assurent leur réinsertion dans la vie sociale et active. Enfin, nous avons montré que le système de réinsertion présentait quelques défaillances à cause du système pénitentiaire mais que c’est aussi de la faute des détenus ou de la population civile. Cette mauvaise réinsertion entraîne souvent des conséquences dramatiques chez les anciens détenus avec par exemple la récidive, mais aussi le chômage voire, dans le pire des cas, le suicide.
La prison est en fait une parenthèse dans la vie qui, contrairement à l’écriture ne dure pas quelques secondes mais parfois quelques années et qui coupe ensuite le détenu de tout rapport extérieur. Les Français estiment que les prisonniers méritent leur situation en prison mais connaissent-ils réellement les conditions de vie des détenus ? En effet, peu de gens savent comment vivent les détenus et même si ceux-ci ont commis des délits ou des crimes parfois impardonnables pour nous, personne ne mérite de vivre dans des conditions parfois si précaires au niveau de l’hygiène. En effet, est-il normal et juste qu’une personne encore présumée innocente (un prévenu) vive dans les mêmes conditions qu’un condamné, alors que cette personne est peut-être innocente ?
BIBLIOGRAPHIE
LEXIQUE
ANNEXES
I) Synthèse des interviews accordées par des professeurs
Le mardi 16 novembre, nous avons pris rendez-vous avec Madame B, professeur de français au collège Jean D’Allamont de Montmédy, donnant également des cours à certains détenus du centre de détention de Montmédy depuis une dizaine d’années.
L’effectif de ses classes varie de 10 élèves en début d’année à 3, ce qui est relativement négligeable en comparaison avec le nombre de détenus total. Ces détenus viennent en majorité pour la préparation de diplômes tel que le B.E.P, C.A.P., et une minorité vient volontairement. Par conséquent, ils sont plus ou moins motivés pour réussir. Mme B enseigne dans une salle particulière deux heures par semaine et n’a aucun lien avec les détenus extérieurs à ses cours. Ce qui l’a déjà intéressé dans ce métier, c’est le fait de travailler avec des personnes qui ont besoin d’être soutenu pour essayer de les remettre dans le droit chemin, mais aussi pour apprendre à se contrôler : on ne peut se permettre n’importe quoi envers les détenus, il faut apprendre à contrôler ses limites, ne pas s’énerver... Alors qu’au début, elle était enthousiaste, Mme B a vite perdu ses illusions et s’est rendue compte que son travail n’intéressait qu’une infime partie des détenus, et qu’elle n’était qu’une « goutte d’eau » pour la réinsertion des détenus.
Le jeudi 16 décembre, nous avons rencontré Monsieur B, professeur d’Histoire géographie au collège Alfred Kastler de Stenay, qui enseigne depuis quelques mois au centre de détention de Montmédy
Comme Mme B, l’effectif de ses classes est relativement faible. Il donne des cours de deux heures par semaine pour deux classes : l’une adaptée aux B.E.P où ils sont 8 détenus, et l’autre basée sur le volontariat des détenus (de 10 à 5).
Contrairement à Mme B, son rôle lui paraît fondamental pour la réinsertion des détenus. En effet, Mr B garde beaucoup d’espoir au sujet de l’avenir des détenus qui participent à son cours. Il a donc une vision beaucoup moins réaliste que Madame B.
Pour conclure, la Prison fait perdre beaucoup d’espoir au fur et à mesure des années et fait prendre conscience de la réalité assez pessimiste de la réinsertion des détenus.
II) Carte de France de CD/Ma
III) Témoignage d’ancien détenu ayant créé une association
IV) Dossier "classification des établissements pénitentiaires" (source ENAP)
V) dossier "réglement intérieur : les droits et les devoirs de la personne détenue"( source ENAP)
VI) témoignages portant sur la réinsertion vus par des détenus
« Dehors, tout était à reconstruire. Il a dû regagner la confiance de sa famille et de ses amis, se débarrasser de la drogue. Il a eu la chance de trouver un travail dans une boucherie - il a passé son diplôme de boucher en prison - une semaine après sa libération. Sa tutrice Hester, une femme imposante et pleine de vie, y est pour quelque chose. François la considère d’ailleurs un peu comme sa sœur. En liberté conditionnelle, François doit passer toutes ses soirées et ses nuits dans son nouveau chez lui provisoire. Il a toutefois pu un peu aménager ses horaires en fonction de son travail de boucher qui lui impose de quitter la maison très tôt. « Maintenant, mon rêve est de trouver une maison, une femme et de fonder une famille », insiste François, le sourire en coin. »
« Son jugement, le 23 décembre, lui a affligé 18 mois dont 10 avec sursis, ça va, il s’en est bien sorti. Puis il a été gracié, et il est sorti le 3 janvier à 8h... mais ce n’est plus le même.... Il est presque agressif, toujours sur la défensive. Je ne sais plus comment agir avec lui. Il n’est jamais à la maison, et moi il me délaisse complètement, alors que jamais je ne l’ai laisser tomber... Ces 8 mois d’enfermement l’ont achevé.... »
« La prise de conscience inflige à toute personne douée de réflexion personnelle bon nombre d’émotions, pour ma part, elles sont légion ! Mais malgré cela, il n’est pas aisé de trouver les mots justes pour faire comprendre aux personnes envahies et éblouies par les mensonges journalistiques ce qu’est vraiment le monde carcéral ; ce monde froid et misérable, ce monde injuste et injustifié. La crainte d’une incompréhension probable face aux problèmes et injustices qu’entraînent la prison, l’évidente frontière comme des murs érigés trop hauts pour mieux entretenir l’ignorance entre deux mondes : le « notre », celui qui m’a amputé de ’quasi- 4 ans de ma vie et dont vous faites partie compagnes et compagnons de la mistoufle, lequel a été bâti dans celui des « autres » dont je fais partie maintenant mais dans lequel je me sens totalement étranger, bien que ce dernier se dise libre. »