Le 7 juillet 2005 prochain, Georges Cipriani apprendra que sa demande de libération conditionnelle est rejetée. Il ne faut pas être devin pour anticiper la réponse du tribunal de grande instance de Colmar. Le procureur s’étant déjà opposé à la possibilité d’ouvrir une cage cadenassée depuis plus de dix-huit ans.
Ils sont cinq à être enfermés à perpétuité pour avoir commis :
les assassinats du Pdg de Renault, Georges Besse, tué par balles le 17 Novembre 1986, de l’inspecteur général de l’armement René Aubran, abattu le 26 janvier 1985,
les tentatives d’assassinat sur les personnes du contrôleur général des armées Henri Blandin (juin 1985) et du vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF) Guy Brana (avril 1986)
les attentats contre les locaux d’Interpol et ceux de l’Union de l’Europe occidentale (mai 1986). Au nom de la lutte contre l’impérialisme.
Ce sont les membres d’Action Directe.
Régis Schleicher, le pur et dur force le respect par sa cohérence. Jean-Marc Rouillan, le poète décalé à l’acuité altruiste, souffre d’un cancer. Nathalie Ménigon, l’oisillon décharné, partiellement hémiplégique à la suite d’accidents vasculaires cérébraux, se mutile dans l’indifférence générale. Quant à Joelle Aubron dotée d’un crabe rongeur au cerveau, elle a bénéficié de la loi Kouchner et vit en apnée, encagée à l’extérieur. Pour ses derniers râles.
Des barreaux, toujours des barreaux.
Le suicide lent.
C’est la seule réponse de la Justice à un engagement politique qui a tenté de poser un autre regard sur la Société.
Surveiller et punir dans les pires conditions ?
Georges Cipriani, a aujourd’hui 54 ans. A l’époque il en avait 36. Deux âges clefs traversés dans l’urgence, goupille en transe.
En 1993, il est transferé de la Maison d`Arrêt de Fresnes au quartier fermé de l`hôpital psychiatrique Colin-Villejuif. Il y baigne dans Loxapac, neuroleptique injecté de force et contre sa volonté, en doses extrêmes. La strangulation chimique se substitue à l’isolement du cercueil carcéral. Des pas sur place. Des kilomètres dans la tête.
L’esprit de Georges Cipriani fugue et perd la notion du temps, de l’espace et de la peine purgée. La rumeur dit qu’il sombre dans la folie et qu’il nage dans ses excréments. La rumeur est une fille facile et bien naïve.
Par le jeu commun pervers de la psychiatrie et des autorités chargées de la sécurité, une tentative de destruction d’intégrité se joue dans l’arbitraire, à l’aube des matins gris peau de souris.
Dehors, les gens respirent. La liberté est un luxe. C’est facile de mordre le macadam quand d’autres, épinglés au trou, se sont investis corps et âme pour une tentative de mieux être : un monde plus équitable.
Cette fameuse ligne blanche à ne pas franchir et l’autisme accommodant qui s’ensuit.
Tous les membres d’Action Directe ont subi ou subissent encore des conditions de détention similaires à la torture mentale : années d’isolement total, surveillance accrue, visites réduites, humiliations, courriers disséqués etc...
Depuis leur interpellation, ils sont victimes d’un ensemble de mesures mis en place ou utilisé par l’Etat en vue de leur anéantissement.
Qui se soucie réellement de ces ombres révélatrices ?
Sachant que chaque prison en France se targue de règlements différents ou d’absences de règlements et que la vie quotidienne d’un établissement pénitentiaire n’est que le reflet de la personnalité de son directeur, il n’est pas difficile d’imaginer les dérives administratives. Le bon vouloir de celui qui exerce l’autorité...
La sphère du droit s’y trouvant sérieusement compromise. 1,2,3 nous irons au bois.
En tant que militant politique, Georges Cipriani clame « qu’il n’a aucun repentir ». C’est son regard, son choix. Il a payé sa dette à cette société pour le sang versé. Il croupit actuellement toujours en prison pour ses idées. Personne n’a le droit de lui demander de baisser son pantalon et de trahir ses convictions. Le sucre d’orge de la liberté ne doit pas passer par le chantage au déni.
Opter pour la lutte armée est un chemin qui traverse aussi les zones du doute et je ne crois pas que l’être humain en sorte indemne. L’antienne obsédante squatte les songes et finit toujours par obtenir son rendez-vous. On ne répare pas la mort.
Que la justice ne réserve pas un traitement d’exception aux membres d’Action Directe et qu’elle applique la loi. La liberté conditionnelle existe. Elle doit être appliquée.
La justice ne doit pas être le bras armé et déshumanisé de la vengeance de l’Etat.
Elle doit comprendre l’exégèse du pourquoi de la violence et des actes terroristes et non pas l’occulter en barricadant ses portes. Sous peine de les faire sauter. Plus violemment.
Source Site de franca maï